Ah, un petit David Bry qui débarque dans un bel emballage en édition reliée à la couverture magnifique, bien évidemment j’ai sauté sur Le chant des géants (#ComitePourLesHardbacksVF). Bon, j’ai sauté doucement, en prenant mon temps, il est sorti y’a 4 mois le bouquin, on fait c’qu’on peut ma bonne dame. Après les excellents Que passe l’hiver et La princesse au visage de nuit, il est toujours en forme le monsieur qui écrit ?
Les différents royaumes de l’île d’Oestant vivent en paix depuis… Hola, au moins 10 ans, un exploit. Malheureusement, quand Bran et Ianto, les deux fils du roi Arthus, échappent à une tentative d’empoisonnement à la cour du royaume d’à côté, on est repartis pour un tour. On va se bastonner avec le roi Lothar, mais sa fille elle est quand même super jolie alors Bran il est amoureux, la vie est compliquée. Évidemment, tout ça va devenir encore plus compliqué quand tout le pays se retrouve envahi par une brume surnaturelle qui engloutit les villages et leurs habitants. Toute cette tension, ça va pas aider les relations entre les deux frangins, Bran reconnait de moins en moins son ainé.
Comme à son habitude, David Bry nous emporte tout d’abord par l’atmosphère qu’il donne à son œuvre. On découvre un univers qui sent bon le beurre salé la matière de Bretagne mais avec une mythologie propre. L’île d’Oestant est considérée par ses habitants comme le rêve de trois géants endormis, et tout le système de croyance est basé sur les rêves de Baile, Leborcham et Fraech qu’on espère nous être favorables. Chacun des géants incarne quelque-chose, Fraech rêve de baston et d’héroïsme, Baile de musique et de mort, Leborcham de brouillard et de plaines. Tout ça s’intègre parfaitement aux motivations et aux valeurs des personnages pour nous rendre tout ça crédible, original et immersif.
Le pivot de l’histoire sera la relation entre les deux frangins, et tout nous est raconté du point de vue de Bran, le cadet. Son frère est l’héritier et lui est le bon vivant, le musicien qui apporte la joie dans les soirées à la taverne avec sa flute. On va assister par son intermédiaire au changement qui s’opère chez son frère Ianto. Bran est suivi comme son ombre par son protecteur Caem, le dévoué, le vaillant. Ajoutez à ce petit groupe la fille du roi rival dont Bran tombe amoureux et vous avez la recette d’une bonne vieille tragédie des familles. Parce que Le chant des géants rappelle les tragédies classiques par certains côtés, le héros valeureux, l’amour impossible, la mécanique implacable qui enferme les personnages dans un piège inextricable. Oh ça pourra en refroidir certains, parce qu’il y a un côté désuet à ce coup de foudre sorti de nulle part, cet amour binaire maudit, et un côté over-dramatique, mais j’ai aimé ce petit retour aux fondamentaux, même si aujourd’hui y’a beaucoup de choses qui nous semblent bien exagérées là-dedans.
Mais du coup, quand on capte un peu l’ambiance, on voit venir pas mal de choses. On sait que ça va pas se finir dans la joie et la bonne humeur, on s’attend à du gros drame avec option larmes par bidons de 10 litres, le « twist » de Caem est même archi-téléphoné. Mais ça fonctionne aussi parce que ces personnages sont quand même sacrément attachants, j’ai aimé lire la joie de vivre de Bran qui redonne du baume au cœur, l’amitié entre lui et Caem, sa relation avec son frère qui évolue mais évoque toujours la nostalgie de la complicité du passé, et Sile qui est ballottée dans ces intrigues mais fonce dans le lard quand même. L’univers mythologique amène quand même une surcouche d’originalité et une profondeur à tout ça, et permet de garder quelques mystères sous le coude qui, eux, ne relèvent pas de la tragédie intimiste.
Les lecteurs et lectrices de fantasy pourraient s’attendre à ce qu’on approfondisse cet univers, qu’on creuse un peu plus, mais en fait on reste très en surface, on garde beaucoup de chose dans la brume pour se concentrer sur le petit manège des protagonistes. Mais j’ai beaucoup apprécié ça, qu’on reste dans le mystère jusqu’au bout, ça apporte une aura énigmatique à l’ensemble qui lui donne une personnalité, pour moi. Mais on a quand même quelques moments d’action, de la petite baston héroïque pour nous propulser à travers les mots et on file dans ces 300 pages en une paire de jours le rythme est soutenu, ça ne s’arrête jamais vraiment.
Encore une fois, David Bry nous propose un récit à la fois original et ancré dans des références très classiques, mais avec un talent pour l’ambiance et la mécanique narrative qui nous emporte avec beaucoup de facilité. Trois romans, trois réussites, donc oui, il est toujours en forme, monsieur David Bry. Et joie, il me reste encore Le garçon et la ville qui ne souriait plus en stock.
Lire aussi l’avis de : Yuyine, Sabine (Fourbis et Têtologie), Dup (Book en stock), Célinedanaë (Au pays des cave trolls), Sometimes a book, Zina (Les pipelettes en parlent), Zoé Lucaccini (Zoé prend la plume),
Couverture : François-Xavier Pavion
Editeur : L’homme sans nom
Nombre de pages : 320
Sortie : 5 Mai 2022
Prix : 24,90€ (relié) / 9,99€ (numérique)
Ravie que tu aies apprécié ce roman que l’on a porté en avant pendant le « Mois de » David !
C’est là que je vois que je suis archi bon public… malgré les signes précurseurs je n’ai absolument pas vu venir le twist de Caem.
Haha, pourtant d’habitude je suis celui qui voit rien venir XD
Moi je vois toujours tout venir, téléphoné ou non. Du coup, ça ne me dérange plus tellement! Et je suis dans la team Hardbacks en français!
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Il faut absolument que je le lise, celui-ci, je vois passer beaucoup d’avis positifs !
Merci pour la découverte, je ne l’avais pas vu passer. Le côté Bretagne m’attire pas mal, il faut bien l’avouer ^^
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