Je continue mon avancée méthodique et ordonnée dans la collection Une heure lumière des éditions Le bélial, et je tombe sur la dix-huitième parution : Les meurtres de Molly Southbourne de Tade Thompson. Après le très bon Helstrid, j’espérais bien rester sur une lancée positive !
Molly a un petit souci. Quand elle perd du sang, ça crée des clones d’elle-même qui finissent par vouloir la buter. Faut avouer, c’est un peu gênant, déjà quand t’es petite ça fait bizarre, mais quand t’es une femme qui passe la puberté, tes règles deviennent un peu flippantes (ça doit déjà l’être un peu en temps normal). Mais heureusement ses parents l’ont préparée, il y a des précautions à prendre, des méthodes, et enfin il y a l’entraînement. Parce que fatalement, ça peut finir en baston, autant savoir se défendre. Mais Molly aimerait bien avoir une vie normale, elle va pas rester cloîtrée dans la ferme familiale toute sa vie, elle va aller affronter le monde quand même.
J’ai attaqué Les meurtres de Molly Southbourne un peu dubitatif, parce que bon, le double maléfique qui vient t’emmerder, ça va, on connait un peu. Mais pourtant, dès le début y’a un truc, une efficacité, une manière de viser juste et de maintenir le tempo sans jamais faiblir qui te fait bouffer le bouquin d’une traite. Oui, j’ai lu la centaine de pages de la novella en un heure et des bananes sans m’arrêter, déjà c’est un signe. Le fait est que Tade Thompson file comme le vent pour nous conter son aventure, saute d’une époque à l’autre pour nous narrer différents épisodes du combat de Molly, de sa petite enfance à ses études à l’université. C’est vif, efficace, carré. Et j’ai lu le bouquin dans cette optique-là, un trip horreur-fantastique frontal, mais on se rend aussi compte que l’auteur esquisse des choses en fond, sans jamais vraiment approfondir, ce que j’ai trouvé très chouette et intrigant. Par exemple on apprend qu’il y a, quelque part, un contexte SF qu’on effleure sans trop le dire.
Le livre n’en dit jamais trop, n’essaye pas de justifier son histoire (un peu farfelue) ou son univers, ne se perd jamais trop en explication. Cette culture du flou artistique permet aussi à la novella de laisser le lecteur libre de ses interprétations et ressentis sur le sens et le sous-texte. Personnellement je suis pas très adepte du triturage de cerveau pour chercher le sens profond d’une œuvre, mais avec cette héroïne, les thématiques du sang, du corps, du dédoublement, de la parentalité, de la féminité, de combattre et tuer son propre double, du corps issu de soi… Ouais, les fans de psycho vont partir dans tous les sens, on est à peine surpris de découvrir que l’auteur est psychologue… Mais moi j’vous laisse creuser, voici la pelle, voilà votre cerveau, amusez-vous bien. L’avantage c’est que cette richesse symbolique et thématique permet aux différents lecteurs de trouver des accroches multiples pour s’ancrer dans l’histoire.
Le livre termine sur un twist qui n’en est pas vraiment un, puisque tout le monde le voit venir depuis le début. Tout ce flou, cette prévisibilité, et même ces petites incohérences, ça pourrait devenir des défauts sur un texte moins maitrisé, mais ici c’est pas grave parce qu’il reste une impression extrêmement forte. Le lecteur gardera cette violence, cette rage, l’horreur corporelle qui reste tatouée dans notre mémoire. Maintenant on aimerait approfondir l’univers, toutes ces choses qui se cachent dans les coins, mais en même temps on a un peu peur, parce que cet équilibre fait aussi la force du petit livre. Si à trop vouloir savoir, on ne finira pas par se gâcher la beauté de cette claque fulgurante, ça serait dommage. Mais on le saura bientôt, parce que l’auteur va creuser le concept dans des suites.
Les meurtres de Molly Southbourne est donc un texte percutant de fantastique et d’horreur, esquissant un petit fond SF, d’une redoutable efficacité. Sa construction et sa richesse thématique le poussent bien au-delà du simple divertissement d’horreur, tout en ayant le bon goût de ne pas trop nous tenir par la main pour nous livrer ses secrets.
Lire aussi l’avis de : Célindanaé (Au pays des Cave trolls), Apophis (Le culte d’apophis), Aelinel (La bibliothèque d’Aelinel), Blackwolf (Blog O Livre), Boudicca (Le bibliocosme), Le chien critique, Elhyandra (Le monde d’Elhyandra), Lutin82 (Albédo), OmbreBones, FeydRautha (L’épaule d’Orion), Anouchka (Les notes d’Anouchka), Symphonie (L’imaginaerum de Symphonie),
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Pour ma part, je n’ai pas vraiment été convaincu par la lecture de ce livre. Pourtant, je me dis que j’irai certainement voir ce qu’il se passe dans la suite…
Je comprends qu’on adhère pas, faut le suivre dans son délire
Il est dans ma PAL celui-ci ! Ne reste plus qu’à lui faire un sort, j’aime bien le concept initial xD
Oui, ça se lit tout seul, hésite pas 🙂
Beaucoup aimé ce texte et je suis ravie de lire la suite prochainement. Dans pas trop longtemps j’espère xD
C’est prévu pour mai, on espère que la libération aura eu lieu
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Un brin dessus par la suite, mais c’est peut-être que la lecture de celui-ci m’avait trop marqué positivement.
« déçu » (il est temps d’aller dormir^^)
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Lu il y a quelques mois. J’ai aimé le style percutant. Mon compagnon l’a lu et apprécié aussi !
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