Call of the bone ships est le second tome de la trilogie Tide Child, par RJ Barker
Le souci avec les lectures audio, c’est que j’ai certaines périodes où j’écoute beaucoup d’audiolivres, et d’autres périodes où pas du tout. Comme j’avais audiolu The bone ships, j’avais envie de continuer la série dans ce format mais je m’y suis repris deux ou trois fois avant d’arriver à me lancer dedans depuis plus d’un an que j’avais terminé le précédent. Mais là c’est bon, j’ai réussi à le dévorer ! Faut croire que ne pas avoir de travail, ça libère un peu de temps… Donc, Call of the bone ships, suite de The bone ships, c’est bien ou c’est très bien ?
Lucky Meas et l’équipage du Tide Child tombent au hasard d’une mission sur une épave dont les cales contiennent des dizaines de prisonniers humains et gullaime, maintenus dans des conditions horribles pour une destination inconnue. Intrigués et révoltés par leur découverte, Joron et Meas vont suivre les traces d’un trafic horrible qui cache un complot à grande échelle dans une course au pouvoir entre les Cents îles et Les îles Gaunt.
Si j’avais adoré The bone ships, il faut avouer que la première partie du roman était assez lente et « costaud » en installation de world-building, et que l’intrigue en pâtissait un peu. Il fallait presque la moitié du bouquin pour qu’on passe quelques vitesses et qu’on rentre dans le vif de l’action, mais on lui pardonne parce que, quand même, quel univers singulier avons-nous là (on en reparle après). Ce rythme en a peut-être rebuté plus d’un (ou au moins vous êtes prévenu.e.s) mais dans ce second épisode, évidemment on peut zapper les présentations et sauter directement dans l’aventure. Et quelle aventure, mesdames et messieurs ! Vous aimez les aventures navales ? Le suspense d’une voile ennemie aperçue au loin qui se rapproche ? Les tensions dans l’équipage qui peuvent exploser au pire moment ? Les tempêtes qui peuvent anéantir une flotte en quelques heures ? Tout y est ou presque, et rythmé à la perfection. Call of the bone ships est déjà un excellent roman d’aventure, avec de l’action, du suspense, des moments de joie et de désespoir, mais il y a plus.
L’évolution du protagoniste Joron Twiner est extrêmement bien gérée, après avoir été ramassé à la petite cuillère par Meas dans le tome précédent et avoir beaucoup fait office de spectateur sur son propre navire, ici il prend pas mal les choses en main. Joron prend à bras-le-corps son rôle de Deckkeeper, nous fait vivre avec tout l’équipage et prend des décisions vitales pour la survie du Tide Child. Et donc par opposition, Lucky Meas s’efface un peu pour laisser respirer le reste du casting, ce personnage si emblématique à l’aura si exceptionnelle reste quand même un gros point fort de la saga, mais on apprécie de voir Joron en autre chose que la groupie de Meas. Et à côté d’elle et Joron, l’auteur parvient à donner vie à tout un équipage aux personnalités variées et marquantes, Dinyl, Cwell, Aelerin, Solemn Muffaz, Mevans, etc… On ressent réellement la cohésion et les tensions d’un équipage vivant et travaillant à l’unisson, où chacun a son rôle. Et le Gullaime traine toujours sa carcasse de vieux piaf magique au milieu du vaisseau, tour à tour énervant, touchant, puissant et impressionnant.
Ainsi RJ Barker s’est approprié tous les codes de l’aventure maritime avec brio, tout y est, mais il a réussi à inclure ça au milieu d’un univers si complexe et original que ça en devient un chef d’œuvre d’inventivité et d’originalité qu’il est absolument indispensable d’avoir lu si on aime la fantasy (Sauf si vous lisez pas en anglais, mais j’espère sincèrement qu’un éditeur français va se mettre sur le coup même si c’est du gros challenge). Toute la culture maritime est ici réinventée pour coller à cet univers où le bois est inexistant et seuls les os d’arakeesian permettent de construire des navires pour dominer les mers de cet archipel géant. Cette culture va beaucoup se retrouver dans le langage, tous les termes spécifiques sont réinventés et réinterprétés, que ce soit les grades (Shipwife, Deckkeeper, Deckmother, etc…), les parties du vaisseau (wings pour les voiles, et d’ailleurs on dit qu’on navire « vole »), et même juste tous les termes qui décrivent le monde comme le soleil qui est l’œil de Skearith. Tout a l’air neuf, original, on doit réapprendre tout un équilibre et tout est cohérent, évocateur, vraiment une leçon de world-building exceptionnelle.
Et pour soutenir tout ça il fallait une plume vivante, du rythme, de la poésie. L’auteur sait quand ralentir et nous décrire longuement la mer et le ciel, mais il sait aussi nous plonger dans l’action, la frénésie, l’incompréhension, par des phrases courtes et énigmatiques, des images percutantes. Avec tout ça, tant de moments évocateurs restent en tête, avec en premier lieu une grande scène magistrale de réveil de keyshan, absolument grandiose. Encore une fois, ça a été pour moi mis en valeur par la narration audio de Jude Owusu qui donne vie à cet univers sur l’audio et ouah quel pied ! Je relirai un jour la saga sur papier, mais l’audio fait un boulot d’immersion merveilleux si on est dans les bonnes conditions d’écoute, c’est vivant, y’a de l’intonation, des accents, des émotions et des textures de voix, tout est magnifique.
Oui, je viens de passer toute une chronique à dire du bien de ce livre, j’ai pas trouvé de défaut. C’était superbe. Si vous le pouvez, ne passez surtout pas à côté de Tide Child, c’est dans ce second tome que l’auteur capitalise sur le précédent et déploie vraiment son talent, passant de la bonne aventure intrigante du premier tome à un vrai coup de poing, marquant et merveilleux.
Couverture : Hannah Wood
Narration audio : Jude Owusu
Éditeur : Orbit
Nombre de pages : 512
Date de sortie : 26 Novembre 2020
Prix : 9,99£ (broché) / 4,99£ (numérique)
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