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Rogue One, Characters Zero

Bon, je ne vous ferai pas l’affront de présenter Star Wars en intro hein, partons du principe que tous ceux qui lisent ceci ont au moins vu la saga originale 5 fois. Après un Réveil de la force sous forme de doudou pour fan transi sorti l’an dernier, LucasFilm/Disney nous envoie un os à ronger en attendant l’épisode 8 : Rogue One, un spin-off se situant chronologiquement juste avant Un nouvel espoir.

Cet épisode souhaite nous raconter comment l’alliance a réussi à choper les plans de l’étoile noire qui servent à Luke Skywalker et ses copains. L’équipe souhaite manifestement faire un film proche de l’armée rebelle dans une histoire plus guerrière que tout ce qu’on a vu jusqu’à maintenant. Le pitch est simple, laissant présager une orientation « bourrin efficace » de l’ensemble. Jyn, l’héroïne qui nous est présentée ici (jouée pas une Felicity Jones extrêmement fade), se retrouve associée à cette mission pour des raisons toutes personnelles. A travers des péripéties variées en première moitié de séance, elle va se joindre à l’équipe de bras cassés qui constituera le cœur de l’escadron Rogue One et rencontrera son co-héros Cassian Andor (joué par un Diego Luna au charisme de poulpe séché), espèce de Han Solo de service maigrichon.

La première moitié du film, l’exposition, la présentation des enjeux et des personnages, est une succession de scènes montées à la truelle, enchainées trop rapidement, qui galère à être vraiment limpide et répète 400 fois l’évidence pour être sûr qu’on suive le scénario. Là je rejoins la presque majorité des critiques que j’ai lues, la première moitié est vraiment laborieuse, elle peine à nous intéresser à toute cette histoire de plans. Mais ce qui est encore plus dommageable pour moi, qui m’a ruiné l’ensemble du film (et pas seulement la première partie, notez bien), c’est ces personnages écrits n’importe comment. On ne s’attache jamais à aucun des héros, leurs motivations sont incompréhensibles, leurs dialogues peu inspirés, le jeu des acteurs fait le minimum syndical absolu. On se rend même compte qu’au final, l’héroïne n’a servi strictement à rien dans la trame globale du film, à part à faire deux « discours » qui frisent le ridicule.

Les deux seuls qui arrivent à tirer leur épingle du jeu sont Chirrut et Baze, les deux asiatiques intégrés à l’équipe qui arrivent à imposer leurs rôles et leur relation touchante même si, il faut l’avouer, le moine aveugle qui fait du kung-fu est un énorme cliché. Mais merde, Rogue One arrive quand même à rendre fades les deux énormes acteurs que sont Mads Mikkelsen et Forest Whitaker ! Leur jeu est charcuté par le montage, leurs personnages sont débiles (Saw Gerrera ne sert à rien et Galen est vraiment un imbécile). On a aussi droit à un androïde « comic relief » dont toutes les vannes tombent à plat, bravo.

Pour beaucoup, cet échec critique de la première moitié du film est rattrapé par la seconde partie. Et je suis désolé mais comme j’étais déjà complètement en-dehors des personnages, plus immergé du tout dans l’intrigue, j’ai passé toute cette seconde moitié à soupirer devant la débilité de tout ce qui se déroulait devant moi. Non mais faut avouer que Rogue One est peut-être la catastrophe militaire la plus ridicule de l’Alliance à ce jour. Les mecs sont des mercenaire entrainés mais tout ce qu’ils tentent échoue lamentablement, et pas parce que c’est difficile, non. C’est parce qu’ils sont nuls ! Personne ne couvre personne, ils se dispersent partout au hasard, ne défendent aucun point stratégique, ne planifient rien du tout (« t’as les plans du bâtiment ? », « Non mais on va bien trouver ça sur place »). C’est censé être un film de guerre dans l’univers Star Wars mais on a rarement vu escouade de soldats plus incompétente que ça au cinéma. Je pourrai faire une liste interminable de moments où je me suis demandé « Pourquoi ils font ça ? » mais ça spoilerait un poil trop.

Le propre d’un film de guerre est de proposer des moments d’héroïsme, de souffle épique, une scène où un troufion déloge un sniper en haut d’une colline après une course effrénée, soutenu par une musique grandiose. Mais Rogue One ne nous donne jamais ce plaisir. Ses soldats se contentent de tirer de derrière leur caisse (placées de manière très pratique autour de l’objectif). On assiste à des morts absurdes, à des fusillades ridicules sans aucune tactique. Tout le dernier acte du film m’a fait penser à un fan-fiction de « le technicien Orange m’installe l’ADSL » : Roger récupère la rallonge et la ramène à Marc qui la branche sur son terminal pendant que Francine lance un appel au QG pour qu’on ouvre la connexion, et Robert court pour appuyer sur le bouton (« Le bouton, Robert ! Le bouton ! », « Couvrez-moi alors ! » « Euh, non on prend le café là »). Pendant ce temps, Juliette doit récupérer la clé USB et envoyer un mail pendant que les techniciens du méchant empire SFR essayent de les en empêcher. Ça doit durer une grosse demi-heure et c’est foutrement long.

