La sortie d’un roman de Karim Berrouka se remarque, rien que par le titre, ça percute dans la tête. Le jour où l’humanité a niqué la fantasy ! Non mais évidemment que j’ai envie de lire un bouquin qui s’appelle comme ça, et si c’est l’auteur du Club des punks contre l’apocalypse zombie qui signe, j’y vais les yeux fermés.
Une prise d’otage dans une bibliothèque par un lutin qui gueule « vous avez niqué la fantasy ! », c’est déjà un peu bizarre. Le coup d’un soir d’Olga qui termine debout à poil sur le lit à foutre le feu à l’appartement avec sa bite, c’est pas banal non plus. Jex, Skrook et Pils qui vont jouer au Festival du gouffre et tous les locaux sont super-accueillants envers l’armée de punks qui envahit leurs prés pour faire la fête, c’est trop, y’a vraiment un truc qui tourne pas rond dans cette histoire. Et j’en resterai là pour l’histoire qui réserve tellement de petites surprises qu’il faut absolument le découvrir par soi-même.
Le jour où l’humanité a niqué la fantasy démarre ainsi avec plusieurs petits arcs narratifs fort loufoques. Le ton est donné, on retrouve avec plaisir la plume de Karim Berrouka, toujours merveilleuse de malice et de vannes bien senties. L’humour et la SFFF pour moi c’est compliqué, je suis pas très bon public, imaginez : j’aime pas les romans de Terry Pratchett (ooouuuuh, le nuuuul). Mais après Le club des punks et Le jour où l’humanité a niqué la fantasy, j’ai bien l’impression que cet écrivain tape pile dans ma zone de rigolage. Oui, ça existe, chut. L’humour vise juste, que ce soit les vannes frontales, les détails de l’univers, le sous-texte métarigolo où les clins d’œil au lecteur, tout fonctionne (chez moi) et je me suis régalé.
Mais tout comme son livre précédent, ce bouquin-là ne se contente pas d’aligner les blagues pour amuser le lectorat. Il y a ici un vrai effort sur la construction de l’intrigue pour que le lecteur reconstitue ce puzzle narratif au fil des pages et élucide cette grande énigme. Ça part vraiment dans tous les sens au début mais tout se met en place et on apprécie la construction de l’ensemble, plus fine qu’il n’y parait. On peut en plus y trouver en sous-texte un commentaire sur les littératures de l’imaginaire, on s’en doutait un peu, qui nous parlera des libertés créatives face aux dogmes et aux coincés du cul qui aiment « garder des portes ». Mais il n’y a pas que ça, parce qu’on peut trouver une petite réflexion derrière pas mal de passages, et c’est le lecteur qui picorera ce qui lui parle et en tirera quelque-chose.
J’aime aussi ces personnages joyeusement bourrins, fonceurs, qui passent pas 100 ans à pleurnicher où à se demander « qu’est-ce qu’on va devenir ?! ». Olga et Margo rentrent dans le lard, nos 3 amis punks foncent dans les problèmes la tête baissée quand il s’agit d’aider leurs amis, avec une désinvolture classieuse qui force l’admiration. Ils sont tous tellement funs ! C’est génial ! On a aussi un couple « d’inspecteurs de l’étrange » en Mulder & Scully timbrés sauce new-age. Et vous apprécierez certainement les quelques guests qui font leur apparition, mais gardons quelques surprises… On a plein de détails amusants dans cette galerie de personnages, comme le langage perché des non-humains (qui font penser à un Alain Damasio sous cacheton dans le texte).
Globalement, Le jour où l’humanité a niqué la fantasy fait dans l’Urban fantasy déjantée, ou peut-être dans le New Weird qui aurait fait une grosse soirée « cigarette qui fait rire » ? Je sais pas trop, faudra demander aux experts d’étiquetage. J’ai pensé à un Neil Gaiman complétement barré en tous cas. Tout ce que je sais c’est que c’est fort rigolo, c’est très rythmé et j’ai passé un excellent moment. Et derrière chaque blague, chaque situation absurde, chaque moment de joyeuse folie, il y a du fond.
Roman reçu en Service Presse de la part de l’éditeur ActuSF, merci à eux
Il me tarde de le lire 🙂
J’aime beaucoup tout ce qu’a écrit Karim Berrouka.
J’ai lu que le club des punks et celui ci, mais je vais me rattraper, j’ai commandé les autres
Sur le papier et dans le principe, ça a l’air très bien. Je ne sais juste pas trop si ça sera dans ma zone de rigolage, faudra que j’essaye.
Le rigolage est une science pas très exacte
Je vais le lire d’ici peu, ça me rassure, surtout que « Le club des punks » était vraiment sympa (et je n’accroche pas non plus à Pratchett ^^ )
Ça devrait bien se passer 🙂
Tu le vends bien et pourtant j’hésite. J’aime pas plus que ça Pratchett, en revanche Le club des punks a eu du mal à passer…
Qu’est ce qui t’as chiffonné sur le club des punks ?
J’ai pensé cigarette qui fait rire, je dirais même que tout le paquet y est passé ^^ mais j’ai ri aussi 🙂
Grosse soirée, ouais
Mon exemplaire s’est un peu perdu en chemin et mon impatience ne fait que grandir à chaque avis. J’adore l’humour de cet auteur et j’ai tellement hâte de lire ce titre!!!
C’est ce qui arrive quand on habite dans une dimension parallèle belge !
Non, j’espère que tu l’as reçu entre temps, bonne lecture
Jamais lu de Berrouka, mais il faudrait peut-être y remédier vu le bien que tu en dis !
Ça se tente
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Je suis en train de le lire et… autant j’adore Pratchett, autant là, j’avoue avoir un peu de mal ^^
Ouais, c’est compliqué l’humour
Ping : Le jour où l’humanité a niqué la fantasy – Karim Berrouka | OmbreBones
Comme Baroona j’ai des doutes sur ma zone de rigolage mais en même temps j’ai bien aimé ce que j’ai lu de Berrouka alors peut-être ^^