Ah, quel bonheur de retrouver la Compagnie Noire. Vite, dévorons ce nouveau tome ! Mais… Mais… Ils sont où ces cons ? Ils sont pas là… Ah zut, c’est vrai, La pointe d’argent est un spin-off de La Compagnie Noire, mais sans La Compagnie Noire (warning : si vous n’avez pas lu la première trilogie et avez une phobie du spoil, il serait bon de zapper cette chronique).
En effet, l’histoire de ce présent tome démarre après la fin du 3, les mercenaires ayant survécu à la bataille des Tumulus s’en sont allés vadrouiller vers le sud, laissant l’essence du Dominateur enfermée dans une petite pointe d’argent protégée par un arbre divin. Pas de bol, quatre petits malins parviennent à déjouer la surveillance du gardien et volent la pointe pour essayer de la revendre. Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est que la libération de cet artefact puissant allait attirer vers eux tout ce que le pays compte de sorciers et d’êtres malfaisants, en tête de liste on retrouve le Boiteux, dernier asservi fraichement ressuscité accompagné de Saigne-Crapaud le Chien.
On va également retrouver la Rose Blanche, qui va revenir en vitesse essayer de calmer tout ça avant que ça dégénère. La pointe d’argent fait le point sur tous ceux qui ne sont pas repartis avec Toubib (et ne sont pas morts) : D’un côté nous avons donc Chérie accompagnée de Silence, de l’autre Casier qui essaye de sortir Corbeau de sa cuite permanente, plus quelques surprises. Tout ce beau monde va converger vers les voleurs qui vont devoir redoubler de prudence et d’astuce pour que leur plan merveilleux ne leur pète pas à la figure. Ces quatre-là sont de nouveaux personnages qui fonctionnent très bien, Smed, Poisson, Timmy et Tully se retrouvent traqués et doivent jouer avec les forces et les faiblesses de chacun pour s’en sortir, et c’est pas tous de grands génies.
Glen Cook réussit encore une fois à poser une ambiance sombre et fataliste, à assembler toutes ses pièces en un piège hors de contrôle. Le lecteur appréciera énormément de retrouver certains personnages même s’ils ont parfois perdu en importance et en charisme par rapport aux livres précédents (Silence et Corbeau, deux de mes personnages préférés, m’avaient l’air un peu fades dans cette aventure). J’ai souvent eu un sentiment de déjà-vu en lisant certaines scènes à dos de baleines, ou les rencontres avec le boiteux, ou l’ambiance générale d’Aviron occupée. C’est agréable de retrouver cet univers mais j’avais l’impression que l’auteur revenait sur ses acquis avec un peu de facilité.
Pourtant ça fonctionne toujours aussi bien, il y a toujours cette efficacité et cette noirceur très maitrisée. La dynamique du groupe de quatre voleurs est un des points forts du roman, elle fonctionne à merveille. On est plongés avec eux dans leur merde, ils essayent de s’en sortir après avoir réalisé dans quel pétrin ils s’étaient fourrés. Ils vont devoir se cacher de l’armée, des sorciers, des rebelles, et essayer de se débarrasser de la pointe sans trop de casse. Ils vont devoir se faire confiance aussi, pas facile quand on est une bande de glands pas bien malins. Le personnage de Pépé le Poisson est certainement le plus réussi du livre pour moi, il reste très énigmatique aussi, on n’en saura pas beaucoup sur lui à part qu’il a la classe.
J’ai lu ce tome après la première trilogie, pourtant il est parfois présenté comme le sixième livre de la saga (notamment chez J’ai Lu). Au final vous faites un peu comme vous voulez, les tomes 4 et 5 (ou 5 et 6), Jeux d’ombres et Rêves d’acier, se passent en parallèle donc c’est au choix, Goodreads le fiche même comme tome 3,5. Pour ma part j’ai toute la série dans l’édition simple de L’Atalante parce que j’aime beaucoup ce format (qu’on retrouve aussi sur Alvin le faiseur, tiens faudra que je parle de cette série un jour…), mais vous pouvez retrouver la série dans des intégrales poche bien mastoc éditées par J’ai Lu, la troisième vient de sortir.
Malgré un petit sentiment de répétition et quelques personnages sous-exploités, j’ai beaucoup apprécié de retrouver l’ambiance de la compagnie noire dans ce spin-off qui se lit vite, j’ai maintenant bien envie de repartir vers Toubib et ses potes pour voir ce qu’ils deviennent.
Lire aussi ma chronique sur la première trilogie de la Compagnie Noire.