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Bain de boue, Mud Max

Quand Les éditions du sous-sol m’ont proposé la lecture de Bain de boue par Ars O’, j’ai un peu hésité parce que c’était manifestement pas un bouquin vers lequel je serai allé spontanément, avec sa couverture blanche moche, son résumé post-apo basique et un.e auteurice mystère sous pseudo. Mais j’étais en vacances, j’avais un peu trop de joie de vivre, alors j’ai dit oui.

Après la catastrophe, La bauge. De la boue partout, et une communauté qui s’est formée autour du Jardinier, qui règne sur les pelleteux et les puterels. Les premiers doivent repousser la boue sans cesse et les seconds sont son petit harem de gosses parce que c’est un gros porc de merde dégueulasse. Lana et Rigal, deux pelleteux arrivés à La bauge quelques années auparavant, décident de fuir, accompagnés du Puterel roux et de la Môme, ils vont braver la gadoue pour retrouver leur liberté.

Il y a une belle idée derrière Bain de boue, ce post-apo où on remplace le classique désert par de la bouillasse à perte de vue est très intéressant et bien exploité dans le bouquin. Les protagonistes font tout pour rester au sec un maximum, une chute et c’est la merde, une coupure et l’infection n’est pas très loin. On a donc un groupe de personnages qui partent dans une épopée splotch splotch pour fuir un « Immortan Joe » franchouillard qui règne en maître sur une cour de gamins parce qu’il est le seul à savoir faire pousser une carotte, apparemment. Bon, iels partent pas en buggy qui crache des flammes, la comparaison à Mad Max s’arrête au gros tyran monstrueux, là on reste à pied, et les plus chanceux auront des chaussures, ou un truc qui s’en rapproche.

L’écriture d’Ars O’ va refléter son univers, on va alterner les points de vue dans le petit groupe et comme on a affaire à des gosses qui ont grandi là-dedans, voire y sont nés pour certains, ils s’expriment pas super-fleuri. Les phrases sont courtes, le langage est familier, grossier. On sent cet univers dégueu qui s’exprime dans la narration, c’est cohérent et ça donne une couleur bien crade à l’œuvre. Le style est taillé à la hache, c’est direct, violent et sans détour. Et si un voyage dans la merde vous enchante, achetez le bouquin et profitez du voyage.

Moi ? J’ai pas passé un super moment, et je remercie le ciel que Bain de boue ne fasse que 250 pages. Je me doutais que ça allait pas être une ballade bucolique, mais l’auteurice va tellement à fond dans le drame et le dégueu que ça m’a semblé presque trop. La quatrième de couv’ nous vend une « épopée flamboyante » et des « personnages aussi énigmatiques qu’attachants », et mon cul c’est du poulet. J’ai pas trouvé grand chose d’attachant dans ce groupe qui passe toute l’aventure à se cracher à la gueule, à se méfier les uns des autres en gueulant à longueur de temps. Je vois pas ce qu’il y a de « flamboyant » dans cette sale randonnée qui patauge, ce serait plutôt l’inverse à mon sens. Y’a un aspect « on y va à fond les ballons » dans l’âpre et le dur qui ne me convient pas du tout, et le viol d’enfants, bof, ça fait pas trop partie de mes kifs de vacances.

Grosse erreur de casting, pour le coup. J’étais pas du tout la bonne personne à qui envoyer ce Bain de boue. Si vous aimez votre post-apo conceptuel, bien sale et dur, qui relève à la fois de l’exercice de style et de « jusqu’où on peut pousser le bouchon, Maurice », c’est peut-être pour vous. Il manquait d’humanité et de lumière pour moi.

Roman reçu en Service Presse de la part des éditions du sous-sol.

Lire aussi l’avis de : Laird Fumble (Le syndrome Quickson),

Couverture : Odilon Redon
Éditeur : Les éditions du sous-sol
Nombre de pages : 256
Date de sortie : 18 Août 2023
Prix : 19,50€ (broché) / 13,99€ (numérique)

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