J’ai eu un historique un peu compliqué avec Le château des millions d’années. Le roman de Stéphane Przybylski (là t’es content de chroniquer à l’écrit et pas à l’oral) est paru à la base au format épisodique dont je n’avais lu que la première partie. Je n’ai jamais continué, trouvant le tout pas très engageant.
Devant les critiques enthousiastes de mes collègues blogueurs, je me suis dit que j’allais retenter le coup avec le roman entier, après tout la première partie ne donnait peut-être pas une bonne image de l’ensemble (c’est pas exactement ça, j’y reviendrai). J’ai donc opté pour la version audio avec mon abonnement Audible, et là c’est la catastrophe. Pas à cause du roman en lui-même, mais le narrateur choisi pour cette lecture est aussi enthousiaste qu’une voix de synthèse sous morphine, j’ai tenu encore moins longtemps que la version feuilleton du bélial’. Et après tout ça, j’y retourne, oui, je suis un peu têtu… Et Pocket m’a envoyé la version popoche, alors bon, on va pas faire la fine bouche…
Après cette longue introduction il serait peut-être temps de parler un peu du roman, non ? Le château des millions d’années est le premier tome de la Tétralogie des origines, nous suivons Friedrich Saxhäuser, héros des tranchées, espion pour le IIIe Reich et vieux pote d’un certain Adolf Hitler. Ouais, le héros est un bon vieux nazi, on a pas forcément l’habitude. Mais son rôle n’est pas de cavaler après les juifs ou d’envoyer des communistes dans des camps, non, le Friedrich il fait plutôt dans les affaires étrangères, espionnages d’alliés potentiels et renseignements en vu de deals politiques. Il est un peu l’électron libre du parti qui voyage aux quatre coins du globe. C’est dans le cadre d’une de ces missions qu’il va se faire passer pour l’assistant d’un archéologue dans les vallées du Nahr al-Zab-al-Saghir en Irak, sur la piste d’une mystérieuse peuplade. C’est là qu’il va tomber sur le fameux château des millions d’années, avoir une conversation musclée avec des créatures bizarres et trouver des artefacts mystérieux qui pourraient devenir un atout pour l’Allemagne du Führer.
Difficile de définir précisément le genre auquel appartient le livre de Przybylski, on a toute l’érudition d’un roman historique très calé sur son sujet, un bon coup de paranoïa complotiste et d’histoire secrète, et de la SF/ du fantastique pour assaisonner le tout. On arrive donc sur un X-Files chez les nazis avec un côté historique très détaillé. A la fin de ce premier tome on ne sait pas encore tout à fait à quoi on a affaire mais c’est quand même très chouette. L’écrivain arrive à ancrer son histoire dans l’Europe de la fin des années 30 en décrivant à la perfection le climat social qui a permis la montée du p’tit moustachu vénère. Chaque personnage nous est présenté avec son histoire, ses motivations et sa place dans l’échiquier social malade de cette période.
On découvre en Friedrich un héros complexe, militaire de carrière qui jongle entre sa morale, ses engagements et sa fidélité. L’auteur arrive très bien à nous faire suivre un héros nazi et à nous faire ressentir de l’empathie pour lui sans nous faire le coup du « ha bon, Hitler il est méchant ? Ah ben non alors, je savais trop pas, c’est horrible ». Arrivé à la fin du roman on a pu reconstituer toutes les pièces du puzzle tout pété qu’est son passé, grâce à une série de flashbacks disséminés un peu dans tous les sens. C’est peut-être le seul défaut de ce bouquin (si ça en est un), il a une structure vraiment déstabilisante, y’a des flashbacks (et parfois des flashforwards) toutes les 5 pages, on passe de 1939 à 1920 puis à 1938 puis à 1950, faut suivre ! Et du coup l’histoire du présent (enfin, 1939) avance très lentement puisqu’on est coupé à chaque chapitre par de l’exposition et des souvenirs. C’est pour cette raison que je comprend pas trop le découpage « feuilleton » qu’a tenté le bélial’ à sa sortie, le tout premier épisode avait à peine effleuré l’intrigue et ne suffisait pas à accrocher le lecteur, on était juste un peu perdu dans tout ça. C’est vraiment en le lisant en entier, d’une traite, que j’ai pu plonger dedans.
