Quand Dimitri Loose m’a proposé la lecture de son premier roman pour le chroniquer, j’avoue que j’ai eu un peu peur : Un premier livre, auteur amateur inconnu, pas d’éditeur, une couverture pas franchement super-belle… Mais poussé par ma curiosité et un temps libre beaucoup trop présent, j’ai accepté…
Lancelot est le premier tome d’une série fantastique, La Carte Oubliée, qui raconte les mésaventures de plusieurs personnages qui vont se retrouver embarqués malgré eux dans Le Grand Jeu, une partie de cartes qui se joue ailleurs, bien loin au-dessus de nous (ou au-dessous, au choix). Le premier est Jonathan, joueur de poker invétéré qui va tout à coup devenir télépathe, plutôt pratique pour jouer aux cartes. Tandis que Miguel, un glandeur de première, va hériter de l’empire de son père milliardaire, une occasion en or pour glander encore plus, mais les joueurs Du Grand Jeu ne vont pas le laisser barboter dans sa mare de billets bien longtemps. Plusieurs autres personnages vont s’inviter à la fête, le livre fait se croiser tout ce petit monde vers un plan qui les dépasse.
Récit contemporain et fantastique, le livre m’a fait penser par certains côtés à la série Heroes, où un groupe de personnages va se réveiller avec des pouvoirs pour converger vers un destin commun. Mais le ton du récit est très différent (et aucun délire de super-héros, évidemment), assez sombre et cynique, mais avec un côté léger et amusant. Les personnages sont actuels et intéressants, même si on a parfois l’impression que la blasitude de Miguel est un peu too much, c’est le personnage le plus froid et distant de l’histoire et on s’y attache finalement peu, à part indirectement, par l’intermédiaire de Rachel.
Mais le plus fun à découvrir est cette « meta-histoire » mystique de Grand Jeu, donnant à la destinée de tout ce bordel une cohérence mystérieuse et on prend plaisir à suivre ce puzzle géant se mettre en place. Malheureusement c’est un premier tome, donc la frustration de la fin en bon vieux « To be continued » est bien présente, j’aurai préféré une conclusion plus ferme parce que là, c’est vraiment un vieux (plutôt bon) cliffhanger des familles, et à bientôt pour la suite on sait pas quand.
Le texte est agréable, fluide, amusant et facile à lire. J’ai lu le bouquin en trois jours et c’est vraiment une écriture que j’apprécie, rythmée, centrée sur les dialogues et les personnages, sans lourdeur, et pourtant avec une trame qui se met en place avec efficacité et une construction générale maitrisée. Par contre on sent le manque d’éditeur, je sais pas si c’est à la moulinette ebook ou dès l’écriture, mais mon exemplaire (sur Kindle) a quelques coquilles, pas mal de traits d’union manquants, de sauts de paragraphes au milieu des dialogues, ou leur absence quand il en aurait fallu, etc… On s’y habitue vite et ça ne gâche pas la lecture mais c’est dommage.
Quand on me parle d’auto-édition et d’auteur indé, je m’imagine un fan de littérature de genre qui écrit un bouquin déjà-lu cent fois, maladroit, bouffé par ses influences et sans aucune originalité. Pour le coup j’ai tort. La Carte Oubliée n’est pas un chef-d’œuvre de la littérature qui changera nos vies, mais c’est un très bon divertissement pour les amateurs de fantastique, une sucrerie littéraire efficace et plaisante qui se lit vite et bien.
Ce premier tome se trouve en version papier sur le site de l’auteur ou en numérique uniquement sur Amazon, j’vous avoue qu’à 20 euros, la version papier reste pas donnée, mais si vous lisez en numérique ça vaut bien les 3 euros de la version Kindle (et si vous avez une autre liseuse, apprenez la magie de Calibre et de ses plug-ins, parce que le DRM c’est toujours mal).