The hand of the sun king est le premier tome de la série Pact and Pattern, premier roman de l’auteur J.T. Greathouse qui a fait déjà pas mal de bruit dans la lecturosphère anglophone. De la fantasy, du bon buzz, une couverture magnifique, évidemment, je m’y suis intéressé et, par la magie de l’internet, j’ai pu avoir un SP numérique via Netgalley (c’est la première fois que j’utilise ce service mais l’auteur a partagé le lien sur les réseaux sociaux, j’ai tenté le coup).
Le roman nous présente Wen Alder, adolescent partagé entre deux héritages. Son père est fidèle à l’empire et souhaite que son fils s’élève dans la noblesse pour redorer le blason familial. Sa mère est une Nayeni, peuple conquis et opprimé par l’empire qui a du renoncer à ses croyances ou passer dans la clandestinité (ou la résistance, ou les deux). Sa grand-mère maternelle le baptise selon les rites Nayeni mais Alder va suivre l’apprentissage prestigieux des magistrats impériaux afin de passer l’examen pour devenir un notable de l’empire, voire une Main de l’empereur s’il excelle. Mais tout ce qui intéresse notre jeune génie, c’est la magie. Que ce soit par l’empire ou par les Nayeni, Alder va tout faire pour découvrir les pouvoirs que chaque culture semble cultiver et contraindre. Entre ces deux voies, Wen Alder veut en trouver une troisième, celle de la liberté et du pouvoir.
The hand of the sun king nous présente un univers fortement inspiré de différentes cultures orientales, l’empire de Sien est clairement une transposition des empires chinois et ça transparait dans pas mal d’éléments de leur culture comme les hiérarchies très codifiées, l’importance de la calligraphie, un presque-jeu de go, y’a toute la panoplie. La biographie de l’auteur insiste sur son background universitaire orienté vers l’Asie et ça doit pas être pour rien. D’un autre côté, les Nayeni sont un peuple plus proche de la nature, dont les dieux se manifestent sous les traits de loups ou autres bestioles. Plus tard dans le bouquin on croisera d’autres civilisations, dont une plutôt moyen-orientale. Petit à petit on va découvrir l’influence de l’empire vers les autres civilisations, et le pourquoi du comment. La grande qualité de ce roman, pour moi, a été de découvrir le vrai visage de l’empire, et la manière dont il utilise les peuples conquis pour arriver à ses fins, mais je resterai vague sur tout ça, sachez juste que l’ensemble est cohérent et étroitement lié à l’intrigue qui concerne notre protagoniste.
Justement, ce protagoniste va évoluer dans des cercles prestigieux de l’empire et nous suivons son unique perspective au fur et à mesure qu’il progresse dans son apprentissage. Grosso modo Alder va aller à différents postes dans tout l’empire pour, disons, faire des stages. Il veut, depuis le début, percer les secrets de la magie, et sa soif de connaissance le pousse vers ce cursus impérial, voie qui lui permettrait d’être initié aux canons de la magie prodiguée par l’empereur à ses Mains et ses Voix. D’un autre côté, une expérience traumatisante avec la magie Nayeni lui donne une perspective unique et une soif d’apprendre qui le pousse toujours plus loin. Par son intermédiaire on va plonger dans un système de magie qui implique des schémas de l’univers, des traces psychiques que la magie va remodeler. Sans être de la « hard magie », c’est très bien mis en scène, l’imagerie évoquée par les grandes scènes du romans est frappante et envoutante même si ça a l’air un peu trop facile à maîtriser dans l’histoire. Thématiquement on reste dans des choses à la fois intéressantes mais classiques sur l’oppression, la liberté, la manipulation. L’intrigue part sur des bases classiques mais nous réserve quelques surprises au passage, le parcours de notre héros va révéler quelques machinations qui vont donner de la cohérence à tout cet univers et nous l’emballer dans un joli paquet avec un nœud qui brille.
