Dernière série policière que je suis avec assiduité, l’univers de Michael Connelly continue de se déployer avec une impressionnante régularité. Mais légèrement agacé par la traduction de la série, je me suis tourné vers la VO pour continuer les aventures de Bosch, Ballard et leurs petits camarades de jeu. C’est donc parti pour The night fire, Incendie nocturne chez nous autres francophones.
Après l’enterrement du mentor de Harry Bosch, ce dernier récupère un vieux dossier de meurtre que ce bon vieux John Jack Thomson avait piqué en partant à la retraite. Intrigué par cette vieille affaire non résolue, Harry va commencer à fouiller l’histoire de ce jeune homme exécuté dans une rue connue pour ses trafics de drogue. Mais déjà pas mal occupé par une petite affaire avec Mickey Haller, il aura besoin de l’aide de Renée Ballard. Le duo se reforme mais Renée a toujours ses affaires en cours pour l’occuper, notamment l’incendie d’une tente de SDF qui pourrait n’être pas tout à fait un accident.
La recette que Michael Connelly affine depuis quelques années se déroule encore une fois avec précision et efficacité. En effet l’auteur, dans un souci de réalisme et d’immersion, a pris l’habitude de mélanger plusieurs enquêtes dans chaque roman. Ses protagonistes doivent jongler entre les affaires et les disponibilités de chacun comme le feraient certainement de vrais inspecteurs. Mais il va encore plus loin, les enquêteurs chez Connelly passent pas mal de temps la tête dans des dossiers, à éplucher des rapports et des chronologies. On pourrait craindre que lire les aventures passionnantes de Renée qui épluche des dossiers soit un peu chiant, mais en fait non. Parce que le talent de l’auteur rend cette progression fascinante, on déroule l’affaire et les découvertes avec les personnages, on suit le raisonnement, on replace les pièces du puzzle avec un naturel assez bluffant.
Les enquêtes sont intéressantes et creusent différents aspects du crime de Los Angeles, du meurtre d’un SDF à une vieille affaire de gangs non résolue, et en bonus une troisième affaire liée à la mort d’un juge, on navigue dans différentes ambiances. Et comme toujours, on suit le crédo de Bosch, mais ce « everybody counts » va être confronté à l’injustice sociale et l’inégalité, ici on va parler homosexualité ou encore maladies mentales. Les personnages sont confrontés à ça dans toutes les sphères de leurs enquêtes, et c’est la rigueur, la méthode, qui leur permet de se débarrasser des préjugés et de découvrir la vérité quitte à revoir son jugement sur certaines vieilles connaissances. La portée sociale est toujours présente chez Connelly, et il s’ouvre à certains sujets actuels avec pas mal de finesse.
Mais Harry, assieds-toi, va falloir que tu te calmes un peu… T’es à la retraite, tu tiens plus debout, repose-toi, prends une bière et écoute du Jazz en regardant les lumières de la ville, relax sur ta terrasse. Renée reprend le flambeau, elle a les épaules, va regarder Law & Order en faisant la sieste.
Encore un Connelly en grande forme pour ce The night fire, plusieurs enquêtes intéressantes qui réservent de belles surprises, un rythme infernal et de belles interactions entre nos personnages. J’en veux encore !
Qu’est-ce qui coince avec la traduction ?
Je n’ai encore jamais lu l’auteur mais ça a l’air très efficace dans le genre.
C’est expliqué dans ma chronique du précédent, en lien de l’intro. Des tournures de phrases bizarres, des expressions connues traduites en mot à mot pourri, etc…
Mais c’est pas forcément rédhibitoire, je lis Connelly depuis 15-20 ans en français et ça m’a pas dérangé jusqu’ici, je suis juste devenu chiant
Il faut vraiment que j’approfondisse avec cet auteur, je sens que ça va me plaire !