Peut-être que ça m’aurait happé si j’étais attaché aux héros, ou simplement si j’avais été un fan absolu de la licence. Parce que comme je l’ai dit dans ma critique de l’épisode 7, je ne suis pas un inconditionnel de la saga. Et ça explique peut-être mon détachement sur la seconde moitié, parce qu’elle joue le fan-service à fond, y’a des clins d’œil plus ou moins subtils direct aux épisodes suivants. Comme on est très proches de la trilogie originale, tous les vaisseaux, leurs visuels, leurs sons, sont les même que dans nos souvenirs mais sans l’effet carton-pâte. C’est d’ailleurs un point à mettre au crédit du film : même si c’est très charcuté dans le rythme, visuellement l’équipe a fait du très bon boulot. On a de superbes images, des panoramas splendides, des compositions soignées, des effets d’échelle impressionnants. C’est très joli et la réal’ essaye de trouver sa propre voie dans un film estampillé Star Wars. Malgré ses moments de malaise cérébral intense, la dernière partie du film présente des visuels à couper le souffle sur cette planète « soleil sous les tropiques ».

Pourtant Rogue One est un échec retentissant, avec ses personnages creux, son rythme foireux, ses scènes de guerre stupides. J’avais pas adoré Le réveil de la force, mais il avait eu la courtoisie de me distraire pendant la séance, je n’ai pas vu le temps passer alors que là je me suis emmerdé du début à la fin, trouvant le temps long et l’histoire pénible.

Petit détail rigolo qui m’a turlupiné pendant tout le film (ça spoile un peu les prémices du film mais pas les évènements en soi) : Si Galen Erso a pu envoyer un message holographique pour prévenir qu’il fallait trouver les plans de l’étoile noire… Pourquoi il a pas juste envoyé ces plans ? Ça fait 15 ans que c’est lui qui construit le truc, il les a pas sous la main ? Il a jamais pu les copier en douce ? Y’a pas de fonction « fichier joint » dans les hologrammes ?

Lire les avis de : Le cri du troll, Nicolas Winter (Just a word),

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Cet article a 13 commentaires

  1. Dionysos

    Je suis peut-être un peu plus inconditionnel de la franchise, mais je fais le même constat. 🙁

    On nous promet un film « one-shot » et il est extrêmement dépendant de l’épisode 4.
    On nous promet un film de guerre et, comme tu le dis, c’est une escarmouche complètement ratée qui tourne au carnage inutile.
    On nous promet un casting d’ampleur et, en effet, c’est le duo qui s’incruste dans le groupe qui est le plus porteur.

    Finalement, quel est l’intérêt du film ? Je me suis posé la question pendant tout le film (moins pendant la dernière demi-heure car le rythme y est plus soutenu) et franchement je n’ai toujours pas la réponse, car en fait je n’ai absolument rien appris à l’histoire de la franchise, puisqu’à la fin (ce n’est pas un véritable spoiler quand on a vu l’épisode 4) tous les « héros » de Rogue One meurent, d’un côté comme de l’autre.

    1. L'ours inculte

      Effectivement, du fait qu’on connait déjà la fin du film, le seul moyen de le rendre intéressant aurait été de faire des personnages mémorables, de l’épique monstrueux, et c’est pile ce qui est loupé. Sans ça il sert à rien.

      1. Dionysos

        Je me sentais un peu esseulé à lutter contre ceux qui me disaient « mais on s’en fout, c’est un blockbuster ! pourquoi aller voir un Star Wars si tu veux voir un bon film ? ». Merci pour cette critique donc. 😀

        1. L'ours inculte

          Mais de rien !

          Ouais, je suis aussi atterré quand j’entends ce genre de truc « Oui mais c’est un blockbuster, c’est pas grave si c’est débile, c’est joli ».

          1. Dionysos

            Exactement. Comme si en allant au cinéma, on ne cherchait pas d’abord à voir un bon film.

  2. Aelinel Ymladris

    Ta dernière remarque est très pertinente en effet! Je n’avais pas pensé à cela!
    Je vais écrire ma chronique aussi d’ici la fin de la semaine mais j’ai le même ressenti que toi pour la première partie et les personnages. En revanche, j’ai mieux apprécié la seconde partie. Après, je pense que ce film n’était pas vraiment nécessaire.

    1. L'ours inculte

      J’ai pas pu replonger dans la seconde partie, le film m’avait déjà perdu XD

  3. Apophis

    Ta critique rejoint l’appréciation de ma frangine : extrêmement cinéphile, elle a avoué que c’était la première fois qu’elle avait envie de quitter la salle en plein milieu du film…

    Déjà que je n’ai pas vraiment aimé l’épisode 7 (c’est à peine si je m’en souviens, c’est tout dire…), là clairement je me demande si je vais regarder ce film là. Pas sûr du tout. Et je me fais la même réflexion dans les deux cas : l’esthétique Star wars est toujours là, mais l’esprit n’y est plus. Et ce n’est pas le fait de nous balancer des spin-offs ou de nouveaux épisodes au rythme des Marvel ou quasiment qui va y changer quelque chose. Ni le casting ou les effets spéciaux. N’est pas Lucas qui veut, visiblement.

    1. L'ours inculte

      Je trouve pas que Lucas soit un génie à la base donc j’évite de le prendre pour référence, mais oui, tu sens quand même la grosse paluche de Disney par-dessus ça, avec la recette qu’ils appliquent déjà à Marvel (et qui foire de manière grandiose à quelques exceptions près). Peut-être qu’on aura aussi un chef d’œuvre accidentel sur SW, on peut toujours rêver.

      Je crois que la seule fois de ma vie où j’ai quitté le ciné au milieu d’un film c’était The Crow, la cité des anges, et ça fait 20 ans XD

  4. Lutin82

    Bon, je ne vais pas me précipité au ciné voir cet opus.

  5. Lune

    Ah maigrichon tu peux le dire.
    Bonne année 😉