Shades of magic est le premier tome de la trilogie… Shades of magic, de V.E. Schwab
Après Sorcery of Thorns et Les libraires gauchers de Londres, j’ai continué ma série de lectures Young Adult avec Shades of magic de V.E. Schwab, série très populaire mais pour lequel je savais pas trop à quoi m’attendre. Et j’ai eu quelques surprises !
Kell est un mage de sang, un des derniers à pouvoir voyager d’un Londres à l’autre. Oui y’a quatre Londres qui existent en parallèle, et qui étaient reliés autrefois par la magie, mais après une catastrophe les portes ont été scellées, le Londres noir a été condamné parce qu’il est complètement parti en vrille, et les traversées rendues impossibles, sauf pour Kell. Fils adoptif du couple royal du Londres Rouge, il a le rôle de messager entre les mondes, mais il profite de ses voyages pour faire de la contrebande en passant des objets d’un monde à l’autre pour les collectionneurs. Un jour il fait passer le mauvais caillou, un caillou qui pourrait détruire le nouvel équilibre, un caillou que la jeune Lila va décider de lui piquer.
La première surprise que j’ai eu avec Shades of magic est que j’me suis fait avoir, parce que c’est pas du Young Adult, ou si, ou non, ou on sait pas. La catégorie Young Adult est souvent assez claire et assumée, mais y’a des bouquins comme ça ou personne n’est d’accord sur si ça en est ou pas. J’ai toujours cru que Shades of magic était du Young Adult, en France il est édité par une maison qui joue majoritairement dans cette cour-là, avec une couverture assez ciblée. Sauf que l’autrice dit que c’est pas du Young Adult, que certain·e·s lecteur·ice·s m’ont dit « c’est totalement du Young Adult », et d’autres « c’est pas du Young Adult », ou encore « Le premier est pas du YA, les suivants oui ». Personne n’est d’accord, et certains considèrent que ce que dit l’autrice on s’en fout. Donc c’est le bordel, donc je propose de cramer cette catégorie purement marketing qui a pour effet pervers d’isoler des lectorats de bouquins qui pourraient leur plaire sur l’étagère d’à côté.
Voilà, maintenant on va pouvoir parler du bouquin. Shades of magic est un roman de fantasy qui joue avec des mondes parallèles, donc, et il le fait avec style. Les quatre versions de Londres sont désignées par Kell via des couleurs, rouge, blanc, gris, noir. Le notre est le gris, bien sûr, parce que pas de magie et tout nul. Les autres vont chacun avoir une ambiance spécifique que V.E. Schwab installe avec beaucoup de talent, ses descriptions de chaque univers permettent de les distinguer et de donner à chacun une saveur particulière. L’autrice construit ainsi un univers solide, cohérent, tout en restant sur une échelle relativement petite. L’intrigue met un peu de temps à se mettre en place, et va se concentrer sur quelques lieux bien définis, parfois en plusieurs versions, mais on est loin d’une échelle de high fantasy quoi.
L’aventure de Kell va avoir des conséquences sur l’équilibre des univers, mais va aussi être très intime. Le casting est restreint, on a une dizaine de personnages à tout péter et ça donne une impression de lire une tragédie classique qu’on pourrait retrouver sur une scène de théâtre. Il y a une histoire de famille avec les parents adoptifs de Kell et son frère, le prince héritier Rhy, qui va prendre une grande importance dans les enjeux dramatiques du bouquin. Et bien sûr on a l’outsider Lila qui débarque du monde gris et découvre avec nous les règles de ces mondes. Mais contrairement à certains bouquins ou l’outsider ne sert qu’à subir et expliquer, Lila va foncer dans le tas, provoquer pas mal de choses, et se révèle finalement très active et forte.
Cette échelle contrôlée, ce casting restreint, ce multivers aux règles claires et bien établies, tout ça permet à V.E. Schwab de nous offrir une aventure tout à fait satisfaisante qui se concentre sur quelques leviers et se perd pas dans des sous-arcs narratifs. On va à l’essentiel et ça fonctionne vachement bien. Le bouquin se dévore, on s’attache aux personnages qui sont très crédibles et ont chacun un caractère et des enjeux propres, une bonne évolution et des interactions touchantes. Kell et Lila fonctionnent bien ensemble mais ont chacun leur chemin, et sont actifs tous les deux. La relation entre Kell et Rhy sera un des moteurs dramatiques de l’histoire, cette affaire de famille fonctionne très bien aussi. L’arc de Holland est tragique et Athos et Astrid sont délicieux en méchants tarés pervers. Tout ça donne un roman très agréable à lire, efficace, attachant, j’ai beau chercher j’y trouve pas vraiment de défaut…
Young Adult ou pas, on s’en fout. J’ai découvert Shades of magic grâce à ma petite session de lectures YA qui m’a fait sortir de mes cercles de prescriptions habituels et c’est comme ça que j’ai pu vivre cette aventure. J’en suis complètement satisfait, c’était fun, rapide, et touchant, un bon livre est un bon livre, quelle que soit son étiquette marketing, encore une fois.
Lire aussi l’avis de : Lianne (de livres en livres), Stéphanie Chaptal (De l’autre côté des livres), Dup (Book en stock),
Couverture : Charlie Bowater
Traduction : Sarah Dali
Éditeur : Lumen
Nombre de pages : 504
Prix : 15€ (broché) / 9,99€ (numérique)
J’attendais cet avis avec impatience et curiosité. Avant tout, je te rejoins totalement sur le genre YA ! En réalité tout peut être rangé dans cette catégorie et ce peu importe le genre littéraire principal de l’œuvre découverte.
Concernant ce premier volet que j’ai lu à sa sortie, je me souviens avoir apprécié ce roman pour son univers foisonnant et bien construit ainsi qu’un style vif et accrochant. Pourtant, je me souviens aussi que l’intrigue manquait parfois d’étincelle ou d’un je ne sais quoi pour que je sois totalement happé. Je n’ai d’ailleurs jamais lu les chapitres suivants.
Le premier est sympa, le 2e très bon, le 3e se casse un peu la gueule. Pour moi 🙂