Ces dernières années, Mark Lawrence s’est forgé une image de papa du grimdark, aux côtés d’Abercrombie et tous leurs copains. J’avais bien apprécié la première trilogie du bonhomme, L’empire brisé, mais j’ai attendu bien longtemps avant de m’attaquer à ce Prince des fous, premier tome de La reine rouge. Mais en 2018, il était temps.
L’auteur nous emmène au royaume de Rougemarche dirigé par la célèbre Reine rouge. Le héros de ce roman sera Jalan, prince du coin mais placé bien loin dans l’ordre de succession, donc il ne lui reste qu’à glandouiller, courtiser les filles et jouer tout l’argent qu’il n’a jamais eu à gagner. Cette belle vie va se retrouver un peu perturbée quand il va croiser la route de Snorri, un prisonnier viking impressionnant. Par un coup du sort, les deux hommes vont se retrouver liés dans une quête vers les régions du nord, ou Snorri va embarquer le prince dans une aventure pleine de danger. Le problème c’est que Jalan n’a rien du valeureux guerrier, il élève la lâcheté au rang d’art, et l’empathie n’est pas trop son fort.
Le roman se présente surtout comme un road-trip géant à travers l’empire brisé, nos deux protagonistes vont crapahuter tant bien que mal vers le nord, croisant des brigands, des démons et des sortes de zombies. Certains aspects de l’aventure sentent le réchauffé, parce que la malédiction étrange qui pousse les morts à se relever dans les pays du nord, y’a une légère impression de déjà-vu non ? Le world-building de ce début de trilogie fait un peu maigre, globalement. C’est simple, on est en Europe, on a (un peu) changé les noms des lieux mais on garde toute notre culture occidentale, le christianisme, la mythologie viking, etc… Ah il s’est pas foulé, le monsieur. C’est rigolo parce que les personnages passent du côté de chez moi (Les Elpes, ces montagnes escarpées qui conduisent à Rhone… Super…). Et c’est bien le problème, la trilogie est censée se passer dans le même univers que l’Empire brisé mais on en a pas toujours l’impression, parce que c’est tellement moins intéressant à découvrir de cette façon…
Côté péripéties c’est aussi assez décevant. Après un démarrage bien pêchu, Jalan et Snorri décollent et là c’est le gros creux. Tout le segment central est chiant parce qu’il ne se passe pas grand chose d’important, c’est un voyage avec des péripéties anecdotiques, des rencontres, un gros passage sous forme de clin d’œil insistant (et pas très utile) à la trilogie précédente, mais au final on s’emmerde quand même beaucoup. Ce qui sauve un peu le bouquin se sont les caractères des personnages, Snorri est un gros cliché viking sympathique, avec un background très touchant. Jalan est un trouillard qui aimerait bien laisser son compagnon dans la merde, mais il peut pas. Comme c’est le narrateur il explique à longueur de temps les vertus de la lâcheté, et sa vision de la vie en général. Ça devient un peu redondant à force parce qu’il nous ressort son couplet à chaque chapitre, mais c’est quand même amusant et original. On a deux héros que tout oppose mais qui n’ont pas d’autre choix que de faire la route ensemble, enchainés par un mystérieux sort.
Alors oui, y’a bien une trame générale avec ce sortilège tombé sur notre duo, avec une guerre qui se prépare et un Roi Mort qui se profile, mais comme c’est raconté un peu n’importe comment, c’était dur de s’y raccrocher… J’avais aussi l’impression que les personnages passaient à côté de l’histoire (ou alors c’est moi qui suis passé à côté, c’est possible aussi…), puisque le voyage est à l’initiative de Snorri qui veut aller retrouver sa famille, mais du coup ils ont l’air de se foutre de tout ce qui concerne leur lien magique, les mort-vivants, la vieille tarée borgne, la reine rouge, les « attentats » magiques. On a la trame de l’histoire qui se dessine d’un côté, et le voyage de nos héros qui se passe de l’autre, et on voit pas trop le lien jusqu’à la fin. L’un se fout de l’autre, et inversement.
J’ai trouvé ce début de trilogie décevant donc. Je suis jamais rentré dans cette histoire où toutes les péripéties s’accumulent sans vraiment trouver d’unité narrative, c’est juste deux types qui se promènent et à qui il arrive des trucs… Avec en fond quelques fils qui se tissent, mais peinent à construire un tout cohérent.
Lire aussi l’avis de : Herbefol (L’affaire Herbefol),
Merci, ca confirme mes premières impressions. Je trouve que c’est un auteur un peu surcôté outre manche. Et je trouve que le genre commence à être en surpopulation d’auteurs…moyens.
Toujours la même chose, une tendance marche et on ouvre les vannes a tout. Heureusement qu’on a encore du très bon, c’est juste plus dur pour les trouver 🙂
J’hésitais avec ce nouveau volet mais comme j’ai déjà du mal avec le tome 2 dde l’Empire Birsé, je crois que je passerai mon tour pour ce nouveau chapitre ^^
Merci pour ta chronique en tout cas
Merci d’être passé 🙂
J’avais bien aimé l’empire brisé sans pour autant crier au génie, mais la c’est m’a première vraie déception sur cet auteur
Je n’ai toujours pas pris le temps de découvrir cet auteur. J’ai beaucoup, beaucoup à lire, alors…. Un jour, je franchirai le pas. En revanche, lequel me conseilles-tu? Celui-ci ?
J’ai prefere la première trilogie, donc je te conseillerai plutôt le prince écorché du coup
Merci! Je note le Prince écorché alors! 😉
Etrange j’ai vraiment aimé les deux séries ! Et Le prince des fous m’a vraiment plu, j’ai accroché et tout j’ai trouvé l’histoire un poil moins épique que pour l’Empire Brisé mais génial par ces autres aspects qu’on voit ! Et je comprends pas ton avis négatif sur ce que tu dis « réchauffé » comme ils affrontent en réalité les mêmes adversaires que dans l’Empire brisé… C’est normal. Enfin bref, le tome 1 est plus lent mais les deux et trois sont bien mieux ! 😀 Je vous conseille d’essayer j’ai adoré.