The Malice est le second tome de la trilogie du Vagrant, son premier tome avait séduit beaucoup de monde (dont moi) par son univers post-apocalypse atypique et son groupe de héros encore plus atypique.
Cette suite se passe plusieurs années après The Vagrant, notre muet de service vit avec Vesper (le bébé qui a grandi) et Harm en périphérie de la grande cité humaine, à profiter du calme en élevant des chèvres. Au sud, des activités démoniaques réveillent l’épée de l’ancien vagabond mais celui-ci ferme les yeux, refusant de renoncer à sa tranquillité nouvelle. L’épée ne se laisse pas abattre et parvient à trouver un autre porteur pour aller remplir sa mission : C’est ainsi Vesper, la jeune enfant, qui part avec l’arme sur le dos pour une aventure périlleuse en terres contaminées. Mais que serait un épisode de cette trilogie sans une chèvre débile et têtue ? La demoiselle sera donc suivie de près par « The kid », jeune progéniture de la bestiole que nous connaissions déjà. Elle sera également protégée dans ses péripéties par Duet, une « harmonisée » de l’ordre des chevaliers, et croisera de nombreux autres personnages, alliés ou ennemis, ou quelque part entre les deux.
The Malice a exactement le même feeling énigmatico-bizarroïde que le livre précédent de Peter Newman, c’est à la fois une grande qualité et aussi son plus gros défaut, on a souvent une impression de déjà-lu. Vesper va effectuer un périple comme son prédécesseur dans The Vagrant, c’est même plus ou moins le même trajet mais en sens inverse. On a encore un groupe d’aventuriers complémentaire et cocasse, et toujours une chèvre qui fait des pitreries au milieu, même si The Kid a moins de caractère que son ainée donc ses interventions se résument souvent à « The kid broutait dans un coin ». Évidemment, le Vagrant n’est plus là, et aussi attachante soit Vesper, elle n’a pas la même aura que le vagabond.
L’aventure est donc un road-trip dans un monde dévasté, où la jeune fille traversera des villes en conflit interne, rencontrera des gens et sera confrontée à des choix cruciaux. Les démons se déversent de la brèche dimensionnelle ouverte dans le sud, et la nouvelle menace est The Yearning, le plus puissant d’entre eux qui est en train de se matérialiser. Autour de lui, nous avons toujours les luttes de pouvoir entre les différents chefs démons qui ont chacun des clans et des fidèles, régnant sur telle ou telle cité. On retrouve encore ce feeling Mad Max en plus tordu, ce monde dévasté qui se noie dans le désespoir, et les chevaliers sans maîtres qui ne se fient qu’à leur foi. Le personnage de Duet est un ajout très intéressant, ses combats intérieurs et son statut spécial permettent à l’auteur de créer une synergie de groupe avec Vesper et les autres. L’alchimie entre tous les personnages fonctionne encore une fois à merveille, et à la fin du roman, malgré quelques menus défauts, on est attaché à ce groupe et c’est toujours la principale force de cette saga.
Mais pour en arriver à la fin, on passe par un voyage à la progression relativement lente, à la structure décousue. Comme The Vagrant, j’ai un peu lutté en milieu de roman pour rester dans l’histoire, pour suivre ces personnages, car le périple manque parfois d’une trame, d’une architecture plus présente. Ce n’est que dans le dernier tiers que tout se refocalise et qu’enfin, ça file à toute allure et qu’on arrive enfin à quelque chose de cohérent et très saisfaisant. J’ai lu cette dernière partie d’un coup alors que j’étais resté une semaine à lire The Malice à petites doses. C’est très certainement une impression qu’on retrouve sur toutes les histoires de voyage, où la trame est une succession de rencontres et de croisements, d’inconnus et de dilemmes. C’est un peu le seigneur des anneaux mais avec une épée à trimballer au lieu d’une bague.
De temps en temps, nous aurons un petit chapitre flashback qui se passe plus de mille ans dans le passé, et qui retrace un peu les origines de l’empire. J’ai trouvé cette partie très intéressante, c’est elle qui apporte à la fois de la nouveauté et aussi beaucoup d’éclaircissements sur ce background un peu foutraque. Ce second tome solidifie un world-building jusqu’ici très flou, c’est fort bienvenue.
The Malice reprend l’univers original et énigmatique de The Vagrant pour en prolonger l’aventure. Ce second tome ressemble un peu trop à son prédécesseur (y compris ses petits soucis de rythme) mais apporte assez de fraicheur et d’éclaircissements pour valoir le détour, et donner envie de lire The Seven, la fin de la trilogie déjà disponible.
Mon avis sur le premier tome de la saga : The Vagrant
Merci pour ta critique, je me demandais justement ce que valait ce tome 2 par rapport à son prédécesseur. Tu décris très bien l’intérêt potentiel et les points de crispation éventuels, mais honnêtement, même si le tome 1 était très sympa, ton avis relativement mitigé va m’inciter, je pense, à laisser tomber le cycle (notamment à cause des trous d’air dans le rythme et du fait qu’on ait le sentiment de rejouer une partition similaire), à moins que le tome 3 soit formidable (tu vas le lire, je suppose ?).
Par contre, fais gaffe, tu lâches un assez gros spoiler sur le tome 1 en début de critique (et je n’ai pas l’impression que ce soit voulu de ta part) 😉
Je pense lire le 3 oui (mais je sais pas quand), on verra bien !
Le spoiler est-il réparé ? je pense mais ça dépend de quoi que tu parles, en même temps rien que le fait que le vagrant et vesper soit vivants est un spoiler en soi 😀
Oui, c’est bon 😉
Bon, il faut que je me lance dans the Vagrant!!!
*le bébé qui a grandi
Merci de cette critique qui comme toutes les autres sont très intéressantes autant par l’œuvre présentée que par leur humour ! C’est dommage que je n’aie pas bien le temps de lire les nouveautés de fantasy…
Merci pour la petite faute, c’est corrigé !
Oh, on a toujours le temps de lire, c’est juste qu’il est parfois bien caché 😀
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