Il m’arrive régulièrement de recevoir des propositions de lecture de la part d’auteurs directement dans ma boite mail (bizarrement, jamais d’autrice ?), mais la plupart du temps c’est pour des bouquins qui n’ont strictement rien à voir avec mes goûts, ou me donnent très peu envie. Et là, en Janvier, je sais pas pourquoi, trois mails qui concernent des livres de fantasy intéressants ? Que se passe-t-il ? Alors on va y aller progressivement, le premier que j’ai accepté est Les voiles de Pélaque de Simon Drillat.
Pélaque est fils de pêcheur dans la cité d’Akros, lui est ses parents sont pauvres, triment comme des fous pour rien gagner, mais ça va, ils survivent. Mais sur un coup de tête, le roi du coin fait construire une digue pour « protéger » le port, mais du coup il coupe l’accès direct à la mer de tous les pêcheurs. L’avenir est déjà un peu mal barré pour Pélaque, mais de toutes façons il déteste la pêche et donc décide de se chercher un avenir ailleurs. En plus il déteste ses parents alors il s’en fout. Accompagné de son pote Achymée, il va chercher quelques bons plans dans la cité et rencontrera le riche Alceste qui pourrait le sortir de la misère avant que la ville ne s’effondre sous la guerre et la rébellion.
Les voiles de Pélaque a le bon goût d’être de la fantasy inspirée de l’antiquité grecque plutôt que du moyen-âge européen et ça c’est déjà assez rafraîchissant. Pourtant il ne doit sa place dans le genre de la fantasy quasiment que grâce à son monde imaginaire, parce que le seul élément un minimum surnaturel dans tout ça sera l’utilisation de minerai aux propriétés « magiques », même si on ne la verra quasiment pas en action. Le gros de l’histoire sera donc le récit de la vie (ou d’un morceau de la vie) du jeune Pélaque qui joue des coudes pour se faire sa place dans la société, forçant un peu le passage pour côtoyer du beau linge et en tirer les bénéfices.
Pour être honnête, heureusement que le bouquin est pas long, sinon j’aurai arrêté avant la fin. Je disais en intro que plusieurs propositions de SP m’avaient surpris en étant étonnamment pertinentes pour moi, au premier abord, mais pour ce premier essai, c’est raté. La raison ? Oh, pas de gros défaut objectif à déplorer, mais le choix bizarre de suivre un héros qui est une sacrée petite merde humaine. Oh, pas un anti-héros flamboyant ou un gredin au grand cœur, non. Juste un petit con arrogant et égocentrique. Pélaque est super énervant et j’avais régulièrement envie de lui foutre des claques, et ça a l’air intentionnel vu que plusieurs personnages secondaires lui renvoient ses défauts à la figure, mais ça rendait pas pour autant la lecture agréable.
Pélaque ne s’attache à personne, il utilise tout le monde. Déjà dès le début il nous fait bien comprendre qu’il déteste ses parents et sa vie avec eux, il vole à son père une partie des recettes de la pêche et tape un gros scandale quand son père trouve sa planque et récupère le magot (c’est trop injuuuuste). Y’a un passage hallucinant où il hésite à égorger son père puis finalement non, ça serait un peu trop d’emmerdes. Son seul « ami » est Achymée, l’archétype du sidekick balèze au grand cœur, mais on se rend vite compte que Pélaque se sert de son ami sans jamais lui rendre sa loyauté, ni montrer un minimum de reconnaissance, c’est juste « Achymée ferait n’importe quoi pour moi, embarquons-le dans nos combines quitte à le mettre en danger, brave copain, va ». Je vais pas tout raconter mais c’est ça tout le long, Pélaque n’agit que pour son intérêt, sans aucun lien émotionnel pour le lecteur ou la lectrice auquel on pourrait s’attacher. C’est juste l’histoire d’un p’tit con. Et j’ai détesté la lire.
Et donc notre héros au grand cœur va grimper les échelons sociaux en jouant l’arapède auprès de toute la noblesse qu’il va croiser, et ça va marcher à peu près. Bon, c’est l’échelle sociale des serviteurs qu’il va grimper, on va se servir de lui mais il va quand même côtoyer la belle noblesse d’Arkos, et il résistera même à de gros troubles politiques parce que ça aide d’être une petite fouine opportuniste. Et le roman se résume à ça, Pélaque qui fait l’anguille pour s’incruster dans les bons plans de la noblesse, sans jamais vraiment s’attacher. Il n’est ému de rien, d’aucune mort, d’aucun danger qui pourrait toucher ses « amis » et sa famille, pour finir sur une série d’évènements tragiques desquels il se tire avec un cynisme hallucinant, mettant un point final à cette épopée du nihilisme.
