Les foulards rouges, Western sephora

J’ai été tenté de lire les foulards rouges parce que je trouvais le mode de diffusion très intéressant et innovant : Bragelonne s’essaye à la publication-feuilleton en numérique avec sa collection Snark et je trouve que c’est une ‘achement bonne idée. Les foulards rouges est donc une des séries suivant ce modèle, le premier épisode est gratos et chaque épisode suivant sera à 1.99 euros. Je salue encore une fois l’effort de l’éditeur sur l’expérimentation éditoriale et le numérique même si, vous allez voir tout de suite pourquoi, je me contenterai du premier épisode pour cette série, au moins j’aurai perdu que mon temps !

Lady Bang and the Jack, ce premier épisode, transpire l’influence complètement assumée de Firefly, la série mythique de Joss Whedon dont elle reprend le mélange Western-SF teinté d’ésotérisme asiatique. Son action se déroule sur Bagne, planète-prison désertique où sont balancés tous les détenus comme des vieilles ordures, où la société de criminels s’organise de manière autonome et un poil anarchique. Oui, un peu de Snake Plissken dans un grand bol de Fallout, secouez bien, servez, voilà.

J’ai trouvé le background et l’univers de cette série très bien construits et intéressants, les criminels se sont organisés selon des castes matérialisées par des foulards, rouge pour les mercenaires, rose pour les putes, blanc pour le judiciaire, etc… Bien sûr, la population carcérale étant une bande de gros dégueulasses, la seule alternative pour une femme qui débarque là-dedans, c’est le rose, toutes les femmes finissent soit morte, soit prostituée… Toutes ? Non, car notre irréductible héroïne gauloise résiste au dictat des macho-men environnants, elle a un foulard rouge, elle est bad-ass.

Lonesome useless cow-boy

Lara est donc un mercenaire dans un monde où une femme n’est jamais mercenaire, elle est présentée tout le long du bouquin comme une terreur virtuose des six-coups. L’histoire justifie cet espèce de passe-droit dont elle bénéficie, c’est plutôt bien vu et bien amené. Mon soucis principal c’est que ce personnage qui se veut femme forte ne fait au final pas grand chose de fort ou d’impressionnant. La première scène « d’action » présente un face à face entre Lara et une bande de meurtriers avinés dans une ville fantôme, imaginez une scène de western classique : le héros entre dans le saloon bondé de méchants, tension extrême, les sens en alerte et… Ben là rien, les malfrats en question sont tous ivres-morts et il ne se passe absolument rien d’héroïque, la scène se termine comme si on fermait une porte, la tension construite (plutôt très bien) retombe d’un coup et apparait comme superflue.

La deuxième scène d’action principale de Lara concerne une embuscade qu’on lui tend, où elle n’arrive à strictement rien à part être blessée et secourue par d’autres mercenaires qui passaient par là. Et encore une fois, toute la tension construite, l’impression que l’héroïne va nous faire étalage de ses talents tombe en eau de boudin. C’est vraiment con parce que c’est très bien écrit, les dialogues sont funs, l’univers bien introduit et le texte agréable à parcourir, mais l’intérêt d’avoir une héroïne forte dans une histoire de ce genre, une femme fatale dans un monde de brutes, c’est de montrer qu’elle se démerde et qu’elle a besoin de personne, et ici elle ne sert à rien et a besoin d’aide à chaque difficulté.

Zut, je m’ai cassé un ongleuh…

Mais je crois que ce qui m’a fait le plus sortir de l’histoire, c’est son côté midinette prout-prout. Lady Bang, ce personnage soi-disant fort, vit sur une planète-prison désertique et risque sa vie à chaque fois qu’elle fout le nez dehors, mais elle est obsédée par sa prochaine douche (qui semble être le grand enjeu dramatique de ce livre) et par la puanteur des badauds. Et en face on a Renaud, le foulard rouge, la légende, qu’on imagine très bien joué par un Apollon imberbe sortant d’une pub Gilette, qui fait tomber toutes les filles mais s’en fout complètement, cliché ambulant de bad boy pour adolescente, futur enjeu romantique à coup sûr.

Peut-être que mon seul tort dans l’affaire est d’être un mec, et que ce bouquin transpire la chick lit (même s’il n’est pas vraiment marketé comme tel). Et sans faire de sexisme ici, on sent un auteur féminin qui n’écrit pas pour tout le monde ou n’y arrive pas encore, à l’inverse d’autres auteurs comme Robin Hobb, Kathy Reichs, Marion Zimmer Bradley ou même Agatha Christie… Ou alors elle n’en a simplement pas l’intention (auquel cas c’est moi qui suit simplement pas au bon rayon).

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