Après un premier tome plus que convaincant, voyons maintenant ce que nous réserve le second livre de la trilogie La mer éclatée écrite par Joe Abercrombie. Il me tardait de découvrir la suite des aventures de Yarvi et ses compagnons, et c’est précisément là que l’auteur surprend déjà ses humbles lecteurs avec La moitié d’un monde.
Le bonhomme attaque directement ce second tome avec de nouveaux héros : Épine est une jeune fille qui galère à se faire respecter dans le carré d’entrainement des guerriers, traditionnellement plutôt rempli de testostérone. Suite à un exercice vicieux concocté par leur instructeur, la demoiselle embroche par accident un de ses camarades et se retrouve coupable de meurtre, condamnée à être lapidée. C’est sans compter sur l’intervention d’un certain Yarvi, qui a d’autres projets pour elle. En parallèle, nous suivrons aussi le second héros de cette aventure : Brand, jeune guerrier qui a assisté à la mésaventure d’Épine, ce qui le laisse devant un dilemme moral. Les deux jeunes combattants vont se retrouver malgré eux dans une expédition maritime désespérée pour aller chercher des alliés pour la guerre à venir, où le Gettland se retrouve seul contre le reste des nations de la mer éclatée.
A l’image du premier tome, La moitié d’un monde est le récit d’un voyage, mais il a un feeling tout à fait différent. Abercrombie arrive à approfondir la construction des intrigues autour de la mer éclatée de manière cohérente tout en donnant à chaque livre une identité propre. On n’a pas du tout l’impression du « more of the same » qu’on peut avoir sur d’autres séries. Le lecteur sera certes content de recroiser des têtes connues, mais les histoires d’Épine et Brand nous permettent d’explorer d’autres facettes de l’adolescence et des quêtes initiatiques, en abordant des thèmes comme la colère, l’injustice et la morale. Vu qu’on a deux héros qui sont de vrais guerriers, par opposition au frêle infirme de La moitié d’un roi, les scènes de combat et de bravoures sont plus nombreuses et aussi plus marquantes.
J’avais aimé l’originalité d’un héros faible (physiquement), qui compte sur son entourage et son astuce pour survivre. Et là j’ai tout autant apprécié ces guerriers incroyables que l’auteur nous montre ici. Épine est l’archétype de l’adolescente rebelle, en colère contre tout et victime d’injustices, surtout parce qu’elle est une fille, évidemment. Brand est un jeune homme qui rêve de gloire et de batailles comme tous ses camarades, mais qui va découvrir les aspects de ce rêve qu’on oublie dans les poèmes et les chansons. Dans les deux cas, tout le talent de l’auteur est de donner vie à ses personnages de manière crédible et attachante. Autour de nos deux jeunes gens va évoluer l’équipage du navire, composée de quelques têtes connues mais aussi de nombreux petits nouveaux. Joe Abercrombie arrive encore une fois à créer cette alchimie au sein du groupe, grâce à des personnalités bien travaillées et à des dialogues fins et incisifs.
Le récit comporte très peu de temps morts, il se lit encore une fois très rapidement. La trame s’articule autour de plusieurs grandes scènes marquantes, au souffle épique monstrueux. On gardera en tête ces combats impressionnants, ces scènes de bravoures et ces dilemmes moraux qui portent l’histoire en se mêlant les uns aux autres, en se faisant écho et en forgeant leur propre légende. C’est aussi ça, La moitié d’un monde : un livre sur ce qui fait un héros, et là on tape dans les Gemmelleries de haute volée.
J’en arrive à préférer cette série à La première loi, parce que même si l’auteur garde son talent pour nous proposer des personnages marquants, il livre un roman beaucoup plus abouti au niveau du rythme et du world-building. Et aussi, je préfère le ton moins cynique de cette série, qui sur son autre univers était souvent un peu « too much » selon les bouquins, et moi j’ai un cœur tendre, vous l’aurez compris.
Lire aussi l’avis de : Blackwolf (Blog O livre), Herbefol (L’affaire Herbefol),
Lire mon avis sur le premier tome : La moitié d’un roi,
Moi j’aime bien le cynisme à la Abercrombie ^^ Mais j’avoue que tu es très convainquant : j’avais déjà noté le tome 1 suite à ta chronique, celle-ci ne fait que confirmer mon envie de m’atteler à cette trilogie sous peu 🙂
J’aime bien le cynisme aussi, mais Abercrombie en abuse parfois (surtout sur la première trilogie et sur Servir Froid), le voir sur un truc plus soft de ce côté-là est rafraichissant.
Je n’avais pas accroché non plus au premier tome de La première loi et je m’étais arrêtée là… Mais cette trilogie me tente vraiment 🙂
Décidément, elle a l’air intéressant cette trilogie. Ça sera peut-être elle, ma première lecture d’Abercrombie… (‘fin bon, comme je vais attendre que ça sorte en poche, j’ai le temps ^^).
J’ai tant entendu parler sur la première trilogie, mais après Srvir Froid, je suis à moitié conquise, car justement c’est vraiment cynique et brutal. Je crois que je vais me rebattre sur La mer éclatée car ton avis me convainc totalement surtout avec le perso principal, le récit de voyage et un ton plus léger.
Merci
A mon avis, Servir froid est le moins bon de tous, tu n’as pas forcément commencé par le meilleur (surtout si tu n’as pas lu la trilogie de la première loi).
Je viens de lire le troisième et je vais confirmer ce que je dis ici, La mer éclatée est sa meilleure série 🙂
Bon, je sais ce que je lirai d’Abercrombie la prochaine foi!