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La moitié d’un roi, la galère du manchot

Joe Abercrombie est surtout connu pour sa grimdark fantasy grinçante avec l’univers de la Première loi, dans lequel il a pondu 6 romans et un recueil de nouvelles. Le voir s’attaquer à quelque chose de tout neuf a quelque chose de rafraichissant, c’est donc avec une grande curiosité que j’ai ouvert La moitié d’un roi, premier tome de la trilogie La mer éclatée.

On y suit les aventures de Yarvi, fils cadet du roi du Gettland. Le jeune homme ne brille pas dans cette société glorifiant la force et l’esprit guerrier car il est tout frêle et surtout il a une main malformée, l’empêchant de pratiquer normalement le maniement des armes ou toute autre activité physique. Régulièrement moqué par ses ainés et ses camarades, il se réfugie dans l’étude et se destine à devenir ministre, les conseillers et médecins des rois (Les mestres de Games of Thrones, si vous voulez). Heureusement pour lui, son frère ainé est le successeur du trône, lui évitant de devenir le roi le plus tout pourri du monde. Enfin, ça c’était la théorie, puisque son père et son frère sont assassinés et il se retrouve comme un idiot à devoir porter la couronne, juste assez longtemps pour être trahi et laissé pour mort. La moitié d’un roi est l’histoire de son retour. Après avoir touché le fond, Yarvi va s’entourer d’une bande de voyageurs improbables pour essayer de se venger et récupérer son trône.

Joe Abercrombie se base sur une trame relativement simple (Le come-back du héros laissé pour mort, le voyage initiatique) pour présenter un univers proche de l’imagerie viking et nous raconter le voyage d’une troupe d’aventurier à travers ce monde-là. Il se calme un peu sur le dark mais garde quand même une bonne dose de baston et de dialogues percutants pour qu’on reconnaisse sa touche inimitable. Il a toujours ce talent pour poser des personnages mémorables. Yarvi n’a rien d’un guerrier mais son épopée va le faire grandir et lui faire découvrir ses points forts. Ses compagnons de routes sont tous attachants et ont chacun une personnalité marquée, le vieux Rulf, le costaud Jaud, l’intrépide Sumaelle, ou le très mystérieux Personne, ils constituent un groupe cohérent qu’on prend plaisir à voir évoluer et discuter.

Présenté par beaucoup comme « Joe Abercrombie fait du Young Adult », on se rend vite compte que l’auteur joue avec l’image de cette catégorie puisqu’il part quand même d’un gros cliché pour ado (l’orphelin, la quête initiatique, tout ça) et d’une trame simpliste pour faire tourner en bourrique son lecteur. Il pose petit à petit un univers complexe sous les grosses ficelles, et cache aussi des surprises les unes sous les autres pour rythmer la progression de l’histoire. Il agite sous notre nez un coup de théâtre qu’on voit venir de très très loin pour nous en abattre un second sur le coin de l’oreille sans qu’on le voie venir, il joue avec les trahisons et les « coupables », il contourne les stéréotypes avec lesquels il s’amuse, et livre au final une histoire ludique, rythmée et surprenante où on se laisse embarquer sans problème.

Petite parenthèse, j’ai toujours du mal à voir l’intérêt de différencier le Young Adult et la littérature pour adultes… Moi à 14 ans je lisais du Michael Connelly, du Stephen King et du Graham Masterton. Mon cerveau n’a pas explosé devant tant de complexité, j’arrivais à m’attacher à des héros adultes, à des héroïnes ou à des retraités, j’arrivais à m’immerger dans des histoires qui parlaient d’autre chose que de quête initiatique et de « les adultes me comprennent trop pas ». Et pire que tout, à plus de trente ans j’arrive à me plonger dans un roman étiqueté « Young adult » s’il est bien fait. La raison ? C’est juste un bon bouquin. Je suis pas un expert en édition et je dis peut-être une énorme connerie, mais cette classification a l’air de faire plus de mal que de bien en rejetant son public adulte. Elle me donne souvent l’impression de confondre l’âge du héros et l’âge du lecteur, avec parfois des histoires qui semblent prendre cette cible pour des neuneus mono-neurones.

La moitié d’un roi est tout simplement un bon roman d’aventure, Joe Abercrombie nous  réserve assez de surprise pour garder le tempo et nous embarquer dans une odyssée vengeresse très réussie.

Lire aussi l’avis de : Blackwolf (Blog O Livre), Audrey (Too Many Books), Herbefol (L’affaire Herbefol),

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Cet article a 8 commentaires

  1. Sylphideland

    Salut !
    Une chronique qui rejoint tout à fait ce que j’ai pensé : c’est un livre divertissant, de la bonne fantasy abordable qui cache, derrière ses airs de simplicité, un monde beaucoup plus complexe qu’il n’y parait 😀
    Comme toi, j’ai du mal avec cette appellation de « Young Adult » O.O Si on suit le schéma de certaines définitions, Harry Potter ne serait-il pas du YA dans ce cas ? J’avoue que je ne comprends pas toujours … 😛
    J’aime beaucoup ton blog, ton humour, ta perspicacité, change rien t’es génial !
    Bonne journée :3

    1. Merci !

      Ah ben je crois que Harry Potter est bel et bien du YA de toutes façons…

      1. Sylphideland

        ^^

        Je me disais pareil, que c’en était, mais récemment une « spécialiste » m’a assuré que non, Harry Potter ne pouvait pas être du YA :O Entre ceux qui disent oui, et ceux qui disent non XD
        C’est comme dans tout hein, on n’est jamais vraiment totalement d’accord 😛

        Tchuss !

        1. Les discussions sur les étiquettes c’est sans fin, c’est comme ceux qui se disputent pour savoir si la horde du contrevent c’est de la SF ou de la fantasy… On s’en fout tant que c’est bien… XD

  2. Reik

    Ça m’a l’air bien intéressant
    Joe Abercrombie est un auteur talentueux, et en plus l’inspiration viking pure et dure est assez peu utilisée en fantasy je trouve (sauf chez les géniaux Scott Oden et Snorri kristjansson).
    Très bonne chronique.

    1. L'ours inculte

      Merci !
      J’ai justement du Oden et du Kristjansson dans ma PAL 😀

  3. Sabine C.

    Je cherchais par quel roman découvrir cet auteur et je crois bien avoir trouvé :D. Merci ! ^^