Après avoir adoré La route de la conquête et pas adoré du tout Port d’âmes, La messagère du ciel joue la belle : Vais-je devenir un inconditionnel de Lionel Davoust ou le ranger définitivement sur l’étagère des oubliés, des auteurs que je relirai que si vraiment y’a rien d’autre (jamais donc) ?
Ce roman est le premier tome d’une trilogie intitulée Les dieux sauvages et se passe toujours dans l’univers d’Évanégyre, des siècles après la chute de l’empire d’Asreth, aujourd’hui considéré comme une hérésie qui a été déboulonnée par les Dieux eux-mêmes. Car oui, comme le titre l’indique, les dieux ont un rôle important dans cette nouvelle série. On y suit la jeune Mériane, une trappeuse auto-exilée dans une forêt infestée d’animaux-démons, et qui se retrouve bientôt avec la faculté (ou la poisse) d’entendre Wer lui parler. Le dieu va la pousser à prendre les armes pour défendre le pays contre l’arrivée de l’armée du dieu d’en face, Aska, représenté par le héraut Ganner. Oui, voilà, c’est Jeanne d’Arc contre Jean d’Arc avec chacun son dieu, pas de jaloux. Lionel Davoust s’inspire ouvertement de l’histoire de la Pucelle d’Orléans pour construire son intrigue, il le revendique déjà avec la citation de début de livre.
Le culte de Wer ressemble énormément à la chrétienté du Moyen-âge, avec ses dogmes extrêmes, ses fanatiques et son intolérance. Tout le monde doit adorer Dieu, respecter (voire servir) ses représentants et… fermer sa gueule. Il y a notamment un ordre de prêtres-guerriers qui se sentent plus pisser. L’autre grosse caractéristique de cet univers est sa misogynie, elle aussi mise en parallèle avec celle de la culture chrétienne. L’empire maudit d’Asreth ayant été dirigé par une femme, celles-ci sont donc toutes considérées de base comme fautives, donc elles doivent se taire, obéir et pas faire de vague. Et repasser les chemises, merde. Le world-building est très solide et renvoie au vaste univers d’Évanégyre, on sent que tout est réfléchi mais certaines thématiques sont abordées avec la subtilité d’un film de Luc Besson (le féminisme par exemple). Le culte d’Aska, lui, est plutôt dans la case « chaotique mauvais », on est les méchants, on fait de la magie dégueu et on envahit, salut.
Le roman est découpé en chapitres qui changent de point de vue alternativement, signalant explicitement le nom du personnage suivi. Trône de fer, voilà. Lionel Davoust prend son temps pour approfondir chacun de ses héros, il nous place le monde selon leur perspective et nous livre leur ressenti, passe du temps à tout expliquer mais c’est parfois un peu excessif. Le roman avance trèèèèèèèès lentement. Il y a beaucoup de personnages car en plus de Mériane, on a tout un côté diplomatie/politique développé par d’autres protagonistes : Juhel, le duc de Mangécie qui complote, Luhac, frère du roi malade qui essaye de protéger son fils Erwel, ou encore la reine qui sent le pouvoir se barrer vite fait. Comme on change de point de vue tout le temps, j’ai commencé à m’y retrouver qu’après 200 ou 300 pages. Mais arrivé là, le roman m’avait déjà perdu en route. C’est un peu bordélique.
On passe beaucoup de temps à explorer les états d’âme de tout le monde, mais leurs relations (et les dialogues) manquent de quelque chose pour en faire un ensemble vraiment intéressant à suivre. Approfondir ses personnages est une bonne chose, mais approfondir la dynamique et les liens de tout ce beau monde est tout aussi important. J’avais pas relevé ça sur Port d’âmes, mais à postériori il souffrait peut-être aussi de ce déséquilibre. La relation centrale Mériane-Wer surtout ne m’a vraiment pas emballé : La jeune femme a un comportement d’ado en colère pendant tout le bouquin (déjà ça saoule un peu), et quand elle se retrouve avec ce Dieu auquel elle ne croit pas dans la caboche, ils passent leur temps à se foutre sur la gueule, se faire du chantage, se poser des ultimatums, ou bouder. C’est un peu insupportable, mais c’est très subjectif.
