Le voilà, le dernier arrivé, le quatrième « Une heure lumière » édité par Le Bélial’. Cette collection nous a déjà prouvé toute la pertinence de son format et surtout de ses choix de publications à travers trois parutions de très bonne qualité (là, là, et là). Et Le choix, justement, c’est le nom du quatrième livre qu’ils nous proposent.
Lucas et Damian sont deux potes vivant dans une Angleterre submergée suite à la prévisible catastrophe écologique qui nous pend au nez. Damian travaille dans l’élevage de crevettes de son père pour qui il fait une très bonne main d’oeuvre à pas cher, et un très bon punching-ball aussi. Lucas s’occupe de sa mère alitée, qui continue malgré tout ses activités à distance grâce à sa tablette. La madame est une sorte de gourou activiste écolo et anti-extraterrestres très respectée. Oui, parce qu’en plus d’une apocalypse écologique (on parle aussi vaguement d’une guerre), les aliens ont débarqué ! Pas en mode Independence Day cependant, ils ont négocié avec les humains un partenariat en échange de moyens de nettoyer toute la merde qu’ils ont foutu sur Terre. Sympas les E.T. !
Dans ce contexte nos deux protagonistes, Lucas et Damian, mènent leur vie plus ou moins pépère sur leur île quand ils apprennent qu’un évènement unique est arrivé à deux pas de chez eux : Un Dragon s’est échoué sur la plage d’une ville voisine. Ils vont donc filer en douce pour aller voir cette curiosité à l’aide du bateau bricolé par Lucas. Bien sûr, le dragon n’est pas un lézard ailé qui crache du feu, mais je vous laisse découvrir la véritable nature de ce truc, c’est une des belles trouvailles de cette Novella.
Dans Le Choix, Paul J. McAuley (oui, c’est l’auteur, j’l’ai pas dit encore…) nous présente un univers post-écolo-apocalypse crédible qui m’a rappelé l’ambiance d’Exodes de Jean-Marc Ligny, avec les aliens en bonus bien sûr. Mais on retrouve ce même monde ravagé par nous-même tous seuls comme des grands, où les humains se débrouillent avec ce qui reste sans pour autant tomber dans le « chacun pour soi » total à la Mad Max. On retrouve pas mal le profil biologiste de l’auteur car il aime bien nous décrire la végétation et l’ambiance naturelle des lieux qu’on traverse, je trouve ça beaucoup plus agréable que d’avoir 20 pages de fonctionnement géopolitique SF inutile.
Le livre comporte deux parties bien distinctes : Pendant toute la première moitié nous suivrons Damian et Lucas sur leur petit rafiot en train de voguer vers leur destination. Le rythme est plutôt lent mais on a par ce biais un voyage introductif à l’univers, on se laisse porter en découvrant petit à petit le monde de McAuley. On fait la connaissance de nos personnages et de leur univers de manière progressive et envoutante, cette partie serait un espèce de Stand By Me post-apo planant et très réussi, où l’univers est esquissé juste ce qu’il faut.
La deuxième moitié est beaucoup plus rythmée, on arrive sur les lieux du naufrage et les évènements s’emballent. J’ai d’ailleurs trouvé que ça allait un peu trop vite à partir de ce moment mais on a toujours de très bonnes idées, alliées au fait qu’on est bien attaché à l’univers et aux deux protagonistes grâce à la mise en place qui a précédé. Suite aux évènements dont je ne révèlerai rien, Damian et Lucas vont se retrouver en possession d’un machin-chose qui les poussera à faire un choix pour l’avenir, et à en assumer les conséquences.
Paul J. McAuley arrive à garder sa SF digeste en ne dévoilant que le strict nécessaire et en laissant notre cerveau faire le reste. Tout ce qui va au-delà nous est simplement suggéré, on s’imagine tout ce qui va autour mais le récit, lui, reste concentré sur sa trame intimiste et ses personnages très bien écrits. Le livre nous parle de relations familiales et de responsabilités (personnelles, mais aussi en tant qu’espèce) avec talent. C’est pas toujours joyeux, mais on se sent concernés par les décisions de nos héros, on se demande bien ce qu’on aurait fait, nous, devant ces choix.
Le choix est un petit récit passionnant dont le seul défaut est le rythme qui s’emballe beaucoup trop sur la fin. A part ça on a un très bel univers avec une présence extraterrestre suggérée, très subtilement amené par des personnages adolescents qui nous tiennent accrochés jusqu’au bout. Une quatrième réussite qui vient confirmer le très bon lancement de la collection « Une heure lumière » chez le Bélial’ dont on attendra les prochaines parutions avec impatience.
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