Oui, j’ai mis un peu de temps à revenir dans le monde de Roshar après La voie des rois, je lis les bouquins de Brandon Sanderson mais je me jette pas sur chaque sortie non plus. J’ai tellement trainé que j’avais oublié pas mal de choses en plus de 4 ans, donc j’ai commencé par relire La voie des rois en audio avant de me lancer dans le second tome que je vais chroniquer ici : Le livre des radieux.
Après en avoir légèrement chié en tant que porteur de pont avec ses camarades, Kaladin a obtenu le transfert de toute son unité au service de Dalinar Kholin mais les embrouilles entre nobles dans la guerre des plaines brisées de sont pas terminées. Dalinar essaye de rallier les autres haut princes à sa cause pour changer le cours de la guerre, mais pour l’instant il galère un peu, et ses mystérieuses « crises » ne renforcent pas sa crédibilité. Shallan reste élève de Jasnah Kholin malgré son petit écart de conduite, et elles continuent leur étude des mystères du passé.
Brandon Sanderson nous plonge dans son univers foisonnant encore une fois. Comment ne pas saluer les efforts de worldbuilding et d’originalité de son univers ? Nous l’avons déjà dit, le monde de Roshar est complexe et regorge de mystères, de peuples inconnus et de mythes oubliés. Il y a des couches et des couches de détails qui s’empilent et qu’on découvre au fur et à mesure, l’auteur nous balance au milieu de tout ça et nous laisse suivre ses personnages qui découvrent les secrets de son petit cerveau en même temps que nous. Ce livre des radieux va nous donner des réponses et une vision plus solide de l’ensemble, mais l’auteur, dans son infini sadisme, continue à planquer des questions sous les réponses. Tout ça donne un aspect massif à l’univers qui inviterait plus que toute autre saga à la publication d’encyclopédies, et inspire tout une communauté de lecteurs à se prendre la tête sur des théories, des discussions et des décorticages en tout genres.
L’autre avantage de ce second double-tome, c’est que les trois points de vue se rejoignent enfin et on peut avoir une dynamique d’ensemble un peu plus visible, même si chacun garde quelques enjeux propres. On a un petit côté relou chez Kaladin qui continue à bouder et être chiant, mais il est le moteur de certains évènements épiques et de belles découvertes. Dalinar est toujours solide dans son rôle de noble qui veut renverser la dynamique et restaurer un peu d’honneur dans la soupe. Mais ce tome met plus en lumière Shallan qui commence à prendre de l’assurance, à découvrir ses pouvoirs et à se découvrir elle-même à travers des péripéties et des défis dangereux.
Je regrette toujours que niveau rythme, Brandon Sanderson soit en roue libre. Attention, ça se lit vite, c’est super efficace, mais on arrive à un point où on commence à se dire qu’on commence à comprendre un début de commencement d’explication sur là où l’auteur veut en venir… Après 4000 pages d’histoire. C’est l’impression que j’ai eu à la fin du bouquin, où on arrive vers une convergence et un basculement, on se dit « Ah ça y est, l’apéro est fini ? ». Et y’a plein de trucs qu’on comprend pas encore, l’auteur amène toujours plus de questions et d’éléments au worldbuilding déjà touffu, avec des livres sacrés qui sortent de nulle part (et on sait pas trop ce qu’ils foutent là), des fous qui ont des visions cryptiques, des héros qui ont des visions cryptiques, des fous qui sont pas des fous mais peut-être des fous quand même, etc…
Pourtant au milieu de cette histoire longue qui part un peu dans tous les sens, on a de purs moments épiques et réjouissants. Pas beaucoup, c’est une structure cyclique qui fait un build-up lent et nous jette ensuite dans un épisode de folie furieuse où tout bascule, puis on se relève, on gère les conséquences, et on re-build-up pour le suivant. Donc y’a des passages vraiment forts qui restent en tête, des scènes grandioses de tension, d’explosion ou de révélation qui retournent le lecteur. Ces scènes sont rares mais précieuses, elles ont un impact sur nous et sur l’intrigue, elles justifient la lecture de cette série à elles seules, par leur impact, leur capacité à couper le souffle.
