La deuxième rafale des p’tits bouquins « Une heure lumière » chez Le bélial’ nous est arrivée, et toujours pour faire dans l’ordre j’ai attaqué Cookie Monster de Vernor Vinge. En bon inculte qui se respecte, je connais pas cet auteur mais son abonnement aux prix Hugo doit pouvoir témoigner de la qualité de ses écrits. Vérifions ça.
Plus court que ses prédécesseurs (une centaine de pages), Cookie Monster nous raconte l’histoire de Dixie Mae, jeune femme toute contente de démarrer son nouveau travail au service clients de la société LotsaTech. C’est son premier jour et elle est bien déterminée à se donner à fond, malgré le caractère bien lourd de son voisin de box Victor. Tout se passe plutôt pas mal jusqu’à ce que ce dernier l’appelle pour venir voir un truc : il a reçu sur son poste un mail mystérieux qui semble un peu trop bien informé sur Dixie Mae. Notre jeune employée sera bien décidée à découvrir ce qui se cache derrière cette mauvaise farce, mais n’a certainement aucune idée de la portée de ses prochaines découvertes.
Il serait dommage de trop en dévoiler sur Cookie Monster tant la plongée progressive dans ses méandres est surprenante. Dixie Mae et Victor vont, en partant de ce simple mail mystérieux, suivre le fil de leur raisonnement et se balader à travers le campus de LotsaTech et découvrir ce qui se cache vraiment derrière leur employeur. Difficile d’aller plus loin sans en gâcher la découverte, sachez simplement qu’on va aller vers un délire sur la science qui vous retournera bien le ciboulot.
Vernor Vinge part dans des concepts assez pointus mais arrive à en rendre la substance compréhensible pour le commun des mortels par le regard de Dixie Mae. Comme nous, elle est spectatrice de pas mal de discussions où d’autres personnages évoqueront des trucs bien perchés. On comprend pas tout, elle non plus, mais c’est pas vraiment un soucis parce qu’on pigera malgré tout l’important. Les mecs pointus en sciences théoriques auront sûrement des orgasmes intellectuels en lisant des trucs comme « condensat de Bose-Einstein ». Les gens normaux passeront par-dessus avec un élégant salto pour retomber sur leurs pattes deux lignes plus loin.
Mais ça ne dérange pas vraiment, parce qu’on est scié par le principe complexe mais bien amené de cette histoire. Je me suis parfois senti un peu largué, avant de reprendre le fil du truc un paragraphe plus loin, et là je ne pouvais que saluer la maîtrise du monsieur. L’auteur nous présente une descente vers une vérité hallucinante avec quelques clins d’œil au magicien d’Oz pour la métaphore. Je regrette quand même le rôle de plus en plus passif de notre héroïne qui restera sur le côté pour laisser le devant de la scène aux autres personnages, ceux qui savent à peu près de quoi ils parlent.
Oui parce qu’en lisant Cookie Monster, on a parfois l’impression d’assister à une discussion de savants fous qui partent complètement en délire sur une théorie, du coup le côté « sciences de pointe » qu’ont certains dialogues peut apparaitre superflu et nous fait sortir des personnages. On aurait pu raconter exactement la même histoire de manière plus digeste mais on sent que Vinge aime bien se prendre la tête sur ses concepts pour les explorer à fond, ce qui pourra en rebuter certains, et en ravir d’autres. C’est de la Hard-SF, en somme…
Cookie Monster étonne par son propos très malin et cohérent. Dommage qu’il parte un peu loin dans les explications perchées, lui donnant un côté « discussion scientifique » qui prend le pas sur la fiction pure. Pourtant, difficile de ne pas recommander ce petit bouquin, rien que pour l’intelligence de son propos.
Lire aussi l’avis de : Gromovar (Quoi de neuf sur ma pile ?), Nicolas Winter (Just a word),
Pour le coup le terme Mind Fuck est approprié ! 😀