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Le barillet des ambitions, Quête de sang

Le barillet des ambitions est le second tome d’Un certain goût de plomb, saga d’Arnaud Cazelles éditée chez Oneiroi

Sortez l’anisette et la tapenade, on va fêter la sortie de la suite d’Un certain goût de plomb, Le barillet des ambitions d’Arnaud Cazelles ! Le premier tome avait été une très bonne surprise en 2022 et je n’étais pas le seul à attendre la suite de pied ferme, accoudé au comptoir du saloon, l’œil affûté, prêt à dégainer, une cigarette roulée au coin de la bouche (non c’est pas vrai, je fume pas, ne faites pas ça les enfants). J’ai même pris le temps de relire le tome 1, à la fois pour le plaisir et pour la mémoire.

Trois années ont passé depuis la guerre des jabots, Zaggo cherche désespérément sa fille après s’être fait arnaquer par le Roi-serpent pour une prophétie nulle à chier, tandis que notre petite carpe est dans les montagnes Tallaïm en train d’aiguiser ses talents de pistolero. Mais du côté des Dusneau aussi on cherche la réunion familiale, maintenant que le couple est recherché, les jumeaux sont séparés, et quelque part dans l’ombre les Wak’ s’agitent et la situation pourrait devenir explosive.

On retrouve la saveur western-sardines-pastis du premier tome mais la découverte plus approfondie du monde des natifs tallaïms nous plonge aussi dans les montagne enneigées ou les bayous remplis de danger. Ce mélange de saveurs très différentes mais parfaitement équilibrées donne toute son identité à l’univers d’Arnaud Cazelles, et cette fois on va pousser jusqu’à venir chatouiller de l’entité monstrueuse indicible mais n’en disons pas trop. On garde les fondamentaux avec de très beaux moments « classiques » du genre, l’attaque du train, la pendaison publique, le sable du désert sur les bottes et les saloons aux parties de cartes arrosées, faut se faire plaisir et l’auteur le fait fort bien.

Après les drames et les épreuves du premier tome, nos nombreux protagonistes (survivants) ont évolué. Les personnages étaient déjà un gros point fort dans Balles perdues, et c’est un régal de les voir grandir, s’affirmer et continuer leurs quêtes. Il y a beaucoup de trames qui s’entrecroisent comme dans tout bon roman de fantasy à multiples points de vue, on se rencontre, on s’accompagne, on se sépare de gré ou de force et les trajectoires se mêlent. Les esprits statisticiens se poseront des questions sur les probabilités que tout ce petit groupe de personnages se recroise tout le temps dans un univers aussi grand, mais ho, ça va, les rabat-joies, là, si c’est pour le plaisir de voir La pitchoune et Mireïa faire un bout de chemin ensemble, allons-y, pipons les dés du destin, c’est quand vous voulez.

Et quel talent pour rendre autant d’arcs narratifs aussi bien tressés les uns aux autres, tous intéressants, tous fluides, qui nous laissent en haleine à chaque changement de point de vue mais sans jamais nous frustrer. Si je n’avais pas peur de vous spoiler et que j’avais beaucoup plus de temps libre, je pourrai passer des heures à vous raconter le plaisir de voir Charlise grandir et sortir de l’ombre de ses mentor.e.s, Arsan confronter sa famille et ses racines, Basile être Basile dans l’enfer de la résistance. Toutes ces trajectoires s’agrémentent de multiples scènes spectaculaires comme cette MONSTRUEUSE attaque de train dont j’ai déjà parlé plus haut, car Arnaud Cazelles sait installer ces grandes scènes d’action et de tension, égrener les secondes avant que tout explose, les balles volent et les drames arrivent dans la seconde suivante.

Les amateurices de non-manichéisme seront servi.e.s avec des personnages complexes, on se surprend à avoir de l’empathie pour une enflure de premier ordre parce que les gens c’est compliqué, les allégeances changent, les circonstances guident les actions et les priorités. Mais tout est histoire de famille dans Un certain goût de plomb, parce que la famille c’est important. Le roman arrive toujours à iconiser ses personnages, les marquer de caractéristiques, d’ambiances, et d’attitudes. Ce muet qui hante les pages de sa présence et de sa menace (celui de la couverture), Zaggo qui évolue en quelque-chose d’étrange et inconnu, ces personnages marquent. Et vous le savez, moi les personnages, c’est ça qui m’accroche à un roman. Et là j’étais accroché, oh oui, comme une arapède à son rocher.

Pari réussi donc pour cette suite qui continue sur la lignée du premier, Le barillet des ambitions est encore une fois une excursion magistrale dans une fantasy-western à nombreux et passionnants points de vue. Une épopée attachée à ses personnages dans un univers original et captivant, qui emporte les lecteurices dans un tourbillon de drames et d’espoirs.

Couverture : Elfenn
Éditeur : Oneiroi
Nombre de pages : 456
Sortie : 15 Septembre 2025
Prix : 25€ (broché)

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