Un long voyage est le premier roman de Claire Duvivier et a attiré beaucoup d’attention en 2020, avec tout un tas de critiques élogieuses et un prix Elbakin du meilleur roman de fantasy francophone. Intrigué par tout ce bruit, et vu que la place de la fantasy est légèrement importante sur ce blog, c’était évident que je me pencherai dessus un jour ou l’autre.
Liesse est un enfant Tabou, une charge dont sa famille a du se séparer par manque de moyens, il va devoir se démerder et se retrouve placé sur un comptoir commercial, sous la garde de… d’un gars qui passait par là. Par quelques hasards de la vie, il va finir au service de l’ambassadrice impériale Malvine Zélina de Félarasie, et va assister de ce point de vue à des évènements troublants qui vont remettre en question la toute-puissance de l’Empire. On ne va pas trop en dire sur l’intrigue, sachant que la découverte de leur trajectoire fait partie du plaisir.
Un long voyage se présente comme un témoignage écrit que ferait Liesse à un mystérieux personnage, à postériori. L’identité de ce destinataire sera une des nombreuses énigmes que l’autrice a éparpillé dans son roman. Et elle prend manifestement un grand plaisir à ne pas répondre aux questions qu’elle pose devant le lecteur. Sadique. Le bouquin est relativement court, 300 pages qui retracent pourtant un paquet d’années de la vie de Liesse, et tous les bouleversements qu’il a connu. Du coup certaines choses passent très vite, la narration garde un point de vue très éloigné de ses personnages pour jouer son rôle de « témoignage d’un humble fonctionnaire » et c’est ce qui, je pense, n’a pas fonctionné pour moi (bien qu’étant cohérent).
J’aime vivre des émotions avec les protagonistes des romans que je lis, et ici les émotions que fait passer Claire Duvivier ne viennent pas forcément de ses personnages. Liesse est relativement froid dans ses descriptions et explications, encore une fois c’est cohérent avec la forme du bouquin mais m’éloigne de ce qui, moi, me touche dans un roman. Pourtant l’autrice provoque bien des émotions dans Un long voyage, un sens de l’échelle, un vertige provoqué par ses mystères, le même genre de Sense of wonder qu’on peut attribuer à certaines œuvres de SF par son côté « explosion cérébrale ». Parce que le roman s’amuse à disséminer des énigmes sans y répondre, pour faire ensuite un déballage qui retourne la table et te laisse sur le popotin. Enfin, si t’aimes ce genre de trucs, moi j’étais tellement pas dedans que ça m’est passé à côté.
Je comprends la démarche de vouloir faire une fantasy non-héroïque, une fantasy vue par les gens du commun, mais là il a posé une distance qui a longtemps freiné mon immersion et mon implication. Même quand il y a des moments personnels pour Liesse, des moments à priori déchirants (un en particulier), j’ai trouvé ça assez froid et on passe relativement vite. Cette distance m’a du coup empêché de m’immerger dans les thèmes présents comme la colonisation, la guerre et ses conséquences, le cycle des civilisations. Je les vois mais je ne les ressens pas. Le roman donne l’impression de s’éclater avec ses énigmes, de tendre un traquenard à nos méninges, et dans cette optique il est objectivement réussi, ça fonctionne mais ce n’est pas le genre d’histoire que j’apprécie.
Oui, Un long voyage explore des thèmes, des concepts, casse les barrières et les échelles… Mais ne m’a jamais touché. Aussi brillant qu’il soit, le roman se tient à distance, il m’a raconté sans me faire vivre. Tiens, j’avais souvent l’impression de lire un livre de SF !
Lire aussi l’avis de : Les chroniques du chroniqueur, Célindanaé (Au pays des cave trolls), Yuyine, Boudicca (Le bibliocosme), Chut maman lit, Tigger Lilly (Dragon galactique), Anouchka, Laird Fumble (Syndrome Quickson),
Je pense que vu qu’il est court, si j’ai l’occasion de pouvoir le lire, je le tenterais.