Ces quelques moments vraiment épiques me font oublier les problèmes que j’ai avec le reste de la saga. J’oublie que je suis finalement pas super attaché aux personnages, j’oublie que cette narration en mille-feuilles avec des tonnes de détails, de mystères « oui mais tu vas voir dans 1500 pages on comprend », ça me passe au-dessus. C’est tellement foisonnant que je m’y noie et je n’aime pas particulièrement ça. On en vient encore une fois à la question principale de toute chronique de roman : Quel lecteur êtes-vous ? Moi je préfère souvent un univers plus accessible et des personnages plus touchants et humains, des bouquins plus centrés sur les enjeux des protagonistes que sur les énigmes de leur univers, et des bouquins où t’as l’impression d’avancer dans une intrigue et pas de te perdre dans un puzzle. Mais je vois bien que ce genre de bouquins qui, moi, me noient, apportent à d’autres lecteurs des citernes d’eau à leur moulin à théories, à débats, à décorticages, à enthousiasme. Mais c’est pas comme ça que j’aime lire, je n’aime pas décortiquer tous les détails et les clins d’œil d’un univers, en général je me laisse porter par un livre, ma mémoire pourrie aide pas à jouer aux jeux de pistes sur 3000 pages (je suis passé à côté de tous les easter eggs censés faire des liens avec les autres sagas de l’auteur et rassembler le Sandersonverse).
Sanderson a une manière d’écrire qui me parait très mécanique et presque ludique. Dans leur conception, ses bouquins ont l’air d’être un jeu de construction géant, une boite de Lego avec des pavés de mille pages en tant que briques, y’a des tableaux explicatifs pour les systèmes de magie, des descriptions très froides des combats (les descriptions de mouvements dans mistborn reviennent un peu ici avec les attaches des marchevents), ces fucking interludes de plus de 50 pages sur des personnages qu’on connait pas juste pour nous teaser des détails d’univers, etc… Mais je ne trouve pas toujours ce petit plus d’attachement dont j’ai besoin, ou il se retrouve dilué dans un ensemble qui est plus destiné à la réflexion et à un sense of wonder intellectuel qui, moi, me touche moins, voire pas du tout.
J’ai envie de savoir où tout ça nous mène, parce que Brandon Sanderson a indéniablement une vision, que ses bouquins se lisent quand même relativement vite pour leur nombre de pages monstrueux, mais je ne suis pas conquis par ses écrits au même point que le reste de la communauté manifestement. Sanderson pour moi c’est toujours « un coup oui, un coup bof« , c’est selon l’humeur, selon le livre. Alors ne vous étonnez pas si je met encore quelques années à attaquer Justicière.
Couvertures : Alain Brion
Traduction : Mélanie Fazi
Editeur : Le livre de poche
Nombre de pages : 2000 pages et quelques, en deux tomes
Prix : 2 x 21,90€ (broché) / 2 x 10,90€ (poche) / 2 x 10,99€ (numérique)
Lire aussi l’avis de : Lianne (De livres en livres) : Tome 1, Tome 2, Phooka (Book en stock) : Tome 1, Dup (Book en stock) : Tome 1, Tome 2,
Les easter eggs déjà il faut avoir lu tout les autres, avec les nouvelles et tout pour commencer à les voir, et même la c’est pas des trucs « paf dans ta face », c’est des trucs bien cachés.
Il n’y en a quasiment pas il me semble dans les deux premiers tomes de roshar, juste un personnage que les gens ont reconnu juste parce qu’il est « marrant » et du coup il marque (le mec très bizarre qu’on rencontre en passant une fois je ne sais même plus dans quel tome).
Personnellement même dans le 4ième tome qui entre dans le cosmere totalement et pas juste en passant je n’ai pas vu les liens avec le reste des livres, même si j’ai reconnu le principe du cosmere et le fait que ça soit en lien direct.
Et pourtant comme je disais avant je suis quelqu’un qui a effectivement tout lu et qui devrait être dans ceux qui reconnaissent les choses … mais non.
Après ça ne m’empêche pas de comprendre cette série, il n’y a visiblement pas besoin de connaitre les liens pour avancer, heureusement. J’ai juste trouvé très intéressant d’aller voir ensuite sur le wiki et de lire les articles dessus.
Maintenant je vois les liens, mais c’est juste parce qu’on me les a pointé du doigts. Et je te rassure, ils ne sont vraiment pas du tout évident …
Comment on est censé reconnaître des trucs (certains) qui n’ont plus le même noms, les même pouvoirs, ni les même personnalités si ce sont des personnages, ni rien ? … genre oui ok, si on me le dit je vois vaguement le rapport et je n’ai pas de souci à me dire que c’est ça, il n’y a rien qui bloque pour faire le lien.
Mais j’avoue que je ne comprend toujours pas comment des gens ont fait le lien au départ, ça me scotche totalement.
Même après avoir relu Elantris 2 mois avant de lire le T4 (en entier), je n’ai pas fais le lien direct (entre les deux) avec un élément qui devrait être parmi les plus ‘évidents’.
Alors franchement à moins de tout lire et relire à la suite sans pause, je ne vois pas trop comment je pourrais faire mieux que ce que je fais déjà.
Je me résigne du coup à aller chercher les liens après coup xD Tant pis …
Après je comprends que si les personnages ne t’ont pas touchés t’ai du mal à te motiver pour lire la suite.
