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Trois nuits, Mystery pas cosy

Après l’enthousiasmante découverte de Stéphane Arnier l’an dernier avec La brume l’emportera, nous attendions de pied ferme mais impatient sa nouvelle sortie. Voilà qu’elle nous arrive en ce mois de Novembre 2025, quand les ténèbres gagnent du terrain et qu’on lit à la lumière d’une petite lampe, avec le seul crépitement du feu comme bruit de fond. L’ambiance est là, plongeons dans la nuit. Ou les nuits.

Nabintu, Melanthius et Ishitey sont contraints par l’entité maléfique Keres à affronter trois défis. Par trois fois, iels auront une nuit pour décider de la culpabilité d’une personne après un meurtre. Si cette dernière est coupable elle devra mourir avant le lever du soleil, si elle est innocente elle devra survivre à la nuit. Si iels commettent une erreur, Keres dévorera leur âme. Mais Ishitey, Nabintu et Melanthius n’ont pas été choisi.e.s au hasard, les erreurs et les culpabilités de leur passé vont évidemment entrer dans la danse.

Trois nuits se déroule dans un univers fantasy à l’ambiance bien bien sombre qui m’a rappelé mes vieux souvenirs de Chien du heaume et sa suite, c’est âpre, intime, et installé par plein de détails savamment distillés qui esquissent l’univers sans jamais le déballer complètement. Le travail sur l’ambiance est hallucinant, mais il ne faudra pas s’attendre à avoir toutes les clés de l’univers, ni à connaître tous les tenants et les aboutissants de chaque élément du bouquin. Le cadre reste resserré sur nos protagonistes maudits qui doivent résoudre trois énigmes en trois énormes chapitres qui sont chacun une enquête, avec pour fil rouge le passé de chacun. Nous avons Nabintu, une paysanne sensible qui a perdu sa fille dans des circonstances dramatiques, Melanthius, un magistrat hanté par sa dernière affaire jugée, et Ishitey, une jeune guerrière nordique colossale, une survivante.

Chacune de ces « nuits » se déroulera de la même façon, Keres amène le trio sur le lieu d’un meurtre, leur désigne une personne qui est impliquée et iels ont jusqu’au lever du soleil pour décider si cette personne désignée par la créature est coupable. Là on suit une enquête en huis-clos, qui sera en grande partie faite d’interrogatoire du suspect ou de la suspecte, et un peu d’autres personnages. C’est de la psychologie, de la déduction, et quelques paris instinctifs risqués. Les enquêteur.ice.s en herbe ont chacun un caractère complémentaire puisque Melanthius a la méthode et la rigueur de l’homme de loi, Nabintu se repose essentiellement sur son empathie et son sens du contact, et Ishitey est la bourrine de service, ce qui a parfois son utilité.

Je ne vais pas dévoiler les détails de chaque affaire car leur découverte est évidemment un des intérêts majeurs de cette lecture, mais sachez que l’auteur réussit parfaitement à nous plonger dans ces enquêtes qui se déroulent chacune dans un lieu unique à l’ambiance bien posée. Grâce à un sens du rythme, une construction méticuleuse et un dévoilement progressif du mystère par des révélations successives, on est happé par ces énigmes humaines. Les faux-semblants, les mensonges, les erreurs et les vérités cachées dansent et se révèlent et on est toujours dans le doute, dans l’attente du « ah mais en fait non, il y a un truc qui cloche là ». Chaque affaire révèle un drame humain, presque banal, une erreur, une situation qui dérape et qui résonne avec le vécu de nos Hercule Poirot maudits qui ne sont évidemment pas là pour rien.

La narration est faite de chapitres très courts qui alternent les points de vue entre chacun.e des trois protagonistes, et ces personnages sont une des grandes réussites du roman. Leur caractère, leurs erreurs et leurs failles les rendent touchant.e.s et humain.e.s, complexes et nuancé.e.s. J’ai évidemment adoré Ishitey qui cache sous sa brutalité emportée un instinct affûté et qui joue de sa carrure pour faire pencher la balance mais sait laisser la place aux autres quand c’est préférable. Les deux autres ne sont pas en reste, le casting est parfaitement équilibré pour que chacun.e ait son moment, son rôle à jouer.

Trois nuits est une nouvelle réussite au palmarès de Stéphane Arnier, qui nous propose ici un triple « whodunit » en mode « Agatha Christie qui aurait dévoré un peu trop de films d’horreur ». C’est parfaitement construit et exécuté, c’est mystérieux, sombre, touchant et humain. Et quelle ambiance ! Parfait pour le début de l’hiver, n’hésitez pas !

Roman reçu de la part de l’auteur, grand merci monsieur.

Couverture : Brookesia Studio
Éditeur : PVH éditions
Nombre de pages : 270
Date de sortie : 6 Novembre 2025
Prix : 24€ (broché) / 9,99€ (numérique)

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