Dans les publications SFFF anglophones récentes recommandées sur les toiles internetales, Senlin Ascends revient assez souvent mais son résumé me laissait dubitatif. Lui aussi couronné de la belle sucess-story « j’ai publié en indé pour être ensuite repéré par une maison d’édition qui m’a donné du pognon », Josiah Bancroft nous propose un bien étrange voyage.
Le premier tome de la série The books of babel nous présente Thomas Senlin, jeune professeur récemment marié qui décide d’accomplir un rêve pour son voyage de noces : Passer un séjour dans la tour de Babel, la plus grande merveille architecturale et technologique du monde. Le couple arrive donc de leur petit village au pied de la construction et se retrouve vite submergé par la foule, l’activité débordante et l’excitation de la nouveauté. Malheureusement, ils vont très vite être séparés, Marya disparait et Thomas se lance dans l’ascension de la tour pour arriver au troisième étage, leur destination initiale, dans l’espoir qu’elle aura trouvé son chemin aussi. Mais la tour de Babel va se révéler très différente de ce que toutes les brochures et bouquins leur avaient raconté.
Évidemment, cette fameuse tour de Babel est le cœur du roman, tout le concept repose dessus. Chaque étage est une ville à part entière, avec une ambiance et un fonctionnement spécifique et pour le moins bizarre. Je ne vais pas rentrer dans les détails parce que leur découverte progressive par le lecteur est un des moteurs de la lecture, mais je peux dire que ça tape violemment dans la dystopie surréaliste bien capillotractée. La suspension d’incrédulité est un des points subjectifs qui feront que vous aimez ou pas Senlin Ascends, moi-même je suis passé par à peu près tous les stades selon l’état d’esprit dans lequel je me trouvais à la lecture de certains passages. Ça allait du « Génial ! » à « Mais c’est trop débile, pourquoi les gens feraient ça ? ».
Le héros de Senlin Ascends est un autre élément-clé du roman, ce professeur réservé et cartésien va devoir se remettre en question pour accomplir sa quête. Attachant et rêveur, il a quand même souvent fait preuve d’une naïveté qui frise le ridicule, il faut l’avouer, mais il a une évolution intéressante. Thomas en prend vraiment plein la gueule mais il apprend de ses erreurs, il comprend au fur et à mesure les ficelles de cet édifice disproportionné et inhumain. Il devient finalement le point d’ancrage idéal pour naviguer dans ce foutoir souvent absurde qui, petit à petit, prend sens pour le protagoniste et le lecteur. Dans sa quête, Senlin va rencontrer pas mal de personnages secondaires auxquels il accordera sa confiance ou non. Au début on les voit défiler comme des bornes sur la route, mais ils reviennent quand même au bout d’un moment, à un certain point de bascule où le livre cesse d’être un défilé de scènettes pour enfin devenir une entité entière et cohérente. Ça arrive un peu tard, genre aux deux tiers du bouquin, mais ça arrive.
L’auteur place son intrigue dans une ambiance steampunk où tout rappelle l’époque de la révolution industrielle même si c’est un monde complètement différent. Les technologies, les rapports sociaux, les ambiances, on est clairement dans cette inspiration-là. C’est vraiment une lecture dépaysante qui change des thèmes un peu répétitifs de la SFFF même si j’ai mis du temps à y trouver une cohérence au-delà du délire social jusqu’au-boutiste. C’est vraiment dans son dernier quart que Thomas Senlin se réveille et passe du statut de spectateur ahuri à celui d’acteur qui prend son sort en main. C’est là qu’on sent quelque chose qui va au-delà du dépaysement rigolo et du surréaliste qui interpelle, au-delà de la princesse à sauver dans son donjon.
C’est pas mon fort, mais on peut aussi analyser l’œuvre d’un point de vue métaphorique et social, y déceler un discours en seconde lecture sur la construction même des sociétés modernes. Une révélation du dernier acte nous donne un éclairage sur la cohérence de tout ce qu’on a croisé auparavant, et donne une petite indication sur le mystère général de cette tour immense, sans pour autant nous livrer toutes les clés. Sans cette partie finale, je serais resté sur une impression de « mouais » mais Josiah Bancroft arrive enfin à faire prendre la sauce juste avant une fin un peu frustrante qui ne résout pas grand chose mais donne bougrement envie de choper la suite. C’est fourbe mais faut bien vendre le tome 2, hein.
J’ai passé un bon moment avec Senlin Ascends même si je serai pas aussi enthousiaste que beaucoup sur la toile. On a un monde dépaysant et intrigant, un héros attachant, une ambiance surréaliste, une plume très agréable, mais tout ça met du temps à se mettre en place et laisse un peu le lecteur en plan sur la fin. Donc j’attends de voir, mais si vous lisez l’anglais et aimez le bizarro-steampunk, ça se tente franchement.
Oui, ben déjà je n’étais pas franchement emballée. Maintenant, je suis certaine de ne pas m’y pencher. Ce n’est tout simplement pas mon truc. Du tout. Merci quand même.
Ouais c’est pas pour tout le monde. Je m’y suis finalement retrouve mais pendant ma lecture c’était les montagnes russes, parfois génial, parfois zarbi, parfois bof.
En fait c’est le coté dystopique qui ne me tente pas du tout xD
Je ne sais toujours pas si j’ai envie de le lire ou pas du coup 😛 Mais merci pour ton avis, au moins ça a éclairé un point important !
Perso j’ai vraiment adhéré, mais le côté « weird » m’avait rappelé Felix Gilman, donc je ne pouvais qu’aimer. 😉
Oui c’est vraiment une question d’affinité, pour le coup. La majorité des lecteurs a adoré ça.
Je crois que le côté surréaliste ne va pas du tout me convaincre. Sinon, je trouvais le concept sympa.