Ce livre est le premier tome du dyptique La machine, par Katia Lanero Zamora
Ce mois de février 2021 est chargé pour la petite maison ActuSF, pas moins de 3 sorties en SFFF adultes, et 3 romans qui m’intéressent. Après Le jour où l’humanité a niqué la fantasy, on change radicalement de ton avec le premier tome de La machine par Katia Lanero Zamora.
Vian et Andrès sont les deux fils de la famille Cabayol, de grands propriétaires bourgeois dans un pays en pleine mutation. La royauté a laissé la place à une toute jeune république, et un mouvement très très à gauche secoue le peuple, ils veulent accéder au pouvoir pour redistribuer les richesses et abolir les inégalités qui tuent les classes ouvrières. Là-dedans, Vian est le fils cadet qui doit perpétuer l’héritage et le prestige de son nom, car Andrès aime beaucoup trop trainer avec les révolutionnaires de « La machine » et partage leurs idéaux. Ils vont vivre ensemble les grands bouleversements de tout un pays.
Apparemment, l’Espagne dans les années 30 c’était pas mal le bordel, et c’est cette période qui a inspiré l’autrice pour ce roman. Dans une démarche finalement proche d’un Guy Gavriel Kay, Katia Lanero Zamora crée un univers fictif calqué sur un pays et une période réels pour en faire ressortir l’essence et raconter les conflits de ce temps à travers des personnages fictifs (mais ici avec zéro élément magique). Comme je connaissais pas du tout la guerre civile espagnole, ça m’a permis de me cultiver, mais j’ai surtout adoré ce roman grâce à ses personnages.
Andrès et Vian sont aux deux extrémités d’une guerre civile en gestation, le premier épouse les idées révolutionnaires par défiance et par idéal, le second est porté par un sens du devoir et le poids de son héritage. Mais ces deux frères s’aiment et se respectent, et par cette relation touchante on s’attache à eux, on découvre toutes les nuances qu’il peut y avoir dans un conflit qui pourrait apparaitre binaire au premier abord. C’est toujours la même chose, l’histoire devient passionnante quand on arrive à faire vivre des conflits humains au milieu des grands bouleversements à grande échelle. C’est ce que réussit brillamment La machine, on comprend parfaitement les parcours et points de vue de ses personnages qui se démènent dans une époque cruelle.
Ces nuances sont encore plus présentes grâce aux personnages secondaires qui pourront représenter des points de vues intermédiaires, comme ce boulanger qui explique « c’est bien joli votre collectivisation, mais la boulangerie que ma mère a montée de ses mains à partir de rien, vous allez nous la prendre aussi ». Dans le peuple il y a les combattants convaincus, les victimes de la violence sociale qui se réveillent, il y a les enfants qui aident, le club des veuves qui papotent, et tous ceux qui savent pas trop où se placer dans le conflit, mais qui vont être un peu forcés à choisir à un moment. Quand on entend aujourd’hui encore des militants influents qui conçoivent le monde comme un éternel combat binaire « bourgeois vs prolos » sans tenir compte de toute la diversité des parcours et des situations, c’est plutôt bienvenu.
Ce contexte est mis en place à la perfection, les personnages touchants sont posés avec soin, et le roman fait avancer cette machine infernale et va pousser les deux frères vers des choix déchirants. La machine met en évidence la marche de l’histoire, trop implacable pour s’encombrer des préoccupations de quelques personnes qui trainent sur son chemin. C’est eux qui doivent courir dans tous les sens pour ne pas être écrasés, quels que soient leurs choix. Et on arrive sur une fin de premier tome percutante et déchirante, qui nous donne envie d’avoir la suite maintenant, vite !!
J’ai beaucoup aimé ce roman qui place parfaitement son univers inspiré de l’Espagne des années 30, pour nous raconter le destin de deux frères pris dans les rouages de l’Histoire. C’est à la fois parfaitement rythmé, raconté de manière fluide et touchante, avec assez de nuances et de soin apportés aux personnages pour qu’on accroche à leur histoire. Une très belle lecture.
Roman reçu en Service Presse de la part de l’éditeur ActuSF, merci à eux
Lire aussi l’avis de : Yuyine, OmbreBones,
Ah je suis super contente que tu aies aimé ce roman ! Comme toi je l’ai trouvé vraiment très bon et j’aurai bien enchaîné avec le tome 2 dans la foulée..
Oui j’ai passé un très bon moment, vivement la suite !
Ping : La Machine #1 – Katia Lanero Zamora | OmbreBones
Déjà Ombrebones m’avait mis l’eau à la bouche mais tu viens de mentionner Guy Gavriel Kay, ok, c’est bon! Dans ma wishlist!
Du name dropping éhonté !
Je suis certaine que c’est très bien, mais c’est tellement pas pour moi que je vais gentiment le laisser pour les autres . Tu as de bonnes lectures en ce moment, c’est cool ! ^^
Si c’est pas pour toi, c’est pas pour toi 🙂
Oui j’ai eu une belle série, mais là ça baisse un peu (j’ai surtout pas lu de la semaine)
On vient de le recevoir, j’ai hâte d’entamer ma lecture ! Les trois soties d’ActuSF de ce mois-ci me tentent aussi, j’ai acheté le Berrouka suite à ta chronique 😉
Bonne lecture, j’ai lu les 3 en même pas deux semaines
Merci 🙂
Il fait vraiment l’unanimité pour le moment. Et vu le potentiel « casse-gueule » qu’il y avait, ça me semble d’autant plus une réussite – et ça me donne d’autant plus envie. ^^
Oui c’est une réussite, j’ai été surpris, j’avais envie de pinailler moi, mais non j’ai pas trouvé
Nos avis sont très similaires (merci pour le lien d’ailleurs). Cette échelle humaine pour faire vivre la grande Histoire est effectivement l’atout de ce roman plein de nuances et d’émotions. Une vraie réussite.
Vivement la suiiiiite.
L’Espagne c’est pas forcément mon truc mais vu tous les avis positifs de ce livre, je vais peut-être finir par me laisser tenter !
C’est pas mon truc non plus à la base, mais c’est un excellent roman quand même 🙂
Je l’avais noté aussi chez OmbresBones et je pense le lire,l’occasion de découvrir cette autrice pour moi.
Juste une question. Est ce que c’est une uchronie?
Bonjour, non ce n’est pas une uchronie à priori, ça se passe dans un monde secondaire inspiré de l’histoire de l’Espagne mais ce n’est pas strictement notre monde et il n’y a pas de point de divergence, de ce que j’en ai vu.
Merci .J’ai toujours un peu de soucis avec les uchronies.
Ping : [Chronique] La machine – tome 1, de Katia Lanero Zamora – Sometimes a book
Je ne vois que de très bons avis sur ce roman. Ce n’est pas ce que je lis habituellement mais qui sais, je vais peut-être me laisser tenter un de ces jours !
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