Dans l’ombre de Paris de Morgan of Glencoe a été une très bonne surprise dont la fin déchirante pousse le lecteur à se jeter sur la suite. Heureusement pour moi, j’ai commencé cette saga alors que le second tome sortait déjà, donc j’ai pas eu à attendre très longtemps pour retrouver cet univers (Je plains ceux qui attendent depuis un an, voire plus pour ceux qui ont découvert le premier tome en auto-édition).
Après la tragédie qui s’est déroulée dans les égouts de Paris, Yuri est ramenée aux côtés de son fiancé le dauphin de France. Déterminée à fuir sa prison dorée malgré tout, la jeune japonaise se tourne vers les Fourmis de la rame 5 et prend les choses en main. Elle défiera l’autorité de son père mais son voyage va aussi lui faire découvrir les secrets du passé, à propos de sa famille et de l’histoire de France. Cette suite nous fait donc quitter Paris à bord de la rame 5 du réseau ferroviaire, mais le Dauphin de France ne laissera pas sa promise lui être enlevée. Les intrigues de la cour poursuivront évidemment la princesse dans son voyage.
Le lecteur est toujours plongé dans ce XXe siècle uchronique où la monarchie est toujours en place. On se retrouve avec une quasi-urban-fantasy Arcanepunk dans un contexte original qui arrive également à installer un contexte politique solide. Le roi de France règne sur une grosse partie de l’Europe que nous connaissons, et fait partie de cette fameuse Triade où les fées, et la magie en général, sont méprisés, alors qu’en Keltia les humains vivent avec les peuples magiques et apprennent d’eux. Le réseau ferroviaire, indispensable à l’économie et aux relations internationales, dépend pourtant de Keltia, et les rames de ses trains offrent un asile diplomatique à Yuri.
Dans l’ombre de Paris avait réussi à nous attacher à une bande de fées et à nous immerger dans leur communauté, et dès le début de L’héritage du rail, on est heureux de retrouver Yuri, Ren, Trente-chênes, Pyro et les autres. Voilà bien le signe que l’autrice a réussi ses personnages, et c’est aussi une des principales qualités de ce tome 2. Morgan of Glencoe arrive à construire son casting, à le faire vivre et interagir, à plonger le lecteur au cœur de cette grande « famille » grâce à des dialogues vivants qui sonnent juste.
Grâce à un jeu de perspective et de motivations, on se retrouve avec des personnages qui sont rarement manichéens. L’autrice nous présente des points de vues différents qui permettent de comprendre les motivations de chacun, même quand les circonstances ou leur éducation les opposent. Ça permet aussi de rendre crédible l’évolution de certains personnages qui remettent en question leurs préjugés et leur allégeance en découvrant des perspectives nouvelles.
Le rythme de ce second roman est pourtant très différent du premier, beaucoup plus enlevé, j’ai terminé ma lecture en quelques jours car on enchaine les révélations et les évènements marquants sans temps mort. Porté par l’action et les personnages, on arrive à une fin qui éclaire beaucoup de choses sur le passé caché qui concerne directement Yuri, sur ces évènements familiaux dramatiques qui liaient Sir Edward, Mona, William, Kenzo et Gabrielle. Toute cette trame cachée qui nous est révélée depuis deux romans par petits indices, elle m’a impressionné par sa solidité, son tissage minutieux dans les fil de l’histoire, et aussi son côté tragique et touchant qui place l’humain au cœur des intrigues politiques.
L’écriture de Morgan of Glencoe est toujours magnifique, à la fois fluide et poétique, évocatrice et rythmée, on est portés par la prose dans une suite qui se révèle encore meilleure que le premier roman de cette saga. L’écriture, la solidité de l’intrigue, l’originalité de l’univers, la magie des personnages, mais aussi un rythme plus soutenu, et une protagoniste moins passive, tout ça rend L’héritage du rail déjà très très recommandable. Mais ce qui m’a touché le plus, et qui pose le roman comme une de mes meilleures lectures de l’année (ou de toutes les années de ma vie), c’est que La dernière geste est une lecture positive et bienveillante.
Qui n’a pas envie de ça en ce moment ? L’autrice met souvent en avant l’amour, la loyauté, la compréhension, le pardon. Ses personnages s’aiment et s’entraident, vivent les uns pour les autres et trouvent leur place dans cette grande famille. On a des moments de tendresse, d’échanges, d’émotions positives, qui sonnent juste, et qui te roulent sur le cœur, te marquent. Sans trop en révéler, la scène de la danse de Bran m’a vraiment secoué. C’est très agréable, et pas si courant, d’être renversé non pas par des tragédies et des morts atroces (même si tragédie il y a, quand même), mais par des émotions positives.
L’héritage du rail est sans aucun doute possible une suite meilleure que le tome qui l’a précédé. On passe d’une déjà très bonne saga à un tout autre niveau, à quelque chose qui touche et résonne, qui est positif et quasiment parfait. Je recommande donc à absolument tout le monde de commencer ou continuer cette saga maintenant, là, tout de suite, pendant que le monde devient fou là-dehors.
Roman reçu en Service Presse de la part de l’éditeur ActuSF, merci à eux.
Lire aussi l’avis de : Le chroniqueur (Les chroniques du chroniqueur), Laird Fumble (Le syndrome Quickson), Lisou (Les pipelettes en parlent), Aelinel, La geekosophe, Yuyine, Fantasy à la carte,
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Tu en parles si bien que je re-tenterai presque ! En tout cas, ça fait plaisir de te voir aussi ému ^^.
Je suis pas ému, j’ai une poussière dans l’œil !
T’avais calé sur le premier ?
J’avais lu l’extrait dispo sur amazon et je m’étais arrêtée à la scène dans le train qui m’envoyait trop de signaux YA du genre que je sais que ça va pas me gaver :D. Pourtant la 1è!re scène quand elle est petite était vraiment chouette, bien écrit et tout.
« Positif et bienveillant », les mots magiques ont été prononcés. Il faudra que j’essaye un jour du coup – mais vu le nombre de tomes restants à paraître, j’ai encore un peu de marge.
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