Bon, comme je traine sur mes lectures, si on parlait musique ?
« Hein ? Quoi ? Scandale ! On veux des histoires et des personnages qui se foutent sur la gueule, nous ! Remboursez ! »
Ah, mais si je vous parle d’un groupe de rock progressif dont les albums constituent une saga de science-fiction au long cours ? S’il existe une BD qui accompagne plusieurs albums ? Si on suit un drame familial aux répercussions cosmiques dans un univers complexe ? Toujours là ? Alors bienvenue dans l’univers de Coheed and Cambria. Bon, je suis pas un expert en musique (l’euphémisme de dingue), donc vous attendez pas à de l’analyse de partition poussée hein… Je vais juste présenter un groupe cool trop peu connu à mon goût.
Fondé en 2001 après un reboot/renommage de leur ancien groupe Shabutie, Coheed and Cambria est un groupe de rock progressif qui a beaucoup évolué en 17 ans, oscillant entre le métal et le rock post-hardcore (me regardez pas comme ça, c’est ouikipedia qui le dit). Mais pour le monsieur normal qui est pas méga-pointu sur les étiquettes et courants musicaux, c’est d’abord la voix de Claudio Sanchez qui va interpeller. Le chanteur tout plein de cheveux a un timbre bien à lui, assez perché mais puissant, qui est accompagné par la gratte de Travis Stever. Ces deux-là sont les membres indéboulonnables du groupe depuis les débuts, les rôles de batteur et bassiste ayant connu plusieurs bonhommes. Pour vous mettre un peu dans l’ambiance, on envoie un des titres emblématiques du groupe (avec un clip un peu kitschou) :
The Amory Wars
Là où ça devient rigolo donc, c’est que les cinq premiers albums du groupe racontent une histoire qui s’appelle The amory wars : avec dans l’ordre The second stage turbine blade, In keeping secrets of silent earth, (accrochez-vous à vos slips) Good apollo : I’m burning star IV Volume one : From Fear Through the Eyes of Madness, Good apollo : I’m burning star IV Volume two : no world for tomorrow, et enfin Year of the black rainbow qui est une préquelle. Alors pour être tout à fait honnête, avec la musique seule c’est pas très facile de tout comprendre à l’histoire. J’ai écouté le groupe pendant des années sans rien comprendre à la trame générale, simplement parce que la musique déchire, ce qui est déjà très cool.
Heureusement, The amory Wars est également une BD écrite par Claudio Sanchez himself avec des artistes qui se relayent pour donner vie à l’univers. Les BD sont disponibles en lecture numérique sur Comixology. Dans The second stage turbine blade par exemple on suit les aventures de Coheed et Cambria, un couple marié contaminé avec un virus mortel et dont les enfants portent apparemment une version mutée de ce virus, encore plus virulente. On demande à Coheed de tuer ses enfants pour le bien commun. J’en resterai là pour le pitch mais on va détailler l’univers quand même. Tout se passe dans un délire SF où 78 planètes sont gentiment rangées en forme de triangle et reliées par un rayon de lumière appelé le Keywork. Dans ce joyeux bordel il y a trois races principales : Les hommes, les mages et les Prise, des madames ailées que Dieu a chargé de surveiller les hommes. Oui bon c’est des anges quoi, mais avec un twist.
Le tout sent bon le comics mais la lecture n’est pas franchement une fin en soi (ni un chef d’œuvre, il faut l’avouer), l’intérêt c’est que ça donne un fond à la production musicale du groupe, une profondeur que tout amateur d’histoire va aller farfouiller par curiosité. Et quand on revient écouter Devil in jersey city après avoir lu l’agression de Joséphine dans la BD, ça fait tout de suite revenir des images, ça donne du sens, du souffle. Les chansons ne se fatiguent pas à raconter clairement l’histoire, elles sont en général des instantanés, des moments-clés de l’aventure qu’on va explorer, des sentiments qui ressortent. Clairement, le côté narratif est une seconde lecture de la musique, ce n’est pas indispensable pour l’apprécier. Mais je sais que les lecteurs de ce blog sont des petits fouineurs, hein…
Après avoir bouclé tout ça, le groupe a sorti un diptyque appelé The afterman, Ascension et Descension (en 2012 et 2013) qui se passe avant The amory wars mais ne fait pas officiellement partie du cycle. Il raconte les découvertes de Sirius Amory alors qu’il étudie le Keywork. Musicalement le groupe expérimente et livre de petits bijoux comme Sentry The Defiant ou encore Domino The Destitute. On sent une claire évolution du groupe qui va se diriger ensuite vers le premier (et seul) album qui ne fait pas partie de l’univers fictif : The color before the sun donne l’impression d’être une récréation, une petite respiration pour se détacher de The amory wars.
