Après avoir brillamment manipulé son monde dans L’ombre du pouvoir, le bâtard de Kosigan revient avec sa compagnie de mercenaires dans une seconde aventure intitulée Le fou prend le roi. Toujours écrit par Fabien Cerutti et édité par Mnémos, ce second tome nous plonge encore une fois dans cette France du XIVe siècle pimpée à coups de créatures magiques et de sorcellerie.
Rien ne va plus en 1340, la France et l’Angleterre commencent à se taper dessus ouvertement dans les prémices de la Guerre de cent ans, mais dans l’ombre les comploteurs complotent et les assassins assassinent. Dans cette foire à la saucisse internationale, Pierre Cordwain de Kosigan et sa troupe de mercenaires sont engagés par le sénéchal du roi d’Angleterre Edward III afin d’enquêter en secret dans l’entourage du roi de France. Ils devront mettre en lumière un complot qui, bizarrement, ne vient pas de lui, promis, juré. Le bâtard se rend donc à Lens dans le comté de Flandre, d’où Philippe VI de Valois regarde ses bateaux couler. Il va devoir jouer double-jeu pour se faire accepter à la cour du roi tout en bossant pour celui d’en face, mais ce qu’il va découvrir va bien au-delà des intrigues politiques habituelles.
Le roman est toujours entrecoupé de chapitres se déroulant à la fin du XIXe siècle où Kergael, descendant du bâtard, se démène pour élucider le mystère de son ancêtre dont les aventures ont l’air bien éloignées de l’histoire officielle. A l’aide de ses contacts et à travers un jeu de piste mystérieux, il a pu suivre la trace du mercenaire mais ce n’est pas sans danger, il va l’apprendre à ses dépends. Cette partie de l’histoire, racontée sous forme épistolaire, est bien mieux mise en place que dans le tome précédant, où j’avais trouvé qu’il ne se passait pas grand chose jusqu’à la toute fin. Ici c’est beaucoup mieux réparti, les révélations et aventures s’enchainent. La sensation de danger fait gagner à l’histoire de Kergael plus de suspense que la simple enquête archéologique du premier roman.
De bien belles couvertures pour la série
Même constat pour la partie moyenâgeuse du bouquin, cette suite fait mieux que le livre précédent qui était déjà excellent. L’intrigue se renouvelle car Pierre n’est plus l’instigateur des manigances mais c’est lui qui devra les révéler, on passe du rôle de manipulateur à celui d’enquêteur (mais on manipule quand même un peu hein, on se refait pas…). Dans cette optique, le bâtard est moins maitre de la situation, il va donc prendre beaucoup plus de risques que dans L’ombre du pouvoir. Grâce à ses quelques facultés surnaturelles, il donnait l’impression d’être quasi-intouchable, ça avait un côté Superman qui en jette mais diminuait un peu l’impression de danger qu’une aventure pareille aurait pu provoquer. Dans cette suite il n’en est rien, pouvoirs ou pas, notre héros va en prendre plein la gueule et le lecteur va rester accroché au bouquin, tenu par le suspense et le danger.
Le bâtard aura plus que jamais besoin de ses mercenaires pour sortir vivant de ce joyeux bordel, et c’est la seconde amélioration appréciable de cette suite. Les hommes et les femmes qui travaillent sous ses ordres vont prendre plus d’importance, ils apparaitront donc comme de vrais personnages et plus comme de simples outils bien pratiques. Pierre est toujours en première ligne mais ses hommes le soutiennent tout le long, on sent bien mieux leurs relations et la confiance qui lie les mercenaires à leur capitaine. Les scènes d’action gagnent en intensité grâce à ça, les combats ont un aspect tactique bien mis en place par l’auteur et on sent presque un petit air de Compagnie noire flotter au-dessus de notre lecture.
Le rythme de l’aventure est toujours très soutenu, par moments on se croirait dans une grosse partie de jeu de rôle où les ennemis déboulent au fur et à mesure que le groupe avance dans les souterrains, d’autant plus que la magie y est beaucoup plus présente. Mais ça ne veut pas dire que l’intrigue est simple. On a toujours un scénario complexe mais qui se déroule naturellement, la compréhension est fluide, l’auteur excelle dans le dosage entre l’action et les révélations, nous proposant un livre riche et pêchu à la fois. Son style reste dynamique et percutant, il emporte les pauvres lecteurs que nous sommes, et on en redemande.
Oui, j’ai vraiment aimé ce second tome du Bâtard de Kosigan, il garde les qualités de son prédécesseur tout en proposant quelques changements bienvenus. Il y a du suspense, de la baston, de la magie, des mystères et d’excellents personnages… Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ?
Vous pouvez lire ma critique du tome 1 et aussi les avis de : Boudicca (Le bibliocosme), Blackwolf (Blog-O-livre), John Doe (Elbakin), Joyeux drille (Appuyez sur la touche lecture),
Un gros coup de cœur en ce qui me concerne ! 🙂
Gros coup de cœur pour moi aussi; J’ai découvert cet auteur aux Imaginales et j’ai adoré ses 2 romans.
Si il s’améliore à chaque tome, on est pas sortis de l’auberge ! 😀
C’est le plan! 🙂 (Merci pour cette chouette chronique et je vais déjà essayer de rester dans la lignée, ce sera déjà pas mal ;))
Oh oui, plus que « pas mal », une suite du même calibre me conviendrait amplement (et je suis pas le seul apparemment) !
Allez, au travail ! 😀