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Les flibustiers de la mer chimique, Futur qui pique

En Septembre est sorti Les flibustiers de la mer chimique chez Albin Michel Imaginaire, et il faut avouer que je savais pas trop à quoi m’attendre. On parle de post-apocalypse, de piraterie, mais il fallait vraiment plonger pour se faire un avis. Voilà qui est fait, je remonte à la surface pour vous donner mon ressenti après ma petite douche désinfectante.

Ismaël est un naturaliste pour Rome, mais il est échoué sur un radeau et ne doit son salut qu’à l’intervention du Player Killer, un sous-marin qui peut braver les mers et les océans acides et pollués qui rongeraient tout autre navire. Mais Ismaël est maintenant prisonnier de l’équipage du PK, et va devoir accompagner leur capitaine un peu barré vers son mystérieux commanditaire. Sur la terre ferme, Alba est une grapheuse, dernière de son clan qui incarne la mémoire collective des humains, elle va être enlevée par les étoilés pour être ramenée à la Métareine de Rome, qui a un projet pour elle.

Il faut un peu de temps pour rentrer dans Les flibustiers de la mer chimique. Ses deux points de vue, Ismaël et Alba, sont narrés à la première personne et nous immergent directement dans cet univers post-apocalyptique où l’humain ne peut plus mettre un orteil dans l’eau sans le regretter amèrement. Les eaux sont acides et empoisonnées, les animaux ont muté pour s’adapter et les plus grosses bestioles sont remontées pour s’amuser un peu à nous défoncer la gueule. Sur Terre c’est pas mieux, la plus grosse menace c’est les meutes de chiens mutants qui se regroupent et attaquent à la moindre occasion, y’a des guerres entre plusieurs clans, et toute une histoire qui se cache derrière. Et tout ça on le découvre sur le tas, à travers les parcours de nos deux protagonistes qui vont nous faire visiter progressivement ce petit paradis. On va y parler bien évidemment d’écologie, de nos responsabilités et de la place de l’humain dans ce gros foutoir qu’est le vivant sur Terre, de survie, de transhumanisme, de croyances.

Pendant une grosse partie du roman, Ismaël et Alba restent dans deux trames séparées, et sont finalement assez passifs, c’est peut-être le seul vrai défaut que j’ai trouvé à ma lecture, les deux se laissent un peu balader par les évènements sans trop prendre l’initiative, je préfère souvent avoir des protagonistes qui prennent les choses en main. Là on se laisse promener, et c’est souvent Jonathan, le capitaine du Player Killer, qui semble mener la barque dans tous les sens de l’expression. Mais heureusement pour nous, la découverte de cet univers est assez riche et foldingue pour tenir lectrices et lecteurs accrochés à ses pages. Le monde mis en place par Marguerite Imbert est par beaucoup d’aspects un univers post-apo classique avec ses clans aux idéologies très marquées, ses conflits entre survivants pour les ressources, etc… Mais y’a quelque-chose dans le ton, dans les détails, qui rend tout ça frais, piquant et fun.

Tout ça passe surtout par les personnages complètement barrés, entre Alba qui arrête pas de partir dans tous les sens en parlant toute seule et Jonathan qui gère son sous-marin comme un ado devenu le capitaine Crochet de ses fantasmes (ce qui est le cas, techniquement), on s’amuse beaucoup dans ce roman. J’ai souvent eu un feeling façon Karim Berrouka (avec moins de crètes sur la tête mais quand même un côté punk dans l’âme) en lisant Marguerite Imbert, y’a ce même art du délire, du contre-pied et du langage fleuri qui a l’air de raconter n’importe quoi mais nous en dit beaucoup, ces personnages qui foncent dans le tas par conviction et par désir de pas se laisser faire par le destin. Les flibustiers de la mer chimique a ce côté fun rafraichissant, on prend beaucoup de plaisir à explorer tout ça même si on a un peu de mal à voir où ça va.

Et puis, à un moment, on voit où ça va. Les 50 dernières pages recentrent l’intrigue de manière admirable pour décanter ce bouillon de n’importe quoi, et on s’aperçoit que finalement, c’était pas si n’importe quoi que ça. Dans tout ce délire, l’autrice a réussi à placer suffisamment d’information dans les coins pour nous donner petit à petit une compréhension de l’univers, des forces en présence et de leur passé. Elle a donné du sens à son bouquin derrière son air déconneur et farfelu. Donc quand elle rassemble tout ça pour donner un dénouement à son aventure, on comprend, on resitue, et on ne peut que saluer la minutie avec laquelle tout ça a été construit et disséminé. On s’est laissé embarqué dans cet univers et si, pendant longtemps, on a l’impression de pas saisir tous les détails, que beaucoup de choses nous échappent, on comprend qu’on a tout ce qu’il faut pour mener ce voyage au bout. Il y aurait encore beaucoup à explorer et on espère que Marguerite Imbert reviendra à cet univers, mais en soi on a déjà vécu une belle aventure et on s’est bien amusés.

Lire aussi l’avis de : FeydRautha (L’épaule d’Orion), Boudicca (Le bibliocosme), Sometimes a book, Ombrebones, Tigger Lilly (Le dragon galactique), Célinedanaë (Au pays des cave trolls), Le nocher des livres, La geekososphe, Zina (Les pipelettes en parlent), Feygirl,

Couverture : Sparth
Éditeur : Albin Michel Imaginaire
Nombre de pages : 464
Date de sortie : 28 Septembre 2022
Prix : 22,90€ (broché)

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Cet article a 11 commentaires

  1. belette2911

    Rhôô, encore un que je voulais lire et puis, je n’ai pas eu le temps !! :/

      1. belette2911

        Nom de Zeus, nous avons été maraboutés !! 😆

  2. Lutin82

    Ah! mais en voilà un qui est dans ma PAL -depuis peu – et qui va bientôt être lu. J’espère qu’il va me plaire!

  3. OmbreBones

    Merci pour le lien ! Je suis ravie de lire que tu as aimé toi aussi

  4. Zina

    Très jolie chronique !

  5. zoelucaccini

    Ton retour me fait voir ce titre autrement, je garderai certaines de tes phrases en tête quand je le reprendrai.
    J’ai tenté, lutté, vraiment, toute une semaine sur ce bouquin. 6 jours plus tard, peinant à arriver à la page 100 en poussant mille soupirs et en faisant autant de grimaces, je l’ai mis de côté.
    Avec un soulagement non feint 😐
    Clairement, l’art du délire et le côté fun rafraîchissant je suis passée à côté; alors j’ouvrirai autrement l’œil quand je le reprendrai pour lui redonner une chance.

  6. Sabine C.

    Il est dans ma pàl (avec une palanquée d’autres bouquins qui n’attendent que d’être lus TT^TT). Il a l’air bien fun/barré donc j’y viendrai :D.

  7. Lullaby

    Il faudra vraiment que je le lise, celui-ci ! Plus j’en entends parler, plus il me tente. Merci pour ton retour.