En octobre sortait le nouveau roman d’Eva Martin, De l’or dans les mains, et je me suis dit « hé, mais j’ai son roman précédent dans ma bibliothèque et je l’ai toujours pas lu ! ». Alors j’ai lu Miska. Et oui, le moindre prétexte est bon pour sortir un bouquin de notre PAL.
La rumeur se répand, de mystérieux navires volants ont été aperçus au large, au début c’était la parole de marins qui avaient sûrement trop bu, mais de plus en plus de témoins témoignent. Alors à un moment on va voir, et c’est là qu’entre en scène le capitaine Dacien et sa compagnie. Missionnés pour aller vérifier cette rumeur et prendre contact avec les voyageurs inconnus, ils vont tomber sur un os. Un gros os. Et ça va partir en vrille.
Eva Martin va nous raconter une histoire de colonisation vu par les colonisés (en grande partie), tout le bouquin repose sur le principe de poser une civilisation comparable à la notre comme les « barbares » d’une autre civilisation inconnue… qui va donc venir nous apporter la civilisation à grand coup de latte dans la gueule. Toute ressemblance avec des évènements réels seraient évidemment probablement complètement tout à fait fortuite. Nous allons suivre ça du point de vue du Capitaine Dacien, chef d’une compagnie militaire qui va voir tout ça arriver et mener sa petite troupe contre vents et marées dans tout ce bordel.

On pense beaucoup à La compagnie noire en lisant Miska, les lecteurices retrouveront ce même principe de petite compagnie militaire ballottée par des évènements énormes, et ce n’est probablement pas un hasard. Retrouver dans la troupe un duo de mages facétieux ressemble fort à un hommage aux inénarrables Qu’un-œil et Gobelin de chez Glen Cook. Cette facette du roman est réussie, on s’attache assez facilement à la bande à Dacien, chacun a sa personnalité et son petit rôle, on va avoir des petits nouveaux, des vieux briscards, des disputes et des rencontres. C’est vivant, c’est attachant et bien sûr ça va devenir déchirant (sans pour autant tomber dans le grimdark absolu, ça reste une compagnie sympa).
Le roman démarre volontairement sur une approche manichéenne d’un conflit, les autres ils sont méchants et on est les gentils et on va se défendre, mais au bout de quelques chapitres l’autrice nous emmène de l’autre côté en nous montrant que chez l’ennemi non plus, tout n’est pas si simple. Propagande, mensonges d’état, dissidences, les méchants sont peut-être pas tous méchants et les gentils pas tous forcément dignes dans leur tactique de défense. Ce brouillage des frontières va amener une histoire finalement nuancée et appréciable qui se lit avec plaisir de bout en bout, et nous réserve quelques surprises tout le long. C’est pas forcément très surprenant mais ça se lit sans déplaisir.
Le seul vrai reproche que j’aurai à faire au roman est qu’un bouquin d’aujourd’hui avec si peu de personnages féminins marquants ça fait bizarre. Le seul vrai personnage féminin du roman est Petite, une enfant, mais sinon on ne croise que des hommes (jusqu’à la toute dernière partie mais c’est un peu « trop peu trop tard »). C’est ironique parce que Dacien fait des remarques sur le fait que les envahisseurs traitent leurs femmes avec dédain, elles sont cachées et opprimées, c’est pas bien, regardez, chez nous les femmes sont libres. Mais on a beau regarder, on en verra pas trop. Alors est-ce que c’est volontaire ? Une critique sur le fait qu’on se croit super-progressiste alors que les seules femmes qu’on estime c’est les prostituées ? Possible mais alors assez maladroit… Je ne sais pas… Le nouveau roman de l’autrice se passe apparemment dans le même univers avec une femme en premier rôle, donc ça va sûrement se rééquilibrer, on a déjà vu des auteurs évoluer dans ce sens, et c’est cool !
Miska est donc un roman de fantasy assez classique et agréable à découvrir, avec un monde vivant, des enjeux, des personnages, de la tension et du badaboum. C’est assez prenant pour qu’on ait envie de découvrir ce que nous réserve Eva Martin pour la suite, pour un premier roman c’est convaincant sans être renversant, ce qui est déjà à saluer.
Couverture : Sébastien Annoni
Éditeur : Critic
Date de sortie : 3 Novembre 2023
Nombre de pages : 504
Prix : 24€ (broché) / 13,99€ (numérique)

De mon côté, je l’ai commandé ce livre après avoir lu le dernier roman de l’autrice que j’ai beaucoup aimé. Du coup ton avis arrive à point nommé et je suis ravi d’apprendre les qualités de ce texte. Je pense donc qu’il fera partie des derniers ou des 1ers que je lirai en cette fin/début d’année ^^
Merci !
Je l’ai dans ma liste depuis un bout mais j’ai jamais franchi le pas. Avec l’idée d’une compagnie attachante et ta critique je suis convaincu de passer un bon moment, merci se sera mon prochain achat.
J’ai lu son dernier roman et je l’ai trouvé sympa avec de bonnes idées (alors pour le coup dans de l’or dans les mains, tu seras probablement content de voir que les femmes sont plus présentes, au dela de l’heroine).