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The jasmine throne, L’eau qui brûle

The jasmine throne est le premier tome en VO de la trilogie Burning Kingdoms par Tasha Suri, suivez ce lien pour aller sur la page de la série.

C’est toujours agréable de découvrir un roman de fantasy dans un univers qui s’écarte un peu de la traditionnelle médiévalitude européenne, mais nous l’avons vu à plusieurs reprises en 2021 (, ou là, ou là, on y reviendra), c’est pas non plus la garantie d’un livre passionnant même si ça fait un argument marketing. On continue pourtant d’explorer les propositions du genre, est-ce que The Jasmine Throne de Tasha Suri va réussir à amener plus que son univers inspiré d’Inde et sa couverture magnifique ?

Malini est la sœur de l’empereur, mais parce qu’elle a le culot de refuser de s’immoler par le feu pour se purifier, le frérot l’enferme dans un ancien temple tout pourri, le Hirana. Priya est une servante au mahal du régent local, mais elle est aussi survivante du massacre des enfants du temple Hirana, un des lieux sacrés du peuple conquis par l’empire de Parijatdvipa. Priya va être nommée au service de la princesse Malini pendant son isolement, leur rencontre va faire renaitre l’espoir pour l’une comme pour l’autre.

The jasmine throne est donc une fantasy d’inspiration indienne, et c’est fait assez subtilement dans le sens où on pose pas des éléphants et des Shiva dans le fond pour faire style. Là y’a vraiment un travail plutôt axé sur les détails, les tenues, le vocabulaire, l’environnement, qui nous installe cette ambiance. L’un des principaux systèmes de magie est la « deathless water », une eau sacrée dans laquelle les adeptes s’immergent pour « renaitre », reflétant ainsi l’importance de l’eau dans les croyances Hindoues mais c’est couplé avec un pouvoir lié à la forêt. L’empire, enfin surtout l’empereur, y oppose un culte du feu assez timbré où il veut cramer les femmes pour les purifier, donc on a cette dualité entre les deux éléments mais aussi d’autres croyances, comme celle où les vrais noms des adeptes sont secrets et prophétiques.

Tout ça nous pose une excellente ambiance qui permet de dérouler l’histoire de Malini et Pryia. Ces deux personnages m’ont captivé, elles ont un développement subtil qui nous dévoile les secrets de chacune petit à petit, et elles ont chacune un type de « force » différente, et une personnalité complexe. C’est rigolo parce qu’on part du cliché absolu de la princesse coincée dans sa tour, mais ça fonctionne vachement bien. Leur relation évoque beaucoup le schéma du Prieuré de l’oranger, vu qu’il y a une rencontre, et une romance, entre une princesse et une servante qui cache des secrets mystiques. J’ai trouvé l’aspect romance très réussi, équilibré et progressif tout en étant bien intégré aux enjeux de l’histoire. Elle est un des moteurs du roman, mais l’autrice ne s’appesantit pas dessus de manière excessive, on est sur une relation crédible et touchante.

Le cœur de l’histoire c’est une lutte de pouvoir à la tête de l’empire et une rébellion qui vont converger. On reste très proches de nos deux protagonistes sur une majorité du bouquin avec une narration intimiste, mais on perçoit quand même la situation politique qui commence à bouger en coulisse pour vraiment exploser en dernière partie de roman. On prend son temps pour s’attacher à Priya et Malini, comprendre leurs enjeux respectifs, avant d’ouvrir les portes et d’envoyer la grosse artillerie. Le livre prend son temps, ne se précipite pas, et j’ai beaucoup apprécié ce rythme, cette manière d’amener les choses doucement.

On a un empire conquérant, et un peuple conquis. Les Ahiranyi sont méprisés par les castes dirigeantes, leur culture s’efface petit à petit et une maladie liée à la forêt condamne les plus malchanceux. La rébellion est évidemment planquée dans les bois, et cherche un moyen de faire un come-back. C’est marrant parce que c’est un schéma que j’ai retrouvé plusieurs fois en fantasy « non-européenne » en 2021, que ce soit dans The unbroken ou The hand of the sun king, on a ce schéma du peuple colonisé et opprimé qui se réveille grâce à une magie presque oubliée de leur passé. La colonisation travaille les auteurs de fantasy, mais The jasmine throne est pour le moment le plus réussi du lot, grâce à ses personnages passionnants, son déroulement subtil et naturel, et son écriture soignée.

La lecture de The jasmine throne est donc une réussite pour moi, j’ai apprécié cette fantasy d’inspiration indienne qui prend son temps pour développer ses personnages et son histoire, creuse les croyances, le mystique et les oppressions d’une manière non manichéenne pour sortir une aventure captivante. Je lirai certainement la suite The oelander sword dès sa sortie (ou presque) en Août prochain.

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Cet article a 12 commentaires

  1. Elwyn

    Ca a l’air bien sympa tout ça, je me le note si j’ai une envie de Fantasy à l’occasion. Merci pour la découverte 🙂

    1. L'ours inculte

      Une envie de fantasy à l’occasion ? C’est tous les jours normalement, ho ! 🙂

      1. Elwyn

        Ahahah, quand tu es Team SF c’est plus infréquent :p

  2. C’est vrai que contrairement à ce qu’on pourrait penser vu la puissance de son imaginaire et de son coté très visuel, l’Inde n’est pas très représentée en SFFF.
    J’avais déjà lu une série qui en était inspiré, mais c’était un space opéra The Indranan War (T1 : Behind the Throne). L’empire qu’on suivait était matriarcal et était originaire d’inde, ils en gardaient les croyances et les habitudes (habillement …).
    Visuellement pour se représenter ça c’était magistral 🙂 Je garde le souvenir d’avoir été impressionnée par ça.

    Pour celui ci je pense qu’un jour je le tenterai surement, peut être une fois que la série sera complète !

    1. L'ours inculte

      Oui c’est rare, ici on a bien Stefan Platteau qui joue sur ces mythes là, avec une super ambiance. Sinon y’avait aussi les immortels de meluha mais c’était pas terrible :/

  3. Lutin82

    L’ambiance indienne me tente vraiment beaucoup. Absoluement même.

  4. Zina

    L’univers à l’air intéressant, plus qu’à espérer qu »il’sera édité en vf !

  5. Yuyine

    Très tentée par ce roman dont l’univers et l’ambiance m’attirent beaucoup. Je croise les doigts pour qu’il soit un jour traduit en VF

  6. Gwen

    Une critique rondement menée qui me donne envie de plonger dans un récit sur un univers non-ethnocentré par l’Europe du moyen-âge, merci !