Nos enfants, nos petits-enfants nous haïssent. Par notre mode de vie, nous avons mené la civilisation humaine à la grande Panique, qui a provoqué des millions de morts. 40 ans plus tard, l’électricité, l’industrie, l’automobile sont des abominations, des blasphèmes contre la nature sacrée. Nos sociétés sont revenues à des modes de vie plus proches de la nature, à la limite du moyen-âge et les nouvelles générations se méfient des plus vieux, ceux qui étaient là avant et ont survécu à la panique.
Dans ce contexte, Romain va nous raconter comment, étant enfant, il a assisté à l’arrivée d’un étranger, un vieux saltimbanque du nom de Jason Marieke, qui va bouleverser la vie de son village en déterrant des vieilles histoires et refusant de se soumettre aux règles et aux tabous. J’en dirai pas plus sur l’univers car la découverte joue pour beaucoup dans l’intérêt de cette lecture.
Loïc le Borgne nous livre un roman d’anticipation recentré sur une petite communauté agricole mais nous renvoie surtout à nous et à notre mode de vie. La haine que déploie les personnages face à leurs ancêtres (donc à nous) est violente et féroce et forcément, nous interroge.
Mais au-delà du message, l’histoire en elle-même est très prenante, elle adopte une narration entrecoupée de comptines et de chansons qui rythment le roman et lui donnent un petit côté irréel tout en étant cohérent (Jason est un conteur). J’ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce bouquin, le style de l’auteur et l’ambiance campagnarde inquiétante sont vraiment efficaces, les personnages principaux ont une profondeur et une force très bien restituées, et certains passages sont poignants. Le seul reproche que je vois serait un traitement un peu rapide des personnages secondaires, certains habitants du village sont très vite décrits et la communauté manque de corps, même si les principaux restent très bien écrits, on a parfois l’impression de pas trop suivre qui est qui dans la foule du village.
Toutefois, la lecture d’Hysteresis vaut vraiment le coup, pour son univers, sa poésie, son héros et la force de son message, j’ai retrouvé un côté « kingien » dans cette communauté un peu folle.
Le livre est dispo aux éditions du bélial en format papier et numérique.
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