Oui, par curiosité j’ai regardé la première saison de la série adaptée de l’œuvre de Leigh Bardugo, et comme les séries fantasy sont toujours pas légion, on teste ce qui sort même quand ça sent le gros truc pour ado. Et parfois ça fait des chocapics surprises.
Alina est cartographe dans l’armée et se retrouve embarquée dans la traversée du Fold, une énorme barrière de ténèbres pleine de monstres qui coupe le continent en deux. Ça se passe moyennement bien, et pour protéger son ami d’enfance Mal, elle fait involontairement un Kaméhaméha de lumière, et c’est la révélation insoupçonnée : Alina est une Grisha (les mages de cet univers), mais elle est surtout la porteuse de lumière, la seule mage à manipuler cet élément, élue, objet de prophéties, sainte, le package classique. On l’envoie donc à la forteresse des Grisha pour apprendre à contrôler tout ça, sous le regard du général bogosse… euh… pardon… Du général Kirigan. D’un autre côté, le voleur Kaz « dirty hands » Brekker est engagé pour traverser le Fold et kidnapper la porteuse de lumière. Il va donc rassembler sa petite bande de gangsters pour remplir cette mission démesurée et gagner plein de pognon.
Alors oui, Shadow and Bone se trimballe une bonne grosse cargaison de clichés de la littérature « young adult » vraiment pas subtils qui vont faire hurler pas mal de spectateurs dans son arc principal. L’élue qui est trimballée par ses sentiments confus plus que par son caractère, qui subit l’histoire plus qu’elle n’agit, le triangle amoureux débile, la « miscommunication » qui lui fait prendre des décisions stupides parce qu’elle croit que truc pense que machin mais elle en sait rien… Non mais vraiment, l’arc Alina-Mal-Kirigan est très douloureux à suivre. Alina je m’en foutais un peu, Kirigan est absolument caricatural dans son rôle de général ténébreux beau gosse. Mal s’en sort un peu mieux dans son obstination bourrine attendrissante, mais c’est pas non plus renversant. Heureusement qu’ils sont joués par des acteurs très convaincants, il faut leur accorder ça. Il y a aussi quelques personnages secondaires intéressants quand même, qui vont se glisser dans cette histoire débile et lui donner un peu de peps.
Voooiiiilà, j’ai déballé les défauts. Mais, plot twist, en fait j’ai beaucoup aimé la série. Voyez-vous, les scénaristes ont eu une bonne idée : Ne pas se baser sur la seule trilogie Grisha de l’autrice (que je ne lirai jamais, c’est très clair après avoir vu la série), mais y incorporer une autre bande de personnages issus d’une seconde saga de Leigh Bardugo : Six of crows. L’histoire de Kaz, Jesper et Inej qui veulent monter le kidnapping d’Alina a été ajoutée (en plus d’une introduction tardive aux personnages de Mathias et Nina qu’on découvre à peine) et apporte vraiment une complexité bienvenue à l’ensemble. Appuyé par un casting excellent, c’est cet ajout qui apporte la profondeur et la personnalité de la série, qui sans ça serait une soupe de guimauve Young Adult pleine de clichés à se taper la tête contre son écran. Ils arrivent à rehausser l’arc principal en mélangeant les deux trames, l’une ajoutant du suspense et des péripéties à l’autre.
Je déplore toujours, comme dans le bouquin, un manque de panache dans leur plan et son exécution, c’est vraiment des bras cassés et la stature de « mastermind » de Kaz tient pas debout quand on voit son plan tout pourri. Mais ces personnages sont vraiment fun, y’a une alchimie très agréable dans la bande et les huit épisodes défilent en quelques jours. Ce sont les Crows qui donnent de l’assise à la série pour moi, et l’arc d’Alina sert plutôt de procédé d’exposition pour tout l’univers… Au moins l’univers est très plaisant à découvrir par ce biais, on a un monde inspiré des cultures russes, gentiment militaire avec quelques spécificités marrantes, avec des mages persécutés par certains, admirés par d’autres. Si les trajectoires des trois glands de l’arc principal sont risibles, le monde qu’ils nous font découvrir est riche et plein de promesses, tout en restant mystérieux.
Netflix a manifestement sorti les grands moyens, ou a utilisé ses pas-si-grands-moyens à bon escient. Parce que la réalisation est top, les décors et les effets visuels tiennent la route et on a pas le rendu kitsch qu’on peut craindre quand on entend « fantasy en série télé ». A l’image de The Witcher, on ne va pas chercher la démesure, les armées de 15000 figurants qui font un travelling à 1 million de dollars, mais juste des plans travaillés, une photo agréable, des ambiances. Niveau réalisation c’est vraiment de bonne facture, la série est courte et rythmée, on s’ennuie jamais et on passe un bon moment. Que demander de plus ? (à part une héroïne un peu moins molle). Si vous êtes lecteur de fantasy adulte et que la série vous rebute par son côté ado, moi j’dis, ça se tente quand même.
Vu aussi, c’est pas transcendant mais ça se laisse regarder (avec une bonne dose de 2d degré). Je crois que j’ai juste eu un peu de mal sur les derniers épisodes où les héros ont l’air de se téléporter d’un point à un autre (soit c’est le syndrome GoT, soit ce pays fait la taille de la région parisienne xD)
J’ai même pas fait gaffe aux incohérences géographiques, c’est pas le genre de truc auquel je fais attention en général (oui je suis plutôt bon public parfois)
Un article qui résume complètement mon point de vue. Moi aussi j’ai regardé par principe (trop peu de fantasy pour bouder celle-ci) même si j’avais peur du côté YA. On sent que l’équipe qui a géré le projet aurait bien aimé développer plus Six of Crows (ou avait conscience que l’intérêt de l’histoire se situait *là*) mais hélas ce n’est qu’un arc secondaire – bienvenu, mais du coup traité un peu à la va-vite. Dommage parce que, en effet, les acteurs sont biens et la réalisation très propre !
Exactement, j’ai quand même hâte de voir la seconde saison
Moi, je ne sais pas. « Hâte », non. Mais soyons honnêtes, il n’y a pas tant de séries de fantasy et celle-ci est quand même bien foutue : même si je ne suis que moyennement enthousiaste et que j’aime râler, je regarderai probablement la suite.
OK ! On tentera !
Je te rejoins complètement : s’il n’y avait pas eu les Crows, je ne serais pas allée plus loin qu’un épisode. Heureusement qu’ils ont mélangé les deux séries ! (note que je n’ai pas lu un seul des livres, pour le moment).
L’univers est sympa, mais les persos principaux… disons qu’il y a eu beaucoup de facepalm et d’yeux au ciel de ma part ! ^^ »
A ce niveau-là, effectivement l’arc principal c’est même plus du Young Adult, c’est quasiment de la lecture ado j’ai l’impression
C’est clair, la bande de Kaz c’est vraiment les persos les plus sympas.