Pour ce deuxième tome de la saga Honor Harrington, notre héroïne se voit prendre du galon, des responsabilités, et toutes les emmerdes qui vont avec. Après un premier tome explosif, David Weber nous emmène pour un second tour dans les coursives de ses grands vaisseaux militaires.
Honor est ici chargée d’accompagner une mission diplomatique du royaume de Manticore sur la planète Grayson. Ce caillou fort peu hospitalier se trouve entre La république de Havre et leur système et donc, comme Basilic, représente un enjeu stratégique pour les deux super-puissances. Premier problème : Les habitants de Grayson sont pas vraiment des adeptes de l’égalité des sexes, et voir une flotte dirigée par une femme peut être un peu difficile à avaler pour eux d’autant plus qu’Honor est pas la plus diplomate dans l’affaire. Second problème : La planète Masada, voisine et ennemie jurée de Grayson, complote dans l’ombre avec les force de Havre pour prendre le contrôle du système.
A première vue, on démarre sur le même principe que le roman précédent. On a une planète indépendante entre Manticore et Havre et les deux vont se taper dessus pour en prendre le contrôle. Heureusement, cette aventure-ci prend une tournure différente très rapidement. La mission est à priori diplomatique et encore une fois, l’auteur prend son temps pour installer le contexte, et c’est pas superflu. Le temps de présenter les différentes factions avec leurs conflits idéologiques, on approche les 200 pages mais on ne s’ennuie pas pour autant. Comme Weber n’a plus à présenter certains éléments détaillés dans Mission Basilic, il peut s’étendre sur d’autres sujets et explorer de nouvelles choses.
Un des thèmes centraux de cette nouvelle mission est le féminisme. En lisant mon résumé vous vous direz peut-être « bah, encore des méchants misogynes contre les gentils égalitaires » et… vous n’aurez pas forcément tort maaaaaaaais on nous apporte assez de nuances pour mesurer le propos et taper dans pas mal de zones grises. Les Masadiens sont ici les vrais fanatiques religieux, les tarés vraiment arriérés à qui on a régulièrement envie de foutre des baffes, ça c’est certain. Mais du côté de Grayson, Weber arrive à beaucoup nuancer la chose à travers des rencontres explosives ou des discussions plus posées. Elles mettront en évidence le choc de culture flagrant mais y apportent souvent des explications historiques, culturelles et nuancent le propos en présentant des Graysonniens « modérés » qui ont un discours réfléchi, etc… C’est notamment une grande discussion entre Courvosier et Yanakov qui va commencer à apporter une réflexion un peu plus profonde sur le sujet.
Mais on est pas non plus là pour bavasser pendant 560 pages ! Et de l’action on va y avoir droit ! De ce point de vue là, j’ai trouvé que ce deuxième opus était bien plus équilibré que le précédent qui avait gardé sa grande bataille pour la toute fin. Ici, le rythme est mieux maîtrisé grâce à une meilleure répartition de l’action au milieu du reste. On retrouve des grandes batailles navales spatiales à plusieurs moments-clé, avec le même sens du détail associé à une progression dramatique vraiment bien gérée. C’est complexe, clair, et prenant à la fois. Mais deux des scènes les plus marquantes se passent loin des tableaux de contrôle et des postes de pilotage. Ceux qui ont lu le roman reconnaitront sûrement de quoi je parle mais j’ai pas envie de les spoiler du tout. Weber arrive à faire exploser la personnalité de son héroïne dans à peu près tous les sens du terme dans quelques scènes puissantes, débordantes de rage, de violence et de drame. Ça vous retourne un peu quand même.
Autour d’Honor on a une galerie de personnages secondaires vraiment intéressants. Outre les quelques-uns qu’on connait déjà, l’auteur s’amuse à multiplier les points de vue de narration pour nous faire comprendre toutes les perspectives. Si ça a tendance à perdre un peu le lecteur parfois, ça a surtout l’avantage de nous faire voir tous les aspects du conflit et de nous faire ressentir de l’empathie pour presque tous les camps, à part pour Masada parce que là ça serait vraiment trop compliqué. Sauf si vous êtes un psychopathe fanatique mais je peux rien pour vous.
Pour l’honneur de la reine est une réussite qui arrive à surpasser le premier tome de la saga Honor Harrington, grâce à un meilleur équilibre entre tous ses aspects et surtout une puissance dramatique multipliée. Parfait mélange de rigueur science-fictionnesque, de personnages forts et d’intrigue parfaitement calibrée, David Weber va finir par me réconcilier avec la SF, et c’était pas gagné.
Lire aussi l’avis de : Lutin82 (Albédo), Herbefol (L’affaire herbefol),
Excellente critique. Pas mon tome préféré, mais incontournable dans la mesure où il introduit les Graysoniens, qui vont avoir un rôle fondamental dans la suite du cycle.
J’ai été content de voir que l’Atalante poursuivait sur sa lancée et allait publier le tome 3 dans la même collection poche en septembre. Et puisqu’on parle de sorties, la suite de Kings of the Wyld (Bloody Rose) est annoncée pour le 26 avril 😉
Oui, le tome 3 arrive, achat assuré pour moi 🙂
Ah c’est cool pour Bloody Rose, et ça confirme qu’on va suivre la fille de Gabe, on a eu un tout petit aperçu de son groupe dans le premier tome, ça promet.
Depuis le temps que je vois traîner cette saga sur les étagères de ma maman, je ne lui ai toujours pas empruntée. Pourtant elle n’en dit que du bien, mais je ne suis pas sûre d’accrocher à la SF militaire. Elle m’avait fait tester Peter F. Hamilton (Rupture dans le Réel), et je n’avais pas aimé, pourtant elle me l’avait bien vendu… Du coup j’hésite pour les David Weber…
Si ça peut te rassurer, j’aime rarement la SF 😀
Je suis tout à fait d’accord avec toi!
J’avais été agréablement surprise et séduite par le tome 1 avec ce personnage féminin dans une saga de SF…. et le tome 2 m’a franchement convaincue avec son féminisme!
Super critique!
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