Jusqu’ici vous pourriez avoir l’impression que j’ai kiffé ma lecture mais ce roman a été relativement ennuyeux pour moi, je reconnais toutes les qualités de l’univers, de la prose de l’auteur même, mais j’ai eu un point de déception ici. Et me connaissant, vous saurez que c’est le truc qu’il faut pas louper à mes yeux. Je n’ai jamais accroché au protagoniste, et par conséquent à son entourage. Wen Alder est très froid, obsédé par sa quête de connaissance, il ne s’attache à presque personne. On pourrait s’attendre à ce qu’une histoire de double héritage repose sur l’attachement qu’il aurait avec tel ou tel membre de sa famille mais… Il n’aime pas particulièrement son père, ni sa mère, sa grand-mère est une vieille zarbi qui lui montre des trucs mais il témoigne jamais d’une quelconque affection. Toute la base relationnelle du protagoniste n’existe pas, il n’y a rien. Le gars veut juste apprendre la magie, c’est sa seule motivation, il n’a d’attachement notable pour presque personne. En milieu de roman il aura un ami qui va aussi orienter certains de ses choix futurs, et une romance en seconde moitié de roman, mais ça fait plus « procédé mécanique » qu’une vraie relation solide. Par moments on va même jusqu’à le trouver légèrement débile, ce jeune homme.
Pourtant, en terme d’intrigue et de déroulement, ça fonctionne, l’histoire tient même compte de ce caractère puisque l’ensemble repose sur la progression de son côté obsessionnel pour l’amener à tirer des leçons de tout ça. Le livre renvoie ces défauts à Alder et au lecteur et en fait quelque-chose, mais en même temps rend toute la progression pour arriver jusque-là un peu… chiante… Donc en terme de récit initiatique on est bien dans les clous, on a un personnage qui grandit et apprend. Ça touche souvent à la philosophie aussi, mais ça manque d’humain, d’attachement, d’ancrage émotionnel pour me porter, c’est pas un défaut absolu ni objectif, c’est juste que moi, je n’ai jamais eu ce qu’il me faut pour adhérer à la seule perspective qu’offre cette aventure.
The hand of the sun king est donc un roman plein de qualités dans son écriture, sa construction et son univers, mais je n’ai jamais été touché par son protagoniste. La mécanique et la philosophie du roman fonctionnent mais l’émotion n’a jamais été là pour moi. Je suis sûr que le bouquin pourra convaincre différents lecteurs, et les premiers retours sont très bons, mais pour le type de lecteur que je suis, ça l’a pas fait.
Livre reçu en Service presse de la part de Orion Publishing Group via Netgalley, merci à eux.
Je pense que je vais quand même le tenter, dés que je l’aurai trouvé à un prix un peu plus bas que celui de départ.
L’attachement ça reste un critère personnel, qui est important certes, mais qu’on ne peux pas vraiment prévoir à l’avance. Et le pitch me tente pas mal sur le papier.
Tout à fait, j’essaye de nuancer quand j’ai des problèmes d’attachement, maintenant.
Le livre a des qualités mais objectivement s’attarde très peu sur le développement des relations entre ses personnages. Moi ça m’a dérangé mais c’est a chacun de voir.
Si un jour il paraît en VF je le tenterai bien, peut-être que j’arriverai plus à m’attacher aux personnages. En tout cas, l’univers a l’air fort intéressant.
L’univers est très sympa, et l’écriture le met en valeur
Ça fait penser à la Cultivation tout ça. Un personnage qui apprend la magie pour devenir hyperpuissant et dont c’est l’objectif. C’est un peu comme ça, les œuvres de cultivation chinoise.
C’est quoi les œuvres de cultivation chinoise ?
C’est ça.
https://en.wikipedia.org/wiki/Xianxia_(genre)
Merci pour la culture ! Je connaissais vaguement le genre mais pas sa traduction ni sa signification.
Dommage pour toi ! Ca ne me tente que moyennement, donc on verra s’il y a une parution en France 🙂
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