Le bal des pépites est lancé ! J’ai toujours beaucoup de plaisir à découvrir les révélations de nos indés de l’imaginaire, l’an dernier nous avait amené un très beau Meute et 2023 sera pour ActuSF l’occasion de nous présenter Le silence des carillons d’un certain Édouard H. Blaes. J’ai ouvert ce roman sans même avoir lu le pitch, je suis joueur. Une chose est sûre, la couverture est jaune.
Ermeline Mainterre rêve de devenir une magicienne dont on se souviendra, elle veut que son nom reste dans les mémoires. Pour cela elle passe l’examen d’entrée pour intégrer le Beffroi de Tinkleham et être formée à repousser les spectres à l’aide de chants et de carillons, elle intègre donc la fameuse institution. De nouvelles amitiés, de nouveaux défis, des dangers inattendus, tant d’obstacles sur le chemin de l’ambitieuse jeune femme, mais le plus grand danger vient évidemment de là où on l’attend le moins.
Une jeune magicienne qui intègre une école de magie, bla bla bla, oui, évidemment ça rappelle l’autre sorcier super-connu, là… Oui, vous savez… Voilà, Agone ! Comment ça, pas celui-là ? Ah ! Kvothe ? Non, toujours pas… Attendez, je fouille ma mémoire… Magic Charly ? Je l’ai pas lu mais il parait que c’est super. Kellen ? Ah oui ! Anyelle aussi. Bon, on va pas s’en sortir, je vois pas. D’abord Le silence des carillons se passe dans une ville qui s’appelle Tinte-Jambon (Tinkleham) alors ça dépasse tout, tu peux pas test, c’est plus la peine de comparer. Et Ermeline ! Aaaah, Ermeline, quelle protagoniste, l’adolescence dans toute sa splendeur, son cerveau va à cent à l’heure avec une narration à la première personne qui balance de l’émotion brute sans ceinture de sécurité. Elle fascine, elle énerve un peu aussi, elle est à fleur de peau, elle aime et déteste en même temps et ça saute d’une émotion à l’autre, épuisant, fascinant, entier et vrai. Vous allez l’adorer ou vous allez la détester, je pense.
Avec elle nous découvrons donc le monde de Tinkleham, puisque l’univers d’Édouard H. Blaes se résume à une ville, pas parce qu’il est flemmard (quoique) mais parce que les habitants de la cité sont isolés du reste du monde par un dôme de brume qui les protège depuis toujours des vagues de spectres qui essaient de tous les exterminer. Personne n’a jamais vu le soleil, ou même d’autres villes, on hésite entre de la fantasy et du post-apo, ou de la fantasy post-apo, ou… Oui, voilà, c’est comme Highlander 2. Je sais que vous avez la ref, mon lectorat est cultivé, tout le monde le sait. Le premier rôle du Beffroi est de maintenir cette protection et de repousser les spectres grâce au chant des mages qui résonnent avec les carillons, chant qui ne doit jamais cesser pour garder la cité en sécurité.
Le bouquin se compose de 2 grandes parties, dans la première nous découvrons l’univers avec Ermeline, le Beffroi et son rôle, ses amis et le début de sa « scolarité », on est assez serein, on avance en terrain presque connu mais avec des choses inattendues par-ci par-là… Puis ça commence à chauffer, y’a du mort, du mystère et des enjeux qui décollent. Et paf tu bascules dans une seconde moitié qui retourne la table de ping-pong, et j’en ai déjà trop dit mais je ferai un piètre chroniqueur si je n’abordais pas ce double effet Kiss Cool.
L’auteur joue aussi pas mal avec l’archétype de la prophétie, vu que certains mages ont des dons de divination, mais les prophéties marchent un peu bizarrement, et j’ai honnêtement pas tout pigé à la logique du truc mais c’est rigolo. C’est peut-être un des petits défauts que j’ai trouvé au roman, y’a une super ambiance, une construction d’univers, un sens de l’image et de la narration, mais y’avait quelques trucs qui étaient pas franchement carrés dans la logique et la construction. Pourtant on y plonge avec plaisir, parce qu’Ermeline marque, parce que les personnages secondaires s’articulent bien et que l’univers fonctionne. On part dans une optique un peu Young Adult pour finalement plonger dans la souffrance et la mort avec supplément cornichons.
L’auteur explore sur le tard une autre problématique sur la fin qui justifie les moyens, sur ce qu’on sacrifie pour le plus grand nombre. Et là faudra s’accrocher si vous êtes pas trop partant pour des protagonistes qui font des trucs UN PEU DISCUTABLES, on se prend de la nuance de gris tendance sombre et de l’ambiguïté dans la face. Si j’apprécie l’intention, je suis pas très fan, encore une fois dans l’exécution ça manque un poil de subtilité. On a envie de prendre cette bande de presque-gosses à coup de gifles sur les 100 dernières pages, et de secouer l’autre pour qu’il arrête de se faire dominer par des gamins. Oh, gars, t’es grand, impose-toi un peu.
Mais quand même, Le silence des carillons est une belle découverte, une plume et un caractère qui laisse entrevoir de beaux romans à venir. J’ai trouvé quelques trucs à redire, quelques éléments qui m’ont pas convaincu, mais cette héroïne, cet univers, y’a quelque-chose qui marque, y’a une pépite qui commence à briller.
Roman reçu en Service Presse de la part de l’éditeur ActuSF, merci à eux.
Lire aussi l’avis de : Célinedanaë (Au pays des cave trolls), Zina (Les pipelettes en parlent),
Couverture : Zariel
Éditeur : ActuSF
Nombre de pages : 336
Date de sortie : 22 Février 2023
Prix : 20,90 (broché) / 9,99€ (numérique)
Merci pour ce retour qui m’a bien fait rigoler 😀 (Highlander 2 ? Fais gaffe, tu vas créer des attentes XD).
L’univers me tente vraiment beaucoup (une magie de carillons, j’adore l’idée), mais le côté dark academia/YA… moins. Et il y a le risque que je déteste l’héroïne ^^’. A voir.
Faut savoir être joueuse dans la vie 😀
Quand je vois ma PAL, je me dis que je le suis suffisamment XD. Mais je le tenterai à l’occasion ^^.
J’ai beaucoup aimé, j,ai trouvé le parti pris intéressant et surprenant.