Tout ce qui meurt est le premier tome de la série Charlie Parker, par John Connolly
J’avais lu un tome complètement au pif de la saga Charlie Parker il y a quelques années, parce que j’avais remporté Le temps des tourments dans une opération Masse critique du site Babelio, et en fait c’était le tome 15 ! Et bizarrement j’avais beaucoup aimé ma lecture et depuis je me dis que je dois commencer la saga au début. J’ai mis un peu de temps mais j’ai profité des vacances pour me caler Tout ce qui meurt, la première enquête de Charlie Parker.
Charlie Parker est un flic qui commence à picoler un peu trop pour son propre bien et le bien de sa petite famille. Un soir de dispute conjugale, le monsieur se casse de chez lui pour aller se noyer dans quelques verres. Mais quand il revient chez lui, c’est pour trouver sa femme et sa fille assassinées, mutilées, dans une mise en scène macabre. Bien évidemment, il prend pas la chose très bien, et ça lui prendra quelques mois pour se reprendre un minimum en main, on le comprend. Après plusieurs mois, il devient chasseur de primes pour se remettre dans le bain et va se retrouver mêlé à une histoire complexe de disparition, de meurtres et de mafia. Mais le meurtrier de sa famille est toujours en liberté, et Charlie ne lâchera pas cette affaire-là non plus.
Le bouquin commence comme un thriller comme il y en a beaucoup, avec scène de crime dégueulasse (Content warning : c’est saignant), tueur pervers dérangé du cerveau, le désespoir et l’alcool. Mais assez vite on se rend compte que les méthodes de Charlie « Bird » Parker vont sortir un peu des clous par rapport au flic lambda, il a passé une barrière, et comme son enquête va l’amener à papoter avec les pontes de la mafia, il va s’adapter et rentrer dans le lard de tout le monde. Y’a un côté épique et jouissif à voir ce héros bad-ass arriver comme un énorme cheveu dans la soupe dans le bureau d’un intouchable, et lui toucher la gueule bien comme il faut. Parker c’est presque un héros Gemmellien coincé dans l’époque moderne qui libère sa nature dans ce premier tome. Y’a un peu de Jack Reacher là-dedans aussi, mais comme Reacher est devenu assez débile après quelques tomes, j’ai arrêté cette saga et je pense que le héros de John Connolly fera un bon remplaçant.
Notre Bird est épaulé dans ses aventures par deux amis criminels, Angel et Louis, qui forment un couple et sont respectivement cambrioleur et tueur à gages. Le trio formé par Charlie, Angel et Louis est phénoménal, y’a une relation de respect et d’amitié très particulière entre eux, et beaucoup de mystère sur l’origine de cette collaboration. Et l’auteur a une manière de les représenter de manière absolument iconique pour leur donner une aura vraiment particulière, et extrêmement bad-ass. C’est ce qui donne une identité particulière à cette série pour moi (pour le moment), j’avais déjà adoré ça sur Le temps des tourments, et c’était le cas ici aussi.
Pourtant, on a quelques petits défauts, liés à la fois au fait que c’est un premier tome, mais aussi un truc bien ancré dans ses années 90, en premier lieu son personnage féminin un peu moyen, « profileuse » du FBI qui finit dans le lit du héros sans qu’on sache vraiment trop pourquoi, et qui sert vraiment que de love-interest mélangé à un moyen de faire de l’info-dump régulier pour expliquer les motivations du tueur. Comparé à Charlie, Louis et Angel, Rachel fait pâle figure et manque cruellement de personnalité. On peut ajouter à ça la structure assez étrange du bouquin qui fait plus de 600 pages et enchaîne en fait deux enquêtes, on a l’impression que deux romans ont été collés l’un à l’autre. Et ça ne serait pas un problème si ces deux enquêtes ne se ressemblaient pas autant. Dans les deux cas on a plusieurs trames qui se rejoignent, mélangeant meurtre, disparition, mafia locale et flics qui essayent de contrôler un Charlie incontrôlable. On s’imagine presque que l’éditeur a collé deux versions d’un même roman l’un après l’autre. Les deux sont très bons, j’ai quand même lu le pavé en une semaine mais ça fait bizarre.
Malgré ses défauts, ce retour au début de la série Charlie Parker m’a convaincu de continuer, j’ai pris plaisir à replonger dans l’univers du thriller avec des protagonistes hors-normes et de la grosse bagarre. J’avais presque arrêté ce genre que je dévorais à une époque après avoir été lassé de la surenchère de gore et de « flic traumatisé ™ », mais ici y’a un truc particulier qui m’intrigue, et une indéniable efficacité.
Couverture : Minden Pictures / Plainpicture (stock d’images)
Traduction : Philippe Hupp et Thierry Arson
Éditeur : Presses de la cité / Pocket
Nombre de pages : 672
Date de sortie : 2001
Prix : 9€ (poche) / 12,99€ (numérique)