Le voyages des âmes cabossées est la suite des Chevaliers du Tintamarre, suivez ce lien pour aller sur la page de la série.
Un an et demi après la sortie des Chevaliers du Tintamarre, Raphaël Bardas remet ça avec une suite intitulée Le voyage des âmes cabossées. J’avais hâte de retrouver Silas, Rossignol et La morue, c’est sûrement la bière et l’odeur de poisson, ça me rappelle ma ville natale. A moins que ce soit l’humour, la bonne humeur et la poésie pouilleuse qui se dégage de cet univers, je sais pas. Mais voilà donc cette suite entre mes mains, même si l’éditeur s’obstine à ne pas signaler les tomaisons de ses séries, ni même que ce sont des séries, voyons voir ce qu’elle nous réserve ici.
Les chevaliers ne sont plus chevaliers, le Tintamarre n’est plus tout à fait le Tintamarre, Silas, Rossignol et La Morue se sont éloignés, éparpillés dans leur vie. Mais quand un sinistre navire accoste à Morguepierre, qu’on tue des morts en ville, et qu’une femme recherche désespérément son amour d’enfance, les ex-chevaliers repartent à l’aventure ! Sans cheval mais avec un bateau chelou, sans titre mais plein de verve, ils vont voguer vers des contrées plus ensoleillées, ces coins où la chaleur vous oblige à faire la sieste, où les îles sont légion et les malheurs aussi.
Oui ! Ils sont de retour, nos piliers de bistrot favoris ! Les adeptes de galanterie fantasmée, de bières et de castagne se réunissent à nouveau pour une aventure folle. Ce second tome est riche et part dans plein de directions, on assiste à une odyssée qui va sillonner les mers au fil d’une histoire tortueuse. C’est la première chose qui frappe à la lecture de cette nouvelle aventure, l’histoire est dense et foutrement bien déroulée. Raphaël Bardas s’amuse même à la raconter en creux, parce qu’on est toujours du point de vue de Silas, Rossignol et La Morue, et eux ils y comprennent pas grand chose. Et ce jeu de perspective laisse planer des énigmes quand on croit comprendre quelque-chose, puis en fait c’était pas ça, puis en fait c’était toujours pas ça mais d’une autre manière. On s’amuse beaucoup et ça cache une mécanique narrative finalement complexe et maitrisée.
Et bien sûr, l’alchimie entre les personnages est tout bonnement délicieuse, les trois héros ont chacun une personnalité bien cadrée mais surtout un lien unique. La tendresse de Rossignol vers Silas, la bourrinitude de La Morue qui cache une fidélité sans faille envers ses amis, tout ça caché sous une nonchalance de façade qui ne trompe pas grand monde. J’aime cette ambiance de loufoquerie qui cache une sensibilité et une tendresse qui ressortent par-ci par-là, entre deux gueules de bois et trois bastons. Je reste un fan absolu de La Morue, boxeur pas bien malin dont les sorties me font toujours mourir de rire, simple, tendre et violent, têtu comme pas deux et refusant absolument la défaite. Sa « rencontre » avec le taureau est à la fois jouissive et très caractéristique du bonhomme. Au trio vont s’ajouter plusieurs personnages qui seront les pivots de l’intrigue. De Margaux l’amoureuse obsessionnelle à L’arquebuse, capitaine de navire maudit, on a un groupe solide dont les secrets se dévoileront au fur et à mesure. La perspective, encore une fois, nous mène pas mal en bateau face à ces personnages pas-tout-à-fait-secondaires.
Le problème quand on joue sur cet équilibre subtil entre l’absurde, les sentiments et l’humour parfois assez rentre-dedans, c’est qu’on peut facilement basculer d’un côté ou de l’autre en cassant la magie de la recette (et ce sera, comme souvent, subjectif). Même si le roman reste dans l’ensemble un grand moment de rigolade, d’élan épique plein de cœur et d’âme(s), on a quelques passages qui m’ont un peu sorti du délire par de rares situations moins subtiles, un peu plus « ouatezephoque ». Puis les chevaliers sont super-chauds du slip dans ce tome, ça fait de la galipette avec tout ce qui passe et j’ai presque trouvé ça dommage, ça gomme un peu les efforts d’émancipation de certains personnages féminins qui ponctuent effectivement le roman. Mais ces moments restent quand même minoritaires au milieu de toutes ces péripéties qui rythment le voyage, je chipote parce qu’on a dans l’ensemble toujours cette magie, ce ton si particulier qui m’emporte et m’attache à ces losers magnifiques.
De plus, derrière ces aventures souvent très réussies, Le voyage des âmes cabossées se permet d’aborder des thèmes de fond avec différentes lectures sur l’amour, la mort et la vie, le tout saupoudré de plein de clins d’œil à d’autre œuvres classiques. Entre des moulins volants, des chasses à la baleine obsessionnelles, des hommes envoutés et autres joyeusetés, Raphaël Bardas joue avec notre imaginaire et nos références pour réellement nous pondre son Odyssée à lui, sa grande aventure épique faite de confrontations divines, de leçons philosophiques et de bastons mémorables. Puis cette fin, qu’est-ce qu’elle est belle.
Le voyage des âmes cabossées est, à quelques détails près, une parfaite suite pour Les chevaliers du Tintamarre. Plus grandiose, plus loufoque, plus drôle, plus profond, plus épique, plus alcoolisé, plus sexy, il vous emportera dans ses aventures délirantes et son amour débordant, pour peu que vous soyez réceptifs au ton et à l’humour de l’auteur. Je les aime ces trois lascars, j’ai adoré le bouquin et j’en redemande. D’ailleurs, je demande : Tome 3 ?
Roman reçu en Service Presse de la part de l’éditeur Mnémos, merci à eux.
Et bien, c’est vraiment dommage que ça ne soit pas indiqué sur la couverture parce qu’avant de lire cet avis je n’avais vraiment pas imaginé qu’il s’agissait d’une suite.
C’est habituel chez Mnémos, pareil sur Chevauche-brumes ou Les mondes miroirs, ils considèrent que c’est des aventures indépendantes donc c’est pas des séries
Lol mouais, je pense que c’est plus pour appâter le nouveau lecteur qui se fera avoir en prenant un tome avancé et devra acheter les précédents quand il se rendra compte que c’est une suite.
Mais peut être que je suis trop pessimiste vis à vis du coté marketing des ME.
Et bien, me voici convaincue par ta gouaille au sujet de ce tome 2.
A vot’ service !
« qu’on tue des morts en ville » … Tu me perplexifies là ! 😀
Bon, c’était sûre que j’allais le lire, mais très très belle chronique qui donne très très envie ^^.
Ben oui, y’a des morts qui meurent ! 😀
Merci
Merci pour ta chronique L’Ours, acheté direct sur ma liseuse.
J’avais apprécié le premier tome mais effectivement j’avais déjà trouvé que l’humour et le ton faisant parfois pencher la lecture vers un côté un peu lourd. Je pense que ce second tome va aussi dans ce sens malheureusement et je passerai donc mon tour à mon avis.
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