Après un premier tome surprenant sorti il y a deux ans, Jérôme Nédélec récidive avec le second opus de sa saga historico-fantastique L’armée des veilleurs : Les forêts combattantes. La première réussite de cette suite est que la couverture est moins niaise, et ça c’est une victoire ! Maintenant voyons ce qui se cache à l’intérieur.
L’auteur exploite toujours à fond le background historique de sa chère Bretagne, nous retrouvons le guerrier Broërec qui sert toujours le comte Alan après avoir bastonné les vikings dans le tome précédent. En 890, c’est pas mal le bordel dans la politique du coin et le comte doit jouer des coudes et anticiper les mouvements ennemis pour parvenir à ramener la paix dans une Bretagne unifiée. Y’a du boulot. La prochaine étape est d’envoyer une petite escouade localiser et récupérer un forgeron dont les armes donnent un avantage bien trop conséquent aux hommes de Judicaël. Mais juste avant le départ de Broërec, l’architecte Golven reçoit un mystérieux document.
La narration est ainsi découpée en deux points de vue. On retrouve celui du guerrier comme dans Les frontières liquides, mais le second est un peu différent puisqu’il se situe 60 ans plus tôt. Le témoignage du moine Fidweten nous revient ainsi dans ce document que reçoit Golven et qui va annoncer les malheurs à venir (tout en donnant une place grandissante au surnaturel qui était à peine teasé dans le livre précédent). Nous alternons donc entre la mission de Broërec pour retrouver la forge cachée, et le récit du jeune moine qui va découvrir quelques secrets bien bizarroïdes dans les bois. On a toujours une attention particulière portée sur l’aspect historique pour que l’univers soit réaliste et immersif, la passion de l’auteur pour cette période transparait à chaque page.
J’ai vraiment adoré toute la partie de l’intrigue concernant la quête de la forge, Broërec part avec ses compagnons pour une mission risquée et il va y laisser des plumes. Heureusement il va se faire quelques nouveaux alliés avec l’arrivée de nouveaux personnages excellents auxquels l’écrivain donne vie. Hache et les guerriers sangliers forment une troupe marrante à suivre avec des moments de bastonnade très réjouissants. Jérôme Nédélec arrive à nous amener un personnage féminin et guerrier avec justesse, c’est très bien joué. L’aspect politique de cette affaire est aussi extrêmement bien mis en place, et apporte pas mal de nuances au conflit. On n’a pas de méchants sanguinaires et de gentils bretons chantant, mais simplement des groupes de personnes que les circonstances ont placés dans un camp ou l’autre.
Je suis un peu plus réservé sur la partie concernant Fidweten, parce qu’on sent que ça ne fait que préparer la suite, et que ça traine parfois un peu des pieds pour ne pas trop en lâcher tout de suite. Les innombrables « oui je vais te révéler nos secrets, mais avant tu dois aller tailler du bois » sont un peu exaspérants, maitre Miyagi n’aurait pas fait mieux. Pourtant on arrive à prendre du plaisir à découvrir cette partie également, la communauté que le jeune moine intègre est attachante et mystérieuse, les secrets qui planent autour d’eux installent une atmosphère lourde. Et la théomacha est très très cool ! Bon, j’étais juste un peu déçu quand la menace se révèle vraiment, sans trop en dire j’ai fait un « ah, bon, encore ce type de méchants ». Mais ces quelques réserves, et une alternance parfois un peu trop rapide entre les deux points de vue, n’ont pas réussi à me gâcher la lecture car ce second tome reste quand même un très bon moment passé dans cette Bretagne moyenâgeuse.
Les forêts combattantes nous offre une suite satisfaisante pour le lecteur avide d’histoire guerrière. Jérôme Nédélec donne vie à une troupe de héros exceptionnels dans une aventure pleine de bastons et de mystères. L’aspect fantastique traine un peu la patte pour le moment, on attend le troisième tome de pied ferme, mais le plaisir de lecture est déjà là.
Roman reçu en Service Presse de la part de l’auteur, merci à lui.
Lire aussi l’avis de : Célindanaé (Au pays des cave trolls),
Belle chronique. Je partage ton avis surtout pour la couverture 🙂
J’ai le même ressenti concernant la partie du moine et la révélation des « méchants » (si je peux dire). En fait j’ai le même ressenti que ce que tu dis dans ta chronique. Je programme la mienne dans la semaine, j’ai terminé le roman ce matin !
je crois que je vais me régaler!!!
Je m’insurge, Maître Miyagi n’est pas exaspérant et ne tire pas à la ligne artificiellement, tout ce qu’il fait a une raison et un sens !
Quoi ? Ce n’est pas ça qu’il fallait retenir de te chronique ?