On verra bien ^^
Haha, je sais pas si j’aurai lu jusqu’à la fin s’il avait fait 600 pages 😀
Merci de mettre les mots sur mon ressenti. J’ai toujours du mal à comprendre le « pourquoi », mais ce livre (par ailleurs facile et plaisant à lire) ne m’a fait ni chaud ni froid. On m’aurait demandé mon avis sur le premier jet du manuscrit, j’aurais probablement émis des doutes sur le choix du personnage narrateur. Liesse est bien gentil, mais ce n’est pas lui qui vit les évènements les plus intrigants et intéressants du récit. Son témoignage est donc, effectivement, trop distant pour moi.
Pourtant il lui arrive des trucs qui auraient pu réveiller mon empathie, mais ces trucs sont aussi traités avec distance
Globalement d’accord. Même si sur moi, en général, le sens of wonder fonctionne. Là, ça va juste trop vite, y’a trois fois rien qui est expliqué alors que beaucoup pourrait être exploré. J’ai bien aimé le début plutôt « lent », qui prend son temps d’installer des trucs, mais la deuxième partie m’a laissée totalement indifférente et sur la touche. Je n’ai vraiment pas compris les éloges autour de ce livre.
Bizarrement, j’ai ramé au début, plein de personnages, pas beaucoup de développement
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Ça me fait penser à L’assassin royal… avec moins d’émotion, donc. Je suis curieux.
« Tiens, j’avais souvent l’impression de lire un livre de SF » Il y a de ça, en effet :D. Mais, en plus, je ne le trouve pas si brillant que ça. Comme Anouchka, je ne pige pas toutes ces éloges et au final, ce n’est pas bien grave ^^. Ce livre a trouvé son public et c’est ce qui compte. De mon côté, je me méfierai un peu plus de l’effet hype.
N’écoute la hype que quand elle vient de moi 😀
Il faut réarranger l’ordre des syllabes dans le nom de ton blog : je verrais bien un « Le culte de l’Ours In » (au sens de « être In », au goût du jour).
C’est à peu près ma conclusion .
Oulah, euh… Non je dirai pas que c’est similaire à L’assassin Royal…
Ah ! Le pitch m’y faisait penser. À voir donc 😉
C’est toujours fascinant de voir comme on peut ressentir les livres de manière différente, voire opposée. Par exemple moi je n’ai eu aucun problème de distance avec Liesse, j’étais investi très rapidement. Bon ça à la rigueur ça arrive. Mais en plus, jamais je n’aurais mis « Un long voyage » dans la catégorie des romans à énigmes et à vertige, ce n’est qu’une partie mineure du livre pour moi. On a vraiment lu des livres différents, c’est marrant. ^^
On a pas l’empathie réglée de la même manière je crois. Ça doit dépendre des modèles d’humain et du logiciel installé.
Tiens c’est marrant, moi c’est un livre qui m’a beaucoup émue. Comme quoi, les goûts et les couleurs… 😉
Surtout quand il s’agit d’émouvoir, on est clairement pas tous touchés par les mêmes choses, c’est tellement difficile à cerner
Je suis restée de marbre moi aussi. Je trouve le roman brillant mais je me suis profondément emmerdé et je n’ai ressenti aucune émotion… Ravie de voir que je ne suis pas la seule et désolée pour toi.
Ça fait penser un peu à Patrick Dewdney vu comme tu en parles. Le genre du bouquins difficiles à intégrer mais quand on rentre dedans on se rend compte qu’il y a une vraie meta-intrigue en filigrane. Et c’est un peu pareil au niveau des émotion. Sauf que chez Dewdney il y a des passages qui prennent à la gorge qui saillent entre deux tranches de vie. Quand le personnage s’en prend plein la gueule, le lecteur aussi. Si j’ai bien compris là ce n’est pas le cas ?
J’ai été émue par ce qui arrive à Malavine (plus qu’à Liesse) mais j’ai trouvé le roman long et parfois ennuyant.
Pas toujours facile d’avoir de l’empathie pour les personnages des romans. Toujours pas décidée pour ma part quand à une future lecture ou pas, les avis divergent trop !
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