Non, je n’ai pas réussi à m’immerger dans ce roman. J’en suis resté détaché et n’ai rien ressenti pour son héroïne, exactement comme avec Port d’âmes. Que ça ne vous empêche pas d’essayer si il vous tente, je suis à priori le seul à ne pas avoir accroché. Il faudra peut-être envisager une psychothérapie chez un libraire compétent un de ces jours…
Lire aussi l’avis de : Phooka (Book en stock), Dup (Book en stock), Blackwolf (Blog O Livre), Bouchon des bois (Les lectures de Bouch’), Joyeux-Drille (Appuyez sur la touche lecture), Au pays des cave trolls,
J’avais déjà trouvé Port d’Âmes lent et avec trop d’interrogations de la part du héros, du coup j’attendais avant de me lancer dans celui-ci (d’autant que les suites ne sont pas écrites). Je reste dubitatif sur le fait qu’il me plaise.
C’est aussi très lent et bavard, si ça t’avait rebuté dans Port d’âmes, effectivement ça va pas s’arranger ici.
Alors personnellement, la gamine alternativement boudeuse / furieuse + la fantasy avec allégorie de la Chrétienté + la subtilité de Luc Besson dans la façon de traiter les thématiques + les 2500 personnages + le rythme très lent, ça va pas le faire, mais alors pas du tout. Et c’est dommage, parce qu’il me semble qu’il y a un aspect post-apo dans cette Fantasy, et ça par contre je suis client.
Au passage, je pense que je vais finir par revendre ou proposer en lot de concours mon exemplaire de Port d’âmes, parce qu’à force de lire des avis négatifs émanant de blogueurs et critiques de confiance dessus, je suis de moins en moins motivé pour le lire, même en 2021-2022.
Ah oui, le background est excellent, fantasy avec un brin de SF parti en sucette apocalyptique, c’est chouette. C’est tout le reste qui ne me va pas.
Si tu dois en lire qu’un, ça reste La route de la conquête. Je pense que son format « nouvelles » me convient mieux (vu que ça traine pas).
Moi je vote pour que tu lises un autre Davoust. Toi, tu te sentiras magnanime en lui laissant une autre chance, et nous ça nous permettra de lire une nouvelle chronique méchamment savoureuse 🙂
Déjà fait la route de la conquête et port d’âmes, je crois qu’il me reste plus que La volonté du dragon dans cet univers, mais je vais attendre un peu 😀
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Il y a lent et lent… J »avoue que cela ne me tente pas des masses même si l’univers aurait pu coller. Je verrai quand j’aurai moins à lire.
« Quand j’aurai moins à lire » -> haha, jamais donc 😀
C’est l’idée…. LOL 😉
Il y avait eu quelques temps morts aussi dans Port d’Ames et cela m’avait beaucoup déplu. Du coup, je ne lirai pas celui-ci mais il faudrait absolument que je me mette à la Route de la Conquête, si j’ai bien compris (tu n’es d’ailleurs pas le seul à en faire l’éloge).
Oui tu as bien compris !
J’avais bien aimé Port d’âmes. Je pense que le roman aurait gagné à s’alléger d’au moins 100 pages, et de quelques atermoiements, mais j’avais adoré Aniagrad. Je pense que je tenterai celui-ci à l’occasion.
Aïe ! Dionysos l’a lu et je me disais que je ne tarderais pas à me plonger dedans aussi mais je suis un peu douchée là ^^ Comme Apophis, le côté manque de subtilité et « gamine boudeuse » devrait vite m’agacer :-s
Dionysos a aime? Je cherche encore quelqu’un qui a le même ressenti que moi mais pour le moment je me sens seul 😀
Sa critique est en cours mais oui, il a eu l’air plutôt convaincu ^^
Tant mieux, si tout le monde y trouve son compte à part moi, c’est chouette 🙂
J’avoue que j’ai largement préféré cette héroïne au héros de Port d’Âmes : ça peut être vu de manière caricaturale, mais j’aime bien son côté « je ne veux pas servir, tu m’y forces mais je ne veux pas servir » 🙂
Quand ma critique sortira (fin du mois), je ne mettrai pas la note maximale mais je garde une certaine tendresse pour cet univers et un fort respect pour la manière qu’a l’auteur pour structurer tout ce récit.
Alors autant j’aime écouter l’auteur et ses comparses en podcast avec Procrastination, autant je n’arrive pas à franchir le pas et lire l’un de ses romans. Ta chronique conforte mon pressentiment. Je suis quasi sûr que ce n’est pas fait pour moi. T’as réussi à m’énerver rien qu’en décrivant succinctement l’héroïne ! 😀
Cependant, je note La route de la conquête et son format plus court.
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