Parce que malgré sa structure explosée, le roman est très divertissant. L’intrigue n’a pas encore livré tous ses secrets mais ce premier tome pose le contexte merveilleusement bien. L’auteur mélange histoire, politique, espionnage et fantastique avec justesse même si le côté historique prend beaucoup de place. Toute la couche surnaturelle part sur des trucs assez « classiques » mais qui collent bien avec les obsessions des nazis (occulte, surhommes, race supérieure, pouvoirs cachés, etc…). On fait référence à de grandes civilisations mystérieusement disparues, à des technologies anachroniques, des êtres supérieurs qui nous regardent d’en haut (ou d’en bas, ça dépend…). Un gros mélange de beaucoup de choses déjà vues mais assemblées avec cohérence et finesse.
Stéphane Przybylski démarre une saga ambitieuse avec Le château des millions d’années. La suite gagnerait à être un poil plus linéaire dans sa narration mais à part ça, on a une aventure riche dans un contexte original, un mélange de genres et de sujets qui marche au poil. Maintenant va falloir attendre la sortie poche de la suite… Ou pas…
Bouquin reçu en Service Presse de la part de Pocket, merci à eux
Lire aussi l’avis de : Apophis (Le culte d’Apophis), Dionysos (Le bibliocosme), Blackwolf (Blog O Livre), Vert (Nervertwhere), Lutin82 (Albédo), Xapur (Les lectures de Xapur), Gromovar (Quoi de neuf sur ma pile), Au pays des cave trolls,
J’ai beaucoup aimé ce premier tome et la suite aussi. Je vais bientôt entamer la lecture du dernier. Pour l’aspect non linéaire, ça ne change pas trop par la suite, mais j’aime bien cette manière de procéder.
Une fois qu’on est bien dedans ça passe quand même mieux, c’est juste que ça rend le début un peu « abrupt » ^^
En démarrant le second, je saurai, ça aidera sûrement !
J’ai bien aimé ce tome. Le deuxième aussi! J’en suis à la moitié du 3° (qui est un poil plus linéaire).
Le 2°, j’ai trouvé que l’aspect non linéaire était parfois un peu too much.
Comme tu dis, c’est ambitieux, très ambitieux sur de nombreux plas : intrigue, fidélité historique, genres, structure, personnages,…
Ah c’est pire dans le 2 ?
Je m’y ferais, j’ai surtout apprécié la mise en contexte dans le régime nazi, c’est extrêmement bien fait (et osé).
Oui, c’est « pire », du moins, il y a pas mal e flashback, et parfois de quelques heures. Du coup faut prêter attention aux éléments de date/heure.
Ping : Le château des millions d’années – Stéphane Przybylski | Le culte d'Apophis
Eh ben tu me donnes énormément envie de découvrir cette saga. Même si je ne suis pas fan des complots fantastiques projetés dans l’Histoire. Mais c’est une période qui m’intéresse et j’ai envie de savoir ce qu’il y a dans ce château.
Si tu t’intéresses à la montée du nazisme dans l’entre deux guerres, je crois que tu vas bien apprécier oui, cet aspect historique est particulièrement soigné
Je l’ai acheté aux dernières Imaginales, la SUBLIME couverture m’ayant fait craquée :3 Y’a plus qu’à le lire, maintenant ! Je note pour le côté non linéaire, au moins je saurai à quoi m’attendre 🙂
C’est vrai que cette couv’ en jette, j’en ai même pas parlé, mais bon elle parle d’elle-même on va dire 🙂
Ma critique du 4 arrive demain matin, justement. 🙂 Content que tu te sois replongé dans ce tome-là.
Oui je regrette pas, mais je vais éviter de lire ta critique du 4 pour pas me poiler 😀
Normalement, c’est garanti sans spoiler, je fais exprès de rester très général et de m’en tenir avant tout au style et aux choix narratifs. Mais tu as sûrement raison d’éviter, on ne sait jamais. 🙂
J’avais lu ce tome-là en feuilleton, en fait ça fonctionne plutôt bien… mais ça ne m’a pas empêché de devoir relire le livre avant d’attaquer le tome 2. C’est une chouette saga mais elle est très dense… d’ailleurs je sens que la reprise avec le tome 4 va être rude ^^.
Il faut que je teste un jour ce livre, il a des chances de me plaire si je ne perds pas dans les changements temporels !
Une série qui m’intrigue assez…
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