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La citadelle de papier, Suivre le rythme

Le mois dernier, Camille Anssel m’a proposé de recevoir un exemplaire de son roman La citadelle de papier paru aux éditions Ex Aequo. Je ne connaissais ni l’auteur, ni la maison d’édition, le roman était pas très long, c’était donc l’occasion de découvrir tout ça.

Eda Kingsern est une voleuse et assassine qui traine sa carcasse dans les ruelles mal famées de Mélua. Ses addictions ne l’empêchent pas de faire son boulot correctement mais la drogue la met parfois dans des situations compliquées. Quand elle est approchée par un commanditaire pour organiser une évasion de la prison de la ville, on sent que la subtilité ne fera pas vraiment partie du plan. Epaulée par un garde du corps extrêmement compétent, un alchimiste qui fabrique des bombes sous le manteau et un orphelin, Eda se lance dans cette mission avec toute la subtilité qu’on lui connait, mais ça ne sera que la première étape d’un plan plus vaste qui va lancer notre équipe sur les routes des terres désolées.

Dès le début du roman, j’ai été frappé par le rythme. J’ai été percuté par le rythme, plutôt. La citadelle de papier est un roman a multiples points de vue comme on en voit beaucoup dans le genre, et chaque chapitre nous change de perspective. La particularité de ce bouquin-là est que les changements de chapitre se font à un rythme dingue, toutes les 1 à 3 pages on change de personnage et ça demande une gymnastique mentale qui surprend, et on frôle la crise d’épilepsie narrative à plusieurs moments. Heureusement, l’auteur utilise souvent ce procédé pour donner plusieurs points de vue de la même action, on ne change pas de contexte à chaque fois, et une fois qu’on a chopé le truc, on arrive à suivre la logique. Prévoyez quand même une petite camomille à portée. L’autre conséquence de ces changements de chapitre c’est que le bouquin a beaucoup de blancs, chaque changement de chapitre implique un saut de page, et les 320 pages se révèlent beaucoup plus aérées que prévu, donc on lit le bouquin très très vite.

Dans le fond, le roman est de la fantasy « à capuche » efficace qui rassemble un groupe hétéroclite pour monter un « coup ». On a l’assassine bad-ass bourrine, le garde du corps aux capacités quasi-surnaturelles, le diplomate, l’enfant des rues tout crado et le vieil alchimiste. La narration en ping-pong permet de créer des relations rapidement et de s’attacher à ce petit monde, une fois qu’on s’est habitué à la cadence. Le casting est pour moi mi-figue mi-raisin, j’ai trouvé Eda froide, caricaturale et pas du tout attachante, mais Kervel a réussi à devenir très sympathique grâce au contraste entre ses compétences de guerriers et sa niaiserie amusante. Plus tard on va croiser Aramis, un guide jovial qui va s’intégrer au groupe, il va beaucoup jouer dans l’ambiance de camaraderie et l’attachement du lecteur à l’ensemble, et c’était très réussi pour moi.

On lit La citadelle de papier très rapidement, sans déplaisir une fois qu’on s’est habitué à la narration, mais quelques semaines après je peine à me rappeler des évènements pour vous en parler, et en soi ça veut bien dire quelque chose. Classique, attendu, ce roman est un divertissement tout à fait honorable mais ne marque pas vraiment. On a l’impression que l’auteur affine sa plume mais cherche encore son univers, quelque chose à raconter qui pourrait sortir son épingle du jeu. Y’a quelque-chose là-dedans, des fulgurances au niveau des personnages et des interactions, des moments touchants, de l’action qui fonctionne à merveille, de la tension, mais ça passe beaucoup trop vite pour nous laisser baigné dedans. On a pas le temps de peser les enjeux qu’on est déjà passés à autre chose. Cette rapidité implique aussi que l’univers est assez classique, on développe pas de particularité marquante au niveau worldbuilding, Mélua est une ville de fantasy, y’a des pauvres et des riches, des criminels, un complot, pif paf pouf, ça fait de la fantasy.

Si vous cherchez un divertissement fantasy rapide, du tourne-page familier efficace pour se vider la tête après trois pavés de 900 pages, La citadelle de papier de Camille Anssel fait le job. C’est fun, rapide, ça reste dans les clous du sous-genre « crapule-fantasy ». On sent un potentiel se développer chez l’auteur, tous les outils sont là pour passer à l’étape suivante et nous proposer une aventure plus marquante, mais pour le moment ça manque pour moi de quelque chose pour transformer l’essai.

Roman reçu en Service Presse de la part de l’auteur, merci à lui

Couverture : Laura Gerlier
Éditeur : Ex Aequo
Nombre de pages : 324
Sortie : 28 Septembre 2022
Prix : 23€ (broché) / 3,99€ (numérique)

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Cette publication a un commentaire

  1. OmbreBones

    23 euros pour 324 pages qui n’est en plus pas une traduction, ça pique un peu quand même jamais entendu parler de ce roman et c’est plus trop ma tasse de thé mais ça aurait grave plut à ma moi ado.