Après un premier tome enthousiasmant (auréolé d’un World Fantasy Award), j’ai pas trop trainé pour lire la suite de la saga de Fonda Lee, Jade War. J’avais hâte de voir ce que deviendrait le clan No Peak dans ces circonstances difficiles, alors ramassez vos petits cailloux verts, on y va.
Kekon est toujours déchirée par la guerre qui oppose le clan No Peak à leurs rivaux du clan One Mountain. Les Kaul essayent de gérer toutes les facettes du business familial pour être suffisamment puissants, mais les ennemis surgissent de tous les côtés. On a le clan rival incarné par Ayt Mada, mais certaines puissances étrangères vont venir se foutre au milieu et compliquer les choses. Une guerre a éclaté, et les deux pays étrangers convoitent évidemment le jade de Kekon (qui donne des capacités surhumaine aux Kekonnais) pour combattre leur ennemi, la porte ouverte à une guerre économique interne mais aussi à l’émergence d’un marché noir. Un contexte politique bien tordu donc, mais avec des humains bien réels au milieu.
On va essayer de ne pas gâcher les évènements marquants du tome précédent, donc je vais rester vague sur la nouvelle structure du clan, mais on peut globalement dire que la famille Kaul commence à prendre les rennes de No Peak et ce second roman les met dans une position délicate. Pour la survie du clan, ils vont devoir prendre des décisions difficiles, commettre des actes assez « discutables » (Hein, Hilo, mon petit salaud ?!), faire des alliances extérieures et se forger une belle carapace. Dans la manœuvre, on a perdu un peu du côté attachant et humain qu’ils pouvaient avoir dans Jade City, mais bon, quand on dirige une bande de criminels, quelque part faut s’y attendre. Heureusement il y a Anden, le cadet est envoyé en exil à Port-Massy et devra s’intégrer dans une culture différente, en essayant de défendre les intérêts de Kekon comme il peut. Il va découvrir une communauté Kekonnaise immigrée à l’étranger, un pseudo-clan attachant, et l’amour sous les traits du jeune Cory.
Le tout est toujours extrêmement bien ficelé, l’intrigue est un immense imbroglio politico-business qui a des conséquences multiples mais reste clair et fluide pour le lecteur. Les questionnement moraux sont encore là mais la protection du clan et du pays passe avant tout. Dans ce sens on ressent encore plus l’influence « films de gangsters/Le parrain au Japon » assumée par l’autrice. Le roman met ses pions en place avec patience et minutie, mais demande un peu de patience du lecteur. Heureusement il réserve quelques pics d’adrénalines bienvenue qui donnent un rythme à la lecture, un exemple magistral sera le duel contre Ayt Mada qui m’a bien scotché. Pourtant, dans l’ensemble, Jade War apparait comme un tome de transition, une parenthèse où on met finalement de côté les problématiques centrales du premier pour s’occuper d’autre chose, et revenir en fin de bouquin sur là où on en était.
Mais on approfondit quand même pas mal d’éléments, Fonda Lee a réussi à créer un système de « magie » (Le jade) et à l’exploiter de manière extrêmement réaliste en construisant tout un équilibre géopolitique et social autour de tout ça. On voit rarement ça en fantasy, du moins pas à ce point, c’est remarquable et donne une saveur très particulière à l’univers des Green Bones. La lecture est immersive, et donne une assise à ces héros qu’on aime voir évoluer et grandir, tout en mettant en place l’avenir qu’on a hâte de découvrir dans Jade Legacy (prévu pour 2021) qui devrait nous présenter la nouvelle génération de Green Bones, et là je suis hypé.
Prenant sans être aussi attachant que le premier tome, Jade War reste une suite extrêmement solide à Jade City. Fonda Lee forge une carapace à ses héros, les fait grandir et leur oppose des défis qui les forceront à resserrer les rangs, à rester implacable pour la survie de leur clan.
J’ai les deux… ya plus qu’à, n’est-ce pas! Je l’ai mis dans ma pile de l’été!