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Le bouffon de la couronne, Triste sire

Le bouffon de la couronne est la première de deux parties, une suite est à paraitre.

Ouuuuuuuf, voilà donc une chronique sur un bouquin qui m’a occupé à peu près tout le mois d’Avril. Si il n’y a pas eu énormément d’activité sur le blog ce mois-ci c’est pour cette raison : J’ai mis 4 semaines à venir à bout du joli pavé de 640 pages qu’est Le bouffon de la couronne de Thibault Lafargue. J’ai ramé, mais ça ne veut pas dire que le bouquin est mauvais, donc expliquons tout ça.

Sébrain est un jeune apprenti qui apprend à faire du pain et à vénérer le Triste, mais le jour où il a l’honneur d’être à la table royale lors d’un évènement diplomatique majeur, il fait une grosse boulette. Pour faire passer la pilule auprès de diplomates étrangers, on le déclare bouffon du roi et voilà donc notre Seb propulsé comme amuseur royal, constamment dans l’ombre du souverain en des temps de complots, de trahisons et de dangers.

Des intrigues de cour, un fou, un jeune protagoniste qui découvre la vie au château du roi, évidemment le parallèle avec le fameux Assassin royal de Robin Hobb est immédiat quand on parle du Bouffon de la couronne (d’autant plus pour quelqu’un qui l’a relu récemment). Thibault Lafargue l’assume d’ailleurs dans les remerciements en citant l’autrice légendaire et on comprend que plus qu’une « œuvre inspirée de », on a ici un hommage. Mais ce roman-ci se distingue tout de même fortement de son modèle par une ambiance et un world-building bien à lui, avec cet univers médiéval où Occident et Orient se font la guerre sur un continent dominé par le culte du Triste : On vénère la tristesse, les larmes son sacrées, et il y a toute une mythologie autour de figures comme le Marionnettiste, ou encore le pain qui a l’air d’avoir une place à part puisque le moulin est un lieu quasi-saint. D’un autre côté on apprend assez vite que tout ce qui est artistique est interdit, la peinture, la sculpture, la poésie, tout ça est sacrilège.

Sébrain va être introduit à la cour au beau milieu d’une situation diplomatique tendue entre le roi local et le sultan ennemi qui est en visite diplomatique pour tenter d’établir la paix. Mais évidemment tout ne se déroule pas comme prévu et plusieurs évènements vont mettre des bâtons dans les roues royales, et l’auteur a construit un édifice vraiment remarquable dans toute la mécanique de ce roman. La découverte de cet univers, les révélations sur ses secrets et les évènements inattendus s’enchaînent avec beaucoup de fluidité, on a des coups de théâtre, des fausses pistes, des mystères dans un bouquin dense mais qui se dévoile petit à petit.

La galerie de personnages secondaires forme une grande toile de relations et de caractères marqués qui donnent vie à l’univers, et Sébrain navigue dans ces cercles qui sont nouveaux pour lui. Notre protagoniste apprend un peu sur le tas le métier de bouffon même si ça a pas l’air d’être super-compatible avec son caractère, il va se faire violence pour apprendre à tirer parti de ça mais va aussi avoir son petit lot de secrets à lui. On va le suivre dans les passages secrets du château pour épier ses occupant.e.s, mais aussi dans ses escapades secrètes à l’extérieur pour aller retrouver son béguin du moment et par la même occasion découvrir l’univers clandestin des Artistes, en voilà un double-jeu risqué.

Si je reconnais volontiers les grandes qualités de construction et d’univers du roman, un des éléments qui ont rendu ma lecture un peu laborieuse est que Sébrain est un héros jeune et naïf à l’image d’un Fitz de Robin Hobb (encore), mais en encore plus crispant. Il chouine beaucoup, il fait assez n’importe-quoi, notamment parce qu’il a des béguins d’adolescent et le cerveau-foutoir d’un adolescent, et il subit énormément l’histoire, il s’en prend vraiment plein la gueule. Les rares fois où il prend une décision et agit, ça lui revient dans la poire et on va se rouler en boule dans sa chambre avec lui. Son statut de victime permanente des évènements, combiné au côté sombre et dépressif de l’univers, on rendu par moment la lecture très pénible pour moi, enfin on vénère la tristesse quoi, ça pose l’ambiance. Ce ne sont pas des défauts à proprement parler puisque ceci est sans doute tout-à-fait délibéré et habilement mené, la couverture magnifique montre bien que ça va pas être « La fête à la maison » et que c’est voulu, mais ça a donné une lecture « plombante », enfin je l’ai reçue comme ça et c’est très subjectif, certains jours j’avais pas envie d’y revenir, j’y allais à reculons.

On a avec Le bouffon de la couronne un cas flagrant d’incompatibilité d’humeur. Malgré un roman aux qualités indéniables et à l’univers original et intrigant, j’ai été assez repoussé par son ambiance déprimante et son protagoniste « punching-ball de l’intrigue ». Mais j’insiste sur le fait que ça vient de moi et pas de défauts du bouquin en lui-même, l’auteur fait parfaitement ce qu’il a manifestement voulu faire, c’est brillamment exécuté. Mais la vache c’était pas pour moi à ce moment-là. Remarquez, ça collait assez bien avec le mois-d’Avril pluvieux qu’on a eu, c’est toujours ça de pris.

Roman reçu en Service Presse de la part de l’éditeur ActuSF, que je remercie.

Lire aussi l’avis de : Les blablas de Tachan, La geekosophe, Sometimes a book,

Couverture : Hervé Leblan
Éditeur : ActuSF
Nombre de pages : 640
Date de sortie : 11 Mars 2025
Prix : 24,90€ (relié) / 9,99€ (numérique)

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Cet article a 7 commentaires

  1. Baroona

    640 pages et seulement un tome 1, l’hommage à Fitz est vraiment total. J’espère qu’on aura aussi une version découpée en 3, tant qu’à faire.

    1. L'ours inculte

      J’ai pas précisé mais c’est déjà découpé en deux tomes, la suite est à paraitre 🙂

  2. belette2911

    Je ne l’avais pas surligné, donc, je ne rate rien et je ne suis pas tentée 😉

  3. Symphonie

    Je l’ai quand même pris ce week end malgré mes craintes par rapport au perso « Fitz like » (auteur très sympa par ailleurs), mais je note l’atmosphère plombante, on essaiera de choisir le bon moment pour le lire, quitte à lire un Pratchett en parallèle comme je fais svt pour ce genre de bouquins^^

  4. Jourdan

    Ça ressemble à L’Arlequin,mais je sais pas si le personnage du roman évolue de façon rusée.
    Ça m’interesse de le lire.Merci.

  5. shaya

    Faut voir, l’hommage à Robin Hobb est tentant mais le côté adolescent un peu moins.