Ah c’était vachement cool le premier fils-des-brumes ! Après une aventure pareille, j’avais hâte de découvrir la suite de la saga qui a consacré ce cher Brandon Sanderson. Cette suite, la voilà donc, Le puits de l’ascension est le second tome de la série, mais pour en parler je vais devoir spoiler un poil la fin du précédent, donc spoilers incoming. Ceux qui veulent pas se faire pourrir le premier roman doivent partir en courant, j’aurais prévenu !
Nous voilà un an après la fin de L’empire ultime, Vin a zigouillé le Seigneur Maître, Elend est désormais roi et Kelsier est toujours très mort. La vie change un peu à Luthadel, les skaas ne sont plus des esclaves et un nouveau mode de gouvernement est expérimenté, plus juste, plus égalitaire. Tout va bien donc, les enfants font des farandoles avec des fleurs dans les cheveux et les petits oiseaux chantent. Sauf qu’une armée se pointe aux portes de la cité pour y remettre une bonne vieille tyrannie, parce que les bisounours ça va bien cinq minutes mais faut être un peu sérieux là quand même. Puis la brume commence à se comporter bizarrement aussi, nos héros se disent qu’ils ont peut-être merdé un truc.
Le gros de l’histoire est donc le siège de Luthadel par les méchants, et la bande de malfrats qu’on suivait dans L’empire ultime est maintenant aux commandes du gouvernement, tous plus ou moins dans l’entourage du roi. On prends beaucoup de plaisir à retrouver les têtes connues du premier roman, Breeze, Ham, Sazed et les autres forment toujours une équipe complémentaire qui fonctionne à merveille même s’ils sont un peu éparpillés. On a même droit à d’autres personnages qui s’intègrent bien à la troupe, comme Tindwyl ou OreSeur qui amènent un peu de nouveauté à tout ça.
On suit l’évolution de tout ce petit monde, l’auteur travaille bien la progression psychologique de chacun, ce qui est une qualité indéniable. Jusqu’à un certain point quand même. Oui parce qu’au bout d’un moment, le bouquin commence à se trainer assez violemment, il est encore plus long que le premier tome mais il s’y passe beaucoup moins de choses. Résultat, on passe une grosse partie de notre temps à suivre des dialogues, des débats politiques sur la manière de gouverner, les doutes et les peurs des uns et des autres. Chaque changement de point de vue est l’occasion de nous étaler les questionnements intérieurs et les justifications personnelles interminables de chaque personnage et ça devient looooooong !
Vin apparait à peu près comme l’héroïne mais ne fait quasiment rien pendant plus de la moitié de l’histoire, elle passe son temps à se remettre en question et à douter de tout le monde (les psychologues appellent ça le syndrome de Fitz). Mais quand (enfin !) elle se décide à agir, évidemment elle se laisse influencer par la seule personne avec « psychopathe manipulateur » écrit sur sa gueule, elle fait n’importe quoi, se fait avoir comme une gamine de 5 ans et repart broyer du noir. Plus généralement, dans Le puits de l’ascension, tous les héros subissent les évènements. Les deux-trois fois où ils se décident à agir, ils se viandent lamentablement pour ensuite débattre pendant trois heures sur le sens de la vie.
Sanderson donne à son livre un côté très politique, on se pose des questions sur la liberté face à la sécurité du peuple (très actuel, n’est-ce pas ?), on parle de corruption ou d’idéalisme. Mais j’ai trouvé que c’était plutôt mal amené, sans subtilité et limite un peu naïf. Le peuple est clairement présenté comme une bande de moutons qui ne font rien, ils attendent le messie en pleurnichant pendant toute l’histoire. Les discussions à l’assemblée sont ennuyeuses et peu crédibles, les politiciens ne cherchent qu’à assurer leurs arrières, retournent leur veste sans arrêt et manquent beaucoup d’épaisseur. Ce nouveau terrain sur lequel s’essaye l’auteur ne lui réussit pas vraiment. J’ai rien contre une suite moins axée sur l’action et la castagne, mais les conspirations et la politique de Luthadel ne m’ont pas du tout convaincu.
De plus, on n’apprend pas grand chose de nouveau sur les systèmes de magie ou le background, mais on nous réexplique quand même tout, on nous détaille chaque pouvoir de chaque personnage, encore une fois, ou deux, ou trois… Quand Breeze utilise son pouvoir de « Soother » (je sais pas ce que c’est en français…), on nous réexplique à quel point il est subtil et talentueux. Quand Vin vole dans tous les sens en utilisant ses petites pièces, on passe encore 10 minutes à nous décrire chaque mouvement, chaque détail, alors que le combat en lui-même est limite anecdotique. On remet une deuxième couche sur l’histoire de l’ascension, mais pendant une grosse partie du bouquin on nous répète seulement à peu près tout ce qu’on sait déjà mais d’un autre point de vue.
Malgré tout le livre garde des qualités indéniables, surtout du point de vue de ses personnages : la progression du lien entre Vin et OreSeur est très bien menée, l’évolution d’Elend avec l’aide de Tindwyl convainc, Sazed, Clubs et Breeze gagnent en profondeur. On a vraiment du très bon boulot de ce côté-là. On aimerait parfois mettre quelques claques à Vin pour qu’elle arrête de douter de tout, à Elend pour qu’il se bouge un peu mais ils restent très attachants.
Finalement, dans tous ses aspects, ce livre est beaucoup trop bavard, il tient à tout nous expliquer en long, en large et en travers. Il nous étale les états d’âmes de tout le monde et à un moment, t’as envie de dire : c’est bon, Brandon, j’ai compris ! Passe à la suite ! Le tome précédant avait un peu ce côté « je me sens obligé d’expliquer tout et n’importe quoi », mais c’était largement compensé par le caractère fonceur et sûr de lui de Kelsier. Il mettait vraiment un peu d’action dans tout ça. C’est lui qui tirait toute la machine derrière lui, ça traçait et on se posait des questions après. Mais là, son absence se fait sentir.
Ce Puits de l’ascension déçoit. Malgré le plaisir de retrouver la team du premier tome, l’histoire globale se révèle peu intéressante et le texte est beaucoup trop bavard pour maintenir le souffle qu’avait L’empire ultime.
Lire aussi l’avis de : Boudicca (Le bibliocosme), Blackwolf (Blog O Livre), Xapur,
Même constat d’après ce que je vois 😉
Malheureusement… 🙂
Pareil chez moi. Grosse baisse avec ce tome 2 qui m’a tué avec ces atermoiements plein de guimauve entre Vin et Elend. Et puis c’est long, très long.
Le dernier tome relève le niveau, heureusement, mais sans renouer avec la qualité du premier, c’est bien dommage…
C’est interminable ! Du coup je vais attendre un peu pour le troisième, histoire d’oublier…