Neil Gaiman a des petites manies que j’ai déjà souligné précédemment, celle que je vois souvent est que son héros n’est qu’un véhicule servant au lecteur qui, à travers ses yeux, va parcourir le monde créé par l’auteur pour lui. Neil Gaiman crée donc des espèce de train fantôme où son héros se laisse porter, regardant le monde réel se transformer sous ses yeux en un délire fantastique, la bouche ouverte et l’air ahuri mais souvent plutôt passif.
Ici la même chose se produit, à la différence que ce personnage est un enfant de 7 ans, solitaire et féru de lecture. Et le monde fantastique en question c’est la ferme des Hempstock qui se situe derrière chez lui, dont les trois habitantes vont vite ouvrir pour lui une dimension peuplée de magie et de créatures fantastiques dans laquelle il a mis les pieds par accident, mais qui menace sa vie et sa famille. L’océan au bout du chemin est un livre court, simple mais terriblement prenant tout d’abord grâce à la magie de la narration, la plume de Gaiman (et la très bonne traduction française, accessoirement) se prête à merveille à la description de ce qu’est l’enfance, ses incompréhensions, ses doutes et sa magie imaginative.
Le fait de raconter toute l’histoire du point de vue de l’enfant, même si ce sont des souvenirs rapportés des années après, apporte la touche d’innocence propice à la découverte de son univers et son héros est très justement écrit, on a rarement vu d’enfant aussi bien incarné en littérature fantastique. Les personnages secondaires sont également très bons, fait habituel chez Gaiman, à la fois amusants, énigmatiques et attachants. Les trois femmes Hempstock sont merveilleuses et ce personnage de gouvernante monstrueuse est un régal.
Le livre joue également beaucoup sur la peur, certains éléments effrayants lorgnant du côté de l’épouvante et rappelant par certains aspects les histoires de Stephen King où apparaissent souvent des enfants (oui, je vois du King partout, ça s’appelle une obsession). Bien sûr on garde quand même des éléments typiques du roman jeunesse, l’enfant qui découvre un monde qui ne se dévoile qu’à lui, le rapport aux parents et aux adultes en général, et le mélange marche très bien même si ça reste une construction très classique pour le genre.
Je ne regrette finalement qu’une chose, sa durée : 300 pages écrites en bien gros, ça se lit très vite, voire trop, mais je ne peut que conseiller sa lecture à tous les amateurs de fantastique.
J’ai reçu le livre par l’intermédiaire d’une nouvelle opération Masse Critique des gentils gens de Babélio, merci à eux et aux éditions Au diable Vauvert.