Peut-être qu’un autre public saura apprécier l’ambiance de ce monde d’inspiration grecque, les descriptions de cette société, des conflits sociaux et des moyens avec lesquels on peut s’en sortir. Mais si vous suivez ce blog vous devez le savoir, j’ai besoin de m’attacher à des personnages, à des relations, d’avoir de l’empathie pour plonger dans une aventure. J’aime aimer mes héros et mes héroïnes, je lis pour la bonne humeur, la positivité, l’héroïsme, la bravoure, les péripéties qui nous galvanisent ! Ce bouquin est peut-être un bon bouquin, mais c’est ma Némésis, c’est l’anti-ours, c’est l’opposé complet de ce que j’aime en fantasy. Peut-être que Simon Drillat m’a mal « profilé » avant de m’envoyer son roman, c’est dommage. J’ai longtemps hésité à l’écrire, cet avis, j’aurai pu envoyer un petit mail « désolé » à l’auteur et en rester là pour éviter d’être « méchant », mais j’avais aussi besoin d’extérioriser un peu, et de faire passer aussi ce message : Auteurs, autrices, faites attention à qui vous envoyez vos romans, cernez un peu les gens avant de leur proposer vos écrits.
Roman reçu en Service Presse de la part de l’auteur, merci à lui, et désolé pour cet avis qui est un peu rude.
Couverture : ? (aucun artiste crédité dans le bouquin)
Éditeur : éditions Maïa
Nombre de pages : 225
Date de sortie : 1 décembre 2022
Prix : 20€ (broché)
La plupart des auteurs qui démarchent par mail ne font aucune recherche préalable même s’ils t’envoient un mail générique avec la fameuse mention « j’adore votre blog et je pense que mon roman est fait pour vous ». La dernière en date était persuadée que sa romance était faite pour moi
Bref dommage pour la mauvaise expérience mais je ne te trouve pas rude ni méchant dans ta chronique. T’es honnête et tu rappelles bien que ce sont tes goûts à toi qui t’ont fait détester ce bouquin. Tu n’attaques pas le livre en lui même.
Merci !
Je sais pas s’il n’a pas lu mon blog ou s’il a pas compris quel genre de lecteur je suis, ou si juste il ne voit pas son propre roman comme je l’ai perçu ? Dur à dire
Espérons qu’il passe pour te donner la réponse ! Mais j’en doute hélas.
Je rejoins OmbreBones, c’est bien souvent mal ciblé. J’ai souvent eu des propositions où, chouette, on a mis mon prénom, la personne a cherché à savoir si mon blog peut coller à son roman ! Et… non. J’ai beau lire de tout, en terme de genres, je ne lis pas de tout en terme de récit.
Quant aux « Voiles de Pelaque », je comprends tour a fait que tu n’as pas apprécié, n’aimant pas moi-même ce genre de personnage. Que le héros commence en étant exécrable, pourquoi pas s’il évolue par la suite et qu’on a l’opportunité de s’attacher à lui. Exemple : j’ai aimé Scrooge ( » Un chant de Noël « ) presque dès le début car, tout de suite, on sent que cet horrible personnage a probablement un cœur en lui qui ne demande qu’à être ravivé. S’il avait été imbuvable du début à la fin, j’aurais pas aimé.
J’espère que les prochains SP que tu accepteras te correspondront mieux.
Je lis régulièrement ton blog, et j’ai pensé que tu pourrais être intéressé en toute sincérité. Maintenant, je suis navré que cette lecture ait été si difficile, mais je te suis reconnaissant d’avoir fait l’effort de répondre à mon SP et d’en avoir fait une chronique. Ce sont souvent les avis les plus mauvais qui permettent de progresser. Au plaisir.
Bon ça va, y’a pire dans la vie que ne pas apprécier une lecture 🙂
La en l’occurrence je ne sais pas si y’a vraiment quelque chose à améliorer dans le texte ou si tout ce que je décris est intentionnel et dans ce cas là, y’a que pour moi que c’est un souci, y’a rien à changer
« Ce bouquin est peut-être un bon bouquin, mais c’est mon Némésis » : je ne comprends pas cette phrase. Némésis est féminin et signifie la vengeance…la plupart du temps.
Nemesis à aussi comme second sens « ennemi ultime », et est souvent employé comme ça. Par contre pour le genre effectivement c’est peut-être féminin, c’est sûrement une erreur de ma part même si je l’ai souvent lu au masculin
Merci
J’ai déjà eu des propositions qui ne me correspondaient pas du tout, je décline toujours les SP : pas le temps, trop à lire, pas envie de contraintes, roman qui ne me correspond pas, qui ne m’attire pas…
Il est très difficile de cibler les goûts et les couleurs de chacun, même en fréquentant le blog régulièrement. Bon, si on ne se renseigne pas, là, c’est encore pire…
Je n’aime pas non plus les petits merdeux qui n’évoluent jamais, la vie réelle en est remplie, alors pitié, pas dans la littérature !! 😆
Quand un SP a l’air de le correspondre, je peux accepter selon la période. Si c’est un bouquin pas très visible et que je l’apprécie, ça me fait plaisir d’en parler
Oui, c’est toujours agréable de mettre en avant un roman qui n’aura que peu de visibilité et pas les têtes de gondoles.
Mais ça doit être rare, non ?
Clairement pas pour moi, ça !
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