Les rues de Mirinèce est le troisième tome de la saga Les mondes-miroirs, par Vincent Mondiot

On croyait que la série Les mondes-miroirs s’arrêtait, mais c’était sans compter sur ses créateurs qui n’allaient pas laisser un (autre) éditeur enterrer leur bébé. C’est ainsi que Vincent Mondiot et Matthieu Leveder (l’illustrateur) repartent dans la joie et la bonne humeur dans le monde de l’auto-édition pour nous proposer les prochaines aventures d’Elsy et Élodianne tout seuls comme des grands, après l’abandon de la série par Mnémos. Les rues de Mirinèce sort donc ce 6 Novembre, et on va voir si c’est cool.

De retour à Mirinèce après leurs récentes aventures, Elsy Valnitier et Élodianne Amdelin tentent de reprendre le cours de leurs vies respectives mais ça se révélera un peu plus compliqué que prévu. Élodianne se retrouve plus ou moins punie par sa hiérarchie et doit se coltiner les tâches ingrates, mais ça l’empêchera pas de poursuivre en secret ses expérimentations avec la magie des miroirs. Elsy, elle, se rend vite compte qu’on essaye de la buter, c’est peut-être parce que quelqu’un a mis un contrat sur sa tête, et c’est un peu contraignant alors elle va retourner la ville pour régler le problème.

Vincent Mondiot nous replonge habilement dans cet univers, il va subtilement nous donner quelques clés pour se remémorer les évènements des tomes précédents et nous proposer des enjeux qui en sont des conséquences directes. Cela nous donne une sensation d’ensemble très satisfaisante, mais il va aller plus loin et n’hésitera pas à renverser la table un bon coup. On sent qu’on est à un pivot et que les romans précédents n’étaient que l’apéro. Je vais pas trop en révéler, mais sachez qu’à la fin du bouquin, pas mal de choses vont changer et on attend le tome 4 avec grande impatience !

Ce troisième tome est tout de suite beaucoup plus proche d’Elsy et Élodianne, les enjeux de l’intrigue seront très personnels pour chacune, et c’est le gros point fort de ce nouveau roman. On redécouvre les deux sœurs à travers l’alternance de leurs points de vue respectifs, mais aussi pas mal de petits flashbacks qui vont revenir sur des moments clés de leur vie. Les rues de Mirinèce raconte, au fond, les trajectoires croisées de ces deux femmes que tout oppose mais qui sont liées malgré tout. Ce procédé et l’écriture des personnage nous permettent de comprendre la psychologie et le parcours des deux femmes, et c’est extrêmement bien exécuté. On s’attache énormément à cette élève studieuse qui deviendra une magicienne de talent grâce au sacrifice de ses parents adoptifs qui ont tout donné pour la sortir des quartiers ouest, et on adore suivre la bourrine de service qui rentre dans le lard de tout le monde et se rêve en héroïne over-bad-ass.

Les mondes-miroirs garde ce ton bourrin et rigolo qui donne une touche particulière à cet univers, ça s’insulte joyeusement et ça se fait des doigts d’honneur pour la forme, ça se gueule dessus sans arrêt. On se croirait parfois dans une cour de lycée mais ça correspond à un milieu populaire et violent qui nous est décrit, à ces amitiés forgées dans les bastons de rue entre adolescents. C’est dans ce tome qu’on comprend un peu plus tout ça, qu’on sent mieux la cohérence de l’ensemble puisqu’on voit d’où partent les personnages, et leurs chemins respectifs, les relations entre Elsy, Ohya et Basilien, entre Élodianne et les parents d’Elsy, etc… Mais c’est aussi fascinant de réaliser que Vincent Mondiot arrive à conjuguer ce ton bien rentre-dedans avec de vraies belles émotions qui nous arrivent au fur et à mesure, on est pris dans les aventures de ces personnages dont les destins vont être bouleversés à jamais.

L’arc d’Elsy va être assez direct, quelqu’un essaye de la tuer, elle va chercher qui au milieu de la pègre de Mirinèce et en même temps se foutre dans une merde pas possible. Elsy étant Elsy, c’est avec ses poings qu’elle va tenter de s’en sortir mais cette aventure aura des conséquences sur son entourage et ses relations au monde. D’un autre côté, Élodianne va nous amener à explorer encore plus cette fascinante magie des miroirs à travers ses expérimentations, toute cette structuration de la magie qui fonde la société est un des gros points forts de l’univers. C’est construit, cohérent, codifié et clair pour les lecteurices, mais ici l’auteur va pousser sa magicienne dans ses derniers retranchements et nous amène vers des révélations qui lient le système de magie et l’histoire du monde. Chacune est poussée par ses ambitions et son passé, et chacune va franchir un point de non-retour et faire tomber quelques barrières.

Le roman en profite également, entre trois insultes et deux bastons, pour nous parler de rapport de classes, puisqu’Elsy et Élodianne viennent d’un milieu très pauvre mais vont finir, chacune à leur manière, par se confronter à la noblesse dans des contextes différents. La violence des classes y est bien représentée, tout comme la violence domestique d’ailleurs parce qu’Elsy ne se prend pas des baignes que dans la rue.

Les rues de Mirinèce est un roman entier, une fantasy multi-facettes mais cohérente, originale, sombre, poisseuse, riche, fun et poignante. Si vous acceptez le ton un peu particulier de l’écriture, je ne peux que vous conseiller de donner sa chance à cette saga et de poursuivre au moins jusqu’à ce tome-ci qui lance vraiment les choses pour nos deux protagonistes.

Ce troisième tome est disponible en papier ou numérique directement sur la boutique en ligne puisqu’il sort aujourd’hui même (enfin, le jour de la publication de cette chronique quoi).

Roman reçu en Service Presse de la part de l’auteur, que je remercie.

Lire aussi les avis de : Dup (Book en stock), Fantasy à la carte,

Couverture : Matthieu Leveder
Éditeur : Auto-édité
Nombre de pages : 540
Date de sortie : 06 Novembre 2023
Prix : 23€ (broché) / 7€ (numérique)