Personnellement j’avoue que la dépression de Kaladin, qui commence dans ce tome m’a beaucoup touché. Mais il faut dire que ça touche vraiment juste pour quelqu’un qui a effectivement été en dépression durant des années et qui s’en est sorti, je me reconnais dans sa façon de voir les choses en noir et à ne jamais être heureux malgré les victoires et le fait d’avoir plein de gens autours de lui qui se soucient de lui.
Par forcement dans ce tome ci mais plus ça avance plus il « devrait » être heureux de ce qu’il a accompli, mais non, la dépression le pousse de plus en plus vers le bas. Plus le temps passe plus le contracte se creuse entre ses réflexions sombres et torturées (mélangé à son envie d’en finir qui le pousse à aller de plus en plus loin) et le coté « héroïque » et spectaculaire de ses pouvoirs et de la façon dont les gens le voient.
C’est rare de voir un vrai dépressif dans un livre, et quand ça arrive c’est souvent mal fait (pour moi).
J’avoue que la pour moi ça touche vrai et que même si je suis moins attachée aux autres personnages (quoi que, certains sont vraiment sympa une fois qu’on les a explorés plus en détail), je continuerais juste pour Kaladin
Effectivement je connais pas la dépression jusqu’ici, j’ai du bol, du coup je connecte moins avec Kaladin. Mais globalement je trouve que les personnages manquent de complexité, ils ont chacun un trait de caractère principal et un passé mais ça reste assez mono-dimension. La complexité vient de l’univers et de la découverte et c’est moins mon truc
Alors tu vois, autant j’ai beaucoup aimé celui-ci, autant c’est celui d’après qui m’a complètement perdue, je n’ai même pas réussi à le finir. Un comble pour moi qui les dévore d’habitude, mais… Le côté « touffu » de l’univers, comme tu dis, a eu raison de ma carence en sommeil, manifestement !
Si ça se complexifie avec le temps, faut être bien réveillé alors 🙂
C’est vrai que lire du Sanderson nécessite de prendre une grande bouffée d’air avant la plongée ! Ta critique met bien en avant le challenge de s’attacher à des personnages alors que souvent, on dirait que l’auteur souhaite plutôt qu’on s’attache à son univers. Je suis tombé dans ce piège avec « Les archives de Roshar » ! Oh, pas un piège pas méchant je dois bien l’avouer ! C’est rafraîchissant cet univers sans les éternels plaines/montagnes/forêts/etc. de la fantasy à papa ! J’ai adoré cet aspect immersif des décors et mon imagination en redemande ! Néanmoins j’espère avoir avant le tome 10 un frisson lié aux développement des personnages !
Oui ça reste un des univers les plus originaux de la fantasy, mais c’est exactement ça oui, je suis content de croiser un lecteur avec le même ressenti
Ah un avis qui change sur Sanderson ! J’avais l’impression que c’était The série à découvrir mais après ma lecture mitigée de Fils des Brumes j’étais pas trop motivée pour me lancer dans Roshar. Comme tu dis c’est une rencontre entre le lecteur et le roman et je ne suis pas sûre que ceux de Sanderson soient fait pour moi. Les systèmes de magie sont bien pensés et les univers très travaillés mais les défauts que tu soulèvent sont ceux qui m’ont déjà un peu gêné dans ses autres romans (peu d’attachements aux personnages, le rythme). Donc vu la longueur je pense que je vais passer mon tour.
Oui, j’avais bien aimé fils des brumes à part le tome 2, mais dans roshar tout est plus grand, plus long, plus complexe. Faut être motivé !
Je me rend compte que j’étais à fond au début, j’ai avalé les 3 premiers demi tomes. Et puis j’ai loupé une sortie. Maintenant je ne les attends même plus. Je me dis que je m’y remettrai un jour. Trop de choses de choses à se souvenir et pas le temps de les relire. L’arrivée d’une petite bestiole en demande de biberons n’aide pas vraiment 😀 .Je préfère lire des séries courtes, voir finies.
Ah oui, je sais ce que c’est, même si j’ai pas mal lu et joué avec mini-ourse qui sieste en écharpe pendant sa première année
sachant qu’il a prévu 2 x 5 tomes, je pense que tu peux prendre ton temps avant de continuer ta lecture car en effet, à l’image des la série des martyrs de Erikson, les univers sont assez vastes. Donc il vaut mieux soit accepter de rater des choses, soit avoir une super mémoire soit les lire les uns à la suite des autres.
Sur l’attachement aux personnages, soit dépendant des lecteurs. Kaladin est d’ailleurs peut etre le moins nuancé. J’espère que tu trouves les autres bcp plus complexes et avec des aspérités fortes tout de même!!
Pas vraiment non, Shallan a un background qui s’étoffe et des mystères à explorer, mais côté caractère elle est assez fade. Dalinar est le plus nuancé mais ça reste pas foufou