The unheavenly creatures
Tout ça nous mène à 2018. Je me demandais où allait se diriger le groupe après ça, et en fait ils repartent sur un nouveau cycle de SF qui se passe après The amory wars : Vaxis. Le premier album du cycle, The unheavenly creatures, raconte encore une fois les aventures d’un couple, Nostrand (Creature) et Nea (Sister Spider) qui tentent de s’échapper d’une prison spatiale connue sous le nom de The Dark Sentencer. J’écoute l’album en boucle depuis sa sortie récente et j’ai bien l’impression que c’est un des plus aboutis du groupe. Chaque morceau marque, et Coheed and Cambria a su s’entourer de gens et de moyens pour donner à l’album et à ses clips une identité visuelle digne de ses ambitions. Rien que l’artwork de l’album (par Chase Stone, ci-contre) est splendide, et ceux présents dans la video de The gutter envoient aussi.
Ici la musique apporte plus d’atmosphère SF que tous les disques précédents qui tapaient dans le rock pur, et la narration me parait plus claire aussi, moins cryptique, ce qui transparait aussi à travers les différentes vidéos sorties. Vous aurez des morceaux atmosphériques, un peu électro, ou plus lourds. Mais ça reste cohérent, ça donne l’impression d’être toujours plongés dans cet univers. Malheureusement le bouquin illustré de 80 pages retraçant l’histoire était exclusif au coffret deluxe qui est en rupture de stock, je suis tristesse. Pour me consoler je passe toujours l’album en boucle en travaillant. Du coup je travaille pas trop. Le dites pas à mon client. Mais toi, tu peux même l’écouter sur Spotify. Et même me dire ce que tu en penses.
Coïncidence amusante: je viens de l’acquérir chez mon fourgue habituelle (La Citadelle, le bar-metal de Genève).
Chronique à suivre, donc.
J’ai hâte de lire ça, ta chronique sera surement plus précise, je me suis contenté d’une présentation générale du groupe.
Le truc, c’est que je ne suis pas un grand fan de Coheed and Cambria; j’ai les premiers, mais j’ai lâché l’affaire un moment. C’est surtout le style de chant qui me déplaît.
J’comprends, c’est cette voix qui peux rebuter. Au début ça m’a surpris et j’ai eu du mal, mais je m’y suis fait et maintenant j’aime beaucoup son timbre. Mais ouais, c’est spécial. 🙂
Tiens, merci, je vais jeter une oreille !
Intéressant. Le concept « un groupe de rock progressif dont les albums constituent une saga de science-fiction au long cours » rappelle un peu Ayreon. .
Ah ben j’adore ayreon aussi XD surtout The human équation et 0011011010 (enfin j’ai mis les chiffres au pif, me rappelle plus l’ordre des 1 et des 0)
Musicalement c’est différent mais y’a la même démarche de « creusage » pour appréhender un album
Copain !
Le concept a l’air intéressant. M’en vais regarder ça et écouter, merci pour la découverte.
De rien !
J’imagine très bien la scène à la Fnac (ou autre) :
« – Bonjour, j’aurais voulu l’album Good apollo : I’m burning star IV Volume one : From Fear Through the Eyes of Madness de Coheed and Cambria.
– … »
Je ne pense pas écouter, mais c’est intéressant à savoir, merci pour la découverte. ^^
Oui, mais j’ai moins ce problème avec le numérique, le moteur de recherche comprend tout ce que je dis 🙂
AH, par curiosité je suis intéressée, mais j’avoue que ce n’est pas mon truc…..