Serviteur des enfers est le premier tome de la trilogie Obsidian and blood, par Aliette de Bodard
Décidément, après les très bons The tainted cup et L’homme superflu, 2024 démarre sous le signe de l’hybridation SFFF/murder mystery. C’est aussi ce que nous propose Mnémos en ce mois de Mars avec la réédition de Serviteur des enfers d’Aliette De Bodard, un roman déjà sorti en 2013 dans l’éphémère collection Eclipse de Panini.
Fin du XVe siècle, Tenochtitlan, capitale de l’empire Aztèque. Une prêtresse disparait dans des circonstances mystérieuses, des traces de sang, des traces de magie, et un suspect idéal qui traine sur les lieux du crime : Neutemoc, un guerrier jaguar. Acatl, grand prêtre des morts, va suivre les différentes pistes et essayer de découvrir la vérité derrière les solutions trop faciles. Entre les enjeux politiques de l’affaire et les influences divines, Acatl a aussi un intérêt personnel dans l’affaire, car Neutemoc est son frère.
Dans ce récit, Aliette de Bodard nous plonge dans la civilisation Aztèque avec brio, on explore la société, ses valeurs, ses croyances et ses coutumes à travers cette œuvre historique très immersive. L’aspect surnaturel vient de l’existence bien réelle des dieux dans l’univers, certains veulent conserver le statu quo tandis que d’autres veulent renverser l’équilibre pour tout reconstruire à leur avantage. C’est vraiment un univers qu’on n’a pas l’habitude de voir dans nos genres de prédilection et ça fait du bien, ce petit vent de fraicheur (bon, il a du sang partout, le vent de fraicheur, mais on se comprend). Avis aux âmes sensibles, on trucide pas mal de petits animaux là-dedans, parce que sacrifice, sang, tout ça, ça fait partie du folklore mais ça peut déranger.
Nous suivrons Acatl dans les méandres de cette enquête complexe, pleine de faux-semblants, d’erreurs et d’influences extérieures. Tout se déroule naturellement pour les lectrices et les lecteurs, les pièces s’emboitent, et parfois se déboitent aussi, et notre prêtre-enquêteur trouvera de l’aide pour s’entourer un peu et affronter les dangers de ce sac de nœuds. Il va falloir être futé pour découvrir le pourquoi du comment, mais il faudra aussi affronter de grands dangers pas toujours naturels, et parfois ils mordent. C’est quand on plonge dans ces aspects surnaturels, dans les autres dimensions de cet univers, que l’autrice impressionne dans son écriture évocatrice, sa capacité à poser les ambiances et à nous plonger dans l’étrange et les ténèbres.
Le seul bémol que j’ai trouvé à ma lecture a été mon attachement au héros, qui reste finalement assez froid et taciturne. Bon, oui, c’est le prêtre des morts, pas Vincent Lagaf’, mais quand même. Il m’a peut-être manqué de l’humain, du tragique, du lien plus fort avec d’autres personnages, pour vraiment être à fond dedans. Cette lecture m’a plus emporté par son univers et ses mystères que par ses personnages qui m’ont paru assez tièdes. C’est personnel, ça n’en fait pas une mauvaise lecture pour autant, j’ai passé un bon moment, mais j’aurai aimé être un peu plus attaché à l’ensemble par les personnages.
Serviteur des enfers est une plongée passionnante dans l’univers et la mythologie Aztèques, on découvre vraiment un nouvel univers vibrant qui nous emporte. Même si ce premier tome se suffit largement à lui-même, j’espère que Mnémos pourra nous traduire la suite de cette trilogie (et écrira un jour sur ses bouquins quand c’est des débuts de série) pour explorer encore ses mystères et peut-être m’attacher plus à ses protagonistes.
Roman reçu en Service Presse de la part de la maison d’édition Mnémos, que je remercie.
Lire aussi l’avis de : Stéphanie Chaptal (Outrelivres), Fantasy à la carte,
Couverture : João Queiroz
Traduction : Laurent Philibert-Caillat
Éditeur : Mnémos
Nombre de pages : 384
Date de sortie : 13 Mars 2024
Prix : 22,50€ (broché) / 12,99€ (numérique)
C’est justement cette ambiance, ce décor original qui m’attire ici, alors même s’il y a des faiblesses côtes écriture des personnages ça me tente beaucoup.
J’avais beaucoup aimé déjà une telle ambiance dans l’Empire du Léopard, j’ai hâte de la découvrir ici.
@oursinculte
WoW, cette couv !
« Tenochtitlan », faut savoir le prononcer… 😆 Bon, si le prêtre des morts était comme Lagaf’, ce serait amusant, mais pas sérieux du tout 😆
J’avais déjà repéré cette couverture superbe dans les sorties à venir, mais si en plus, le livre est bien, alors, j’ai bien envie d’aller voir ce prêtre des morts, moi 🙂
Ah oui y’a plein de noms que j’ai arrêté d’essayer de prononcer hein
Comme Aya Nakumura ? 😆 Bah, on peut toujours leur donner des petits noms, comme « Teno » ou « Quetza » pour Quetzalcoatl 😉
Failli craquer pour ce roman en librairie, visiblement j’aurais dû ! Plus qu’à mettre ça à exécution lors du prochain passage malgré le côté faiblesse des personnages que tu soulignes, l’ambiance me parle beaucoup.
Ce n’est que partie remise
J’avais adoré son Dominion of the fallen (dont j’aimerais bien lire la suite…) alors je suis trés curieuse de lire ce qu’elle a écrit d’autre, et celui-ci a l’air prometteur !
Je note Dominion alors ^^
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