Pour ce début 2023, j’ai décidé de me concentrer sur toutes ces suites de séries que je laisse trainer, toujours attiré par la nouveauté d’une saga inconnue. Mais non, maintenant on s’active et on lit des suites ! Hop hop hop ! Par exemple, voilà un tome 2 qui traîne honteusement dans ma PAL depuis plus d’un an : Le retour du hiérophante, suite du très bon Les maîtres enlumineurs, il est tout triste, peuchère.
Depuis la fin de leurs aventures trois ans plus tôt, Sancia et sa clique n’ont pas chômé : Ils ont monté une start-up de conseil en enluminures. Leur but est de promouvoir le partage des connaissances et l’entraide entre tous les enlumineurs indépendants qui ont quitté les grandes maisons marchandes. L’enluminure libre, quoi, open-source, tourne sur Linux, tout ça tout ça. Ils décident de s’attaquer au monopole de la maison Michiel et s’en sortent plutôt bien mais voilà qu’un gros souci débarque dans le port de Tevanne. Le premier des légendaires hiérophantes est de retour, il a des pouvoirs cosmiques phénoménaux et un plan qui va pas faire dans la dentelle. Nos héros vos devoir se dresser contre cette menace démesurée, un combat désespéré les attend.
Le retour du hiérophante démarre dans la droite ligne du tome précédent, avec une bande de gauchiasses qui veulent faire tomber les grandes « maisons » et partager les richesses. On organise des coups pour voler les précieux lexiques d’enluminures et les rendre disponibles pour tout le monde. Il faudra pas être chercheur en économie pour percevoir le message politique derrière le but de Sancia, Bérénice, Gregor et Orso. Mais l’arrivée de ce cher hiérophante va reléguer toutes ces considérations à l’arrière-plan puisqu’on va maintenant avoir affaire à gros méchant qui veut tout casser. Et c’est là que ce tome 2 perd un peu par rapport à son prédécesseur : à la place d’ennemis tout à fait humains, on se retrouve avec un gros méchant qui veut tous nous buter pour notre bien. Et si l’aura de cet antagoniste est très réussi, si il donne lieu à des scènes impressionnantes, on regrette son côté bourrino-manichéen même si l’auteur tente de justifier son but par des justifications pétées (un peu à la Thanos). C’est dommage parce que ça met de côté tout le côté social et politique qu’on commençait à mettre en place avec Interfonderies.
Fort heureusement, l’alchimie de notre groupe de héros fonctionne toujours aussi bien. On prend un réel plaisir à retrouver cette bande de voleurs, car ils ont tous les quatre leur rôle à jouer, leur importance dans les plans pour parvenir à leurs fins. Sancia est toujours la voleuse talentueuse qui peut se faufiler partout et retourner les enluminures, mais Bérénice a la connaissance et la mémoire pour forger les outils qui leur serviront. Gregor est le gros bras, mais son arc narratif sera très intéressant puisqu’il doit encore s’affranchir de sa « malédiction » personnelle et en découvrir les secrets. On suit une série de « missions » dangereuses et palpitantes à leurs côtés, ils rendent la lecture fluide et prenante.
On a bien quelques soucis de rythme puisque le bouquin traîne un peu sur ses 600 pages, on a une structure assez redondante pendant les 3/4 de l’histoire qui sera faite de « ah, on doit s’introduire dans TRUC pour récupérer TEL OBJET pour parvenir à faire MACHIN » et se rendre compte 20 pages plus loin qu’ils ont besoin d’encore autre chose. On radote beaucoup, donnant à tout ça un sentiment de jeu vidéo découpé en « missions d’infiltration » qui se répètent. On se répète aussi avec Crasedes, le fameux hiérophante qui nous joue en boucle son numéro de « je flotte en l’air assis en tailleur pendant que je fous le bordel partout et que les gentils courent dans tous les sens ». Heureusement, Robert Jackson Bennett a ce talent pour nous faire immerger dans son action sans trop de souci, donc c’est jamais chiant à proprement parler, juste un peu redondant.
Mais petit à petit on va lever les mystères, avancer dans les intrigues, assister à des révélations qui nous font découvrir cet univers plus avant. Il y a une montée en puissance des possibilités offerte par l’enluminure à un niveau jamais vu (lu), offrant à Crasedes des pouvoirs sans égal ou presque, on joue avec l’espace et le temps pour mettre nos héros devant des défis toujours plus insurmontables. L’auteur a une tendance sandersonnienne à un peu trop rentrer dans les détails de son système, ce qui me perd un peu parfois, mais il faut avouer que ça fonctionne bien, on donne une dimension assez vertigineuse à la menace qui se présente. Et je dois avouer que le codeur en mois s’amuse beaucoup à voir ces personnages se creuser la tête pour contourner, hacker, le fonctionnement de la réalité même.
Et finalement, malgré ses longueurs et son méchant un peu caricatural, on plonge la tête la première dans Le retour du hiérophante, on est emportés par les enjeux qui touchent nos héros, par la démesure de l’univers qui se déploie devant nous, par ses possibilités qui font faire de la gymnastique cérébrale et tournent parfois en combats dévastateurs à la Dragon Ball Z (il parait que le tome 3 c’est encore plus n’importe quoi de ce côté-là). Le plaisir est là, c’est bien l’essentiel.
Lire aussi l’avis de : Apophis (Le culte d’Apophis), Marc Ang-Cho (Les chroniques du chroniqueur), Célinedanaë (Au pays des cave trolls), Dup (Book en stock), Les lectures du Maki, Fantasy à la carte, Boudicca (Le bibliocosme), Le nocher des livres, Aelinel (La bibliothèque d’Aelinel),
Couverture : Didier Graffet
Traduction : Laurent Philibert-Caillat
Éditeur : Albin Michel Imaginaire
Nombre de pages : 626
Sortie : 29 Septembre 2021
Prix : 24,90€ (broché) / 12,99€ (numérique)
je l’ai dans ma PAL, j’ai hésité un bon moment à le mettre dans ma liste des 12 livres à lire en 2023, je pense que ce sera lu en 2023 car il me tente encore méchamment, méchant caricatural ou pas!
Du coup c’est un peu le treizième de ta liste des 12 livres à lire 🙂
Même pas encore lu le premier tome !!! Si tu savais toutes les sagas que je n’ai pas terminée, faut de temps, parce que j’ai oublié,…. :/
Oh… Je sais… XD
Mais enfin, qui t’en as parlé avant moi ?? PTDR
On pourrait en faire un bandeau rouge vendeur (pour une fois) : « La fusion entre Dragon Ball et l’enluminure ».
J’appelle l’imprimeur
Va falloir que je l’exhume des abysses de ma Pal, un jour^^
Va falloir organiser une expédition spéléologique, à ce niveau là
Suffit que je récupère les lampes de poche 😀
Ping : Le radar de l'ours, Avril 2023 - L'ours inculte