Second roman de fantasy inconnu (de moi) que j’ai reçu en SP en ce début d’année, L’année sanglante est le premier tome des Chroniques de Domum, un roman qui est passé par la case financement participatif l’an dernier. Plongeons là-dedans.
L’empire Rhéique connaît quelques bouleversements, entre l’arrivée d’un nouvel empereur et une épidémie de peste qui se répand comme la peste, le conseil restreint qui gouverne plus ou moins à la place de l’empereur va avoir du boulot. Pourtant, dans les territoires les plus lointains, la révolte gronde chez les Féliens opprimés, et personne n’est à l’abri. Mais au milieu de tout ça, la sénatrice Héléna a un autre problème plus personnel : Sa fille a disparu et elle va engager un mercenaire pour la retrouver.
L’année sanglante est un roman de fantasy à points de vue multiples, on suivra tour à tour plusieurs personnages pour avoir une vue d’ensemble de la situation. Pour la gestion politique on va suivre de temps en temps l’empereur Donatien qui vient de débarquer et souhaite diriger l’empire un peu mieux que son prédécesseur, mais il va se retrouver confronté à son conseil qui veut faire un peu plus que le conseiller. En face on suivra un des membres de ce conseil, justement, pour cerner le conflit politique qui s’amorce. Nous avons également l’arc de Héléna qui cherche sa fille à travers la mission du mercenaire Archérius, et enfin nous avons un troisième grand arc sur Juventus et Antono, deux jeunes « Sikafiens » qui ont fui la quarantaine censée enrayer la peste et essayent de survivre loin de chez eux.
Et le premier constat est que… C’est un peu court. 200 pages pour raconter une histoire de fantasy à multiples points de vue qui se veut dense à l’échelle d’un empire, on arrive à la fin et on se demande toujours quand est-ce que ça va démarrer. Ce roman est plus une introduction à un univers mais on attend toujours que les enjeux se mettent en place, que l’histoire décolle et nous emporte. Ce n’est pas encore arrivé. Pourtant l’univers a du potentiel, un empire qui évoque la Rome antique ça change, y’a une ambiance qui arrive à se mettre en place, mais il manque une trame liante, pour l’instant on suit plusieurs petites histoires qui sont éparpillées mais aucune ne décolle jamais vraiment.
Pour rentrer dans les détails, on observe dans cette histoire une tendance à tomber dans quelques clichés du genre sans jamais vraiment arriver à leur donner de la saveur. Ce mercenaire bad-ass qui part chercher une fille de diplomate tombe finalement sur le pourquoi du comment, et c’était presque comique tellement c’est « vieux jeu » comme résolution. Le thème du racisme est aussi traité avec des gros sabots, les races non-humaines (comme ces races d’hommes-chats qui rappellent Elder Scrolls) sont opprimées, relayées dans des taudis et premières victimes d’une épidémie, les jeunes héros fuient à travers le pays en faisant face aux préjugés, etc… Mais y’a jamais de truc renversant, c’est assez convenu. J’aurai apprécié un aspect politique un peu subtil avec l’arc du conseil, mais encore une fois, ça finit dans les clichés un peu binaires avec un changement chez Donatien assez abrupt. Les chroniques de Domum est un monde fantasy prometteur qui pourrait accueillir des histoires plus intéressantes, des héros et héroïnes plus attachants, des enjeux qui prennent un peu plus aux tripes, mais on reste toujours sur du très basique qui décolle jamais vraiment.
En farfouillant le net, j’ai eu la surprise bizarre de tomber sur la page facebook d’un auteur qui explique qu’il a été « prête-plume » (ghostwriter) pour l’écriture de ce bouquin Les chroniques de Domum. Mathieu Lecoeur expliquant dans son kickstarter être dyslexique et ayant « du mal avec l’écriture et la lecture », on peut comprendre qu’il ait besoin d’aide pour la rédaction, mais il n’y précise jamais qu’il va engager quelqu’un pour l’écriture (avec les sous des backers je suppose), pourquoi ne pas plutôt créditer les deux auteurs ? Bref, ça manque de transparence, j’ai un peu de mal avec cette pratique pas très banale pour de la SFFF, d’autant plus quand je la découvre par des moyens détournés. C’est pas un secret, ou alors très mal caché, mais c’est pas vraiment explicite quoi.
Finalement, je ressors de ma lecture assez… Indifférent… Le bouquin est court, donc j’y ai passé que deux jours, mais je n’en garde pas grand chose. C’est de la fantasy, ça se lit. On attendra peut-être les bouquins suivants pour voir l’auteur (les auteurs) progresser et s’approprier tout ça pour livrer quelque chose de plus convaincant ?
Roman reçu en Service Presse de la part de l’auteur, merci à lui.
Couverture : Keller Pyle
Éditeur : auto-édité
Nombre de pages : 214
Date de sortie : 18 Octobre 2022
Prix : 14,99€ (broché) / 5€ (numérique)
Ce qui m’interpelle un peu c’est si l’auteur a du mal avec l’écriture et la lecture, pourquoi choisir de raconter son histoire sous ce format ? Il y en a plein d’autres qui auraient pu convenir. Y’a un paradoxe que je ne m’explique pas, si pas une absence éhontée de logique.
Et pour le prête plume je te rejoins, c’est une pratique qui existe depuis des siècles mais elle m’a toujours parue malhonnête… Alors si en plus il n’y a aucune transparence… Red flag.
Je suppose que tu peux aimer la narration littéraire tout en galérant à la lire et la produire, ça me choque pas plus que ça. Mais si ça amène à écrire le bouquin à 4 mains, je préfère que les deux auteurs soient crédités.
J’avoue que j’ai du mal à le concevoir mais soit. Un peu comme un auteur qui me dit qu’il ne lit pas, pour moi c’est incompatible. On ne peut pas écrire correctement si on ne lit pas.
Par contre oui totalement pour le crédit.
Là, pas tentée du tout ! :p
le fait que ce soit lent, est-ce que cela le rend longuet ?
Bon ben clairement je passe mon tour ici ^^ Effectivement ne pas du tout mentionner le prête-plume est un peu gênant….
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