Dans une autre vie, une folle jeunesse dépravée et insouciante, j’ai trainé mon clavier dans des cercles internetaux sombres et dangereux, je parle évidemment des forums de dessineux et bédéistes en herbe (oh, merde, il existe encore lui). J’ai pu y rencontrer des gens très très (très) cools et talentueux et faire le con dans les coins fanzine de salons BD. C’est dans ces contrées sauvages du web que j’ai croisé Augustin Lebon pour la première fois, et déjà le gars avait une obsession maladive : les westerns. Tout ce qui sortait de sa plume ou de ses crayons portait un chapeau et des six-coups, dans le genre mono-maniaque on faisait pas mieux.
Pas étonnant donc, des années plus tard, de le voir dégainer une BD dans son univers de prédilection, avec ses comparses Lylian au scénario et Hugo Poupelin à la couleur. Le diptyque, composé d’un premier tome « les diables déchus du Nevada » (sorti en 2012) et de sa suite « Chasse à l’homme », est maintenant complet. Pourtant ça n’a pas été de tout repos pour les auteurs, l’éditeur original (EP) a en effet fait naufrage et a été racheté par Paquet. Après toutes ces cabrioles juridiques et éditoriales, ce dernier réédite le premier tome et sort enfin sa suite, l’occasion de vous causer de cette BD qu’elle est cool. Bien sûr que non, je ne serai pas objectif, mais l’ai-je jamais été ?
Le révérend raconte l’histoire d’Angus Whitecross, chasseur de prime mystérieux que l’on surnomme « le révérend ». On va suivre ce sombre énergumène dans sa poursuite de criminels qui ne sont pas de simples têtes mises à prix, cette traque a quelque chose de plus personnel, un petit goût de vengeance. L’histoire ne révolutionne pas grand chose, c’est un western solidement arnaché aux canons du genre, mais elle en utilise les ficelles à très bon escient. Le personnage du révérend commence comme une figure mystérieuse et monolithique très classique, pour ne gagner en épaisseur et en personnalité que plus tard. Pour cette raison, on met un bon moment à vraiment s’attacher au héros, ce n’est qu’à la fin du premier tome qu’on découvre un vrai personnage, et pas une énigme sur patte. Ce début est lent, mais l’intérêt réside dans l’ambiance de mystère qu’il pose, un puzzle qui se met en place petit à petit, où le lecteur réalise ce qui se passe en même temps que les pauvres gars en train de se faire remplir de plomb.
Tout ça reste quand même assez froid au début (un reproche que je fais constamment au western, donc rien d’étonnant), ce n’est que dans le deuxième opus que ça décolle réellement, la série prend un peu d’indépendance et trouve son ton propre et surtout une certaine épaisseur dans ses personnages. Le retournement opéré en fin de premier tome nous permet de recentrer l’attention sur Angus et ses motivations, sur ses faiblesses et surtout sur son passé. Pour cette raison, à mon sens, la série gagne à être lue d’une traite, elle constitue un ensemble et perd un peu au découpage. C’est dans cette seconde partie que le révérend va douter, qu’on va réfléchir à l’utilité de la vengeance, au but d’une vie de violence et de rage. Le rythme est également beaucoup plus solide et maitrisé, la lecture est vraiment fluide et agréable.
Côté graphisme (oui, parce que c’est une BD quand même, y’a des images…), c’est du solide, Augustin Lebon s’affirme, maitrise son sujet et ses compositions. On découvre un style à la fois très classique, mais d’une personnalité certaine, à l’encrage sûr et tranché. Le travail de découpage est pêchu, je n’ai eu aucun problème de lisibilité de l’action. La couleur de Hugo Poupelin est sobre et très plaisante, dans des tons assez légers qui collent parfaitement au style du dessin, et permet d’installer une très bonne ambiance. Le côté visuel est une vraie réussite, Augustin arrive à pondre des « gueules » qui collent très bien à l’univers.
Le révérend est une très bonne BD dans son ensemble, brillamment construite, qui décolle vraiment dans son second tome. Les fans de western seront comblés, on y retrouve tout ce qui façonne le genre, tandis que les autres (comme moi quoi) auront simplement une BD réussie à se mettre sous la dent.
Vous pouvez lire les premières pages en cliquant sur la zolie image :
Je ne connaissais pas mais cette BD me tente bien ! Merci 🙂
Une chronique sur les albums de Gus, soit !! Mais par JP !! Le JP ?? celui du forum CdB ?? Mazette, quelle bonne surprise !!
Donc salutations en passant !! ^^
Wouhou ! Salut SkinR ! Ça fait plaisir 😀
Je crois que j’ai 10 ans de ton